Le fonds souverain libyen accuse la Société Générale de corruption

Par latribune.fr (avec AFP)  |   |  453  mots
Le fonds reproche à la banque française d'avoir versé au moins 58 millions de dollars à Leinada, une structure basée au Panama et dirigée par un proche du fils de Kadhafi.
Les investissements détenus par la Libyan Investment Authority (LIA) dans trois fonds de la banque française, pour un montant d'1,8 milliard de dollars, ne valent plus que 1,05 milliard de dollars. L'autorité libyenne demande à un tribunal londonien de déclarer ces pertes "nulles et non applicables car résultant d'un système frauduleux et corrompu".

Une partie des lourdes pertes subies par le fonds souverain libyen seraient imputables à la Société Générale. Et la banque française serait coupable non pas de simples erreurs ou négligences, mais bel et bien de corruption. C'est ce qu'affirme la Libyan Investment Authority (LIA) devant le tribunal de commerce de Londres, qui a tenu mercredi 12 novembre une audience préliminaire dans cette affaire.

Des investissements pour 1,3 milliard d'euros

Créée en 2006 pour gérer les revenus pétroliers du pays, la LIA a investi des milliards de dollars pendant la deuxième moitié des années 2000 dans divers produits financiers proposés par des banques occidentales. Parmi celles-ci, la Société Générale, dont trois fonds comptaient des investissements de l'autorité libyenne pour un montant d'1,8 milliard de dollars (1,3 milliard d'euros).

Leur valeur s'étant effondrée fin juin 2010, n'atteignant plus que 1,05 milliard de dollars, la LIA, dont la direction a changé après la chute du régime de Mouammar Kadhafi il y a trois ans, demande au tribunal de commerce londonien de déclarer ces pertes "nulles et non applicables car résultant d'un système frauduleux et corrompu".

58 millions à un proche du fils de Kadhafi

Le fonds reproche notamment à la banque française d'avoir versé au moins 58 millions de dollars à Leinada, une structure basée au Panama et dirigée par Walid Giahmi, un proche de Seif al-islam Kadhafi, fils du leader libyen.

Selon la plainte déposée à Londres, ces paiements ont été justifiés comme effectués "en contrepartie de supposés services de conseil" portant sur l'investissement par le fonds libyen de 2,1 milliards de dollars (1,7 milliard d'euros) dans des obligations émises par la Société Générale et plusieurs de ses filiales entre fin 2007 et mi-2009. Or, 'il "n'existe aucune indication prouvant que la société Leinada a effectivement produit des services légitimes en relation avec les transactions incriminées", affirme la LIA, ajoutant que la banque française n'avait "nul besoin d'aide" en conseil financier.

1,5 milliard de dollars de dédommagement

La Société Générale a rejeté ces allégations "dénuées de fondement" et affirmé qu'elle défendrait "ses intérêts avec la plus grande fermeté". Le fonds libyen pour sa part réclame 1,5 milliard de dollars (1,2 milliard d'euros) à la Société Générale, à trois de ses filiales, à Walid Giahmi et à l'entreprise panaméenne.

D'après une récente estimation du cabinet Deloitte, les actifs de la LIA s'établissaient à quelque 66 milliards de dollars au 31 décembre 2012. Le fonds poursuit également la banque américaine Goldman Sachs, à qui il réclame 1 milliard de dollars lors d'une audience préliminaire distincte début octobre.