En faillite, la banque Hypo Alpe Adria ne peut pas honorer 8 milliards d'euros de créances

Les créanciers, parmi lesquels le franco-belge Dexia et les allemands Commerzbank, Deutsche Bank et GDV, ont annoncé vouloir s'engager dans une voie contentieuse pour récupérer l'intégralité de leurs créances.
L'Autorité financière autrichienne a chiffré à 8 milliards d'euros le passif net de l'ex-banque publique régionale Hypo Group Alpe Adria en faillite, dont 6,4 milliards de créances garanties par la province de Carinthie

L'Autorité financière autrichienne a chiffré dimanche à 8 milliards d'euros le passif net de l'ex-banque publique régionale Hypo Group Alpe Adria (HGAA) en faillite, dont 6,4 milliards de créances garanties par la province de Carinthie, laquelle estime ne pas pouvoir honorer cette somme. Les créances prioritaires de Heta, la structure de défaisance créée en 2014 pour gérer le passif de HGAA, ne pourront être couvertes qu'à 46%, soit 4,7 milliards d'euros, et les créances de second rang (900 millions d'euros) ne seront pas honorées, selon la FMA.

En comptant les intérêts, gelés depuis le 1er mars 2015, et qui ne pourront pas être versés, les dépréciations s'élèvent au total à 6,4 milliards d'euros pour les titulaires des 11 milliards de créances garanties par la Carinthie. Ces sommes correspondent aux prévisions des analystes. Elle-même fortement endettée, la petite province de Carinthie a affirmé qu'elle ne pourrait pas rembourser les sommes pour lesquelles elle s'était portée garante à l'époque où elle était dirigée par le leader populiste Jörg Haider.

Dix ans de procédures judiciaires en perspective

L'Autriche avait proposé cet hiver un rachat amiable de cette dette pour un peu moins de 75% de sa valeur, avec en prime une émission préférentielle de bons d'Etat, une offre rejetée par les principaux créanciers de Heta le 11 mars. Ces créanciers, parmi lesquels le franco-belge Dexia et les allemands Commerzbank, Deutsche Bank et GDV, ont annoncé vouloir s'engager dans une voie contentieuse pour récupérer l'intégralité de leurs créances.

L'Etat autrichien, qui a déjà injecté 5,5 milliards d'euros dans la banque au fil des ans, a assuré à plusieurs reprises qu'il ne viendrait pas au secours de sa province, quitte à ce que celle-ci dépose son bilan si la justice donne raison aux créanciers. Le ministre des Finances autrichien, Hans Jörg Schelling, a prédit le mois dernier quelque "dix ans" de procédures judiciaires.

Hypo Alpe Adria victime de la crise financière de 2008

Hypo Group Alpe Adria avait littéralement explosé en vol lors de la crise financière de 2008, après avoir multiplié les investissements hasardeux à l'époque où la Carinthie était dirigée par Jörg Haider. Le passif de HGAA est le premier en Europe à être géré selon le nouveau Mécanisme de résolution unique (MRU), l'un des piliers de l'Union bancaire. Selon l'agence APA, les dépréciations ont été limitées à environ 54% du passif grâce à ce mécanisme, contre 65,2% s'il n'avait pas été mis en oeuvre.

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Commentaires 4
à écrit le 11/04/2016 à 20:11
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Puisqu'elles sont au passif, ce sont des dettes et non des créances.

à écrit le 11/04/2016 à 9:57
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Pourquoi les créanciers ont refusé la proposition de l'Autriche pour quand meme 75% des sommes dues ? Si elles avaient accepté alors elles auraient dû passer ces pertes dans leurs résultats et surtout consommer des fonds propres pour compenser les...

le 21/04/2016 à 9:56
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L'impact résultat et donc fonds propres a déjà été pris via les provisions pour créances douteuses...

à écrit le 10/04/2016 à 21:36
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Si le nouveau Mécanisme de Résolution Unique des crises bancaires est si favorable à leur résolution, on ne parlera bientôt plus de ce petit problème, non ? On devrait rire...

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