Et si le CAC 40 était déjà surévalué ?

Par Ivan Best  |   |  612  mots
L'indice CAC 40 et l'indice PMI France
C'est la question que pose la banque JP Morgan. Les entreprises du CAC 40 sont certes très internationalisées, mais leurs bénéfices sont corrélés avec la conjoncture française, très mauvaise, soulignent les analystes

Le CAC 40 n'est pas l'indice européen qui a le plus grimpé, depuis le « trou » de mars 2009. Loin de là. Le CAC a certes gagné 48%, mais c'est moins que les actions allemandes (+112%), celle des Pays Bas (+74%) ou de Belgique (+66%). La France se situe en dessous de l'indice MSCI Eurozone, qui a progressé de 56%.
Le CAC 40 va-t-il donc rattraper son retard ? Et progresser fortement dans les mois à venir, après de maigres performances depuis le début de l'année ? Les analystes de JP Morgan Cazenove ne le croient pas. Et ils soulignent un fait original, la forte corrélation entre l'indice phare de la Bourse de Paris et la conjoncture française. Celle-ci étant particulièrement mauvaise, le CAC en serait impacté.

Les groupes du CAC 40 ne réalisent que 32% de leur activité en France
Un tel lien peut sembler très curieux : les groupes du CAC 40 ne sont-ils pas largement internationalisés ? Et donc de moins en moins dépendants de la conjoncture française ? Total ne réalise que 23% de son chiffre d'affaires en France, Axa 21%, LVMH 11%... Selon les analystes, les groupes du CAC 40 considérés globalement affichent un chiffre d'affaires hexagonal limité à 32% de leur activité. En outre, seuls 20% des groupes figurant dans l'indice sont fortement dépendants de la France, y réalisant plus de la moitié de leur chiffre d'affaires. Il s'agit de groupes comme Bouygues, Vinci, Crédit Agricole, EDF, Unibail, France Télécom. En revanche, le marché français est marginal, ou presque (moins de 12% du chiffre d'affaires), pour EADS, Michelin, Danone, PPR Sanofi, Lafarge, Technip, Vallourec, Essilor, Gemalto....

Une corrélation entre le CAC et l'indice PMI
Bref, très peu de lien, apparemment, avec les soubresauts de l'économie française. Or, en réalité, il existe une connexion très nette entre le CAC 40 et la situation économique hexagonale. Ou plutôt, il existait jusqu'à ces derniers mois. Les analystes de JP Morgan montrent bien à quel point le CAC 40 était corrélé avec l'indice PMI des directeurs d'achats, qui reflète parfaitement l'évolution à venir du PIB. Or, depuis ces derniers mois, cet indice s'effondre, l'économie française étant proche de la récession (l'écart entre le PMI français et la moyenne des pays de la zone euro n'a du reste jamais été aussi élevé, en défaveur de la France), tandis que le CAC 40 a progressé de 17% sur un an (cf graphique).

Un décalage qui va évoluer
Même phénomène entre le bénéfice par action (des titres du CAC 40) et l'indice PMI. En dépit d'une internationalisation croissante, les bénéfices des grands groupes français restent étroitement liés à la croissance du PIB de l'hexagone. La corrélation était évidente... jusqu'à ces derniers mois.
Comment ce décalage inattendu entre la Bourse et l'économie réelle va-t-il évoluer ?
Alors que la France est le seul pays de la zone euro où l'effort budgétaire imposé serait plus élevé en 2013 qu'en 2012, la consommation, dernier soutien de la conjoncture française, risque de flancher, estiment les analystes. Comme cela a eu lieu partout ailleurs en Europe. Du coup, le PIB français serait plutôt orienté à la baisse. Et les prévisions affichées par certains analystes d'une hausse de 15% des bénéfices par action (sur les exercices 2013 et 2014) pour les groupes du CAC 40 apparaissent en conséquence très exagérées, aux yeux des experts de JP Morgan.
Du coup, sans afficher une prévision à la baisse pour le CAC 40, ils laissent entendre qu'il risque fort de chuter dans les mois à venir.

L'indice CAC 40 et l'indice PMI France