Les banques chinoises nagent en plein paradoxe

Les cinq premières banques au monde sont chinoises, et leurs rivales des pays occidentaux s’inquiètent de cette concurrence croissante. Pour autant, des signes de fragilité conduisent les investisseurs à sanctionner le secteur bancaire chinois, en Bourse.
Christine Lejoux
Avec 3.420 milliards de dollars d'actifs, Industrial & Commercial Bank of China est la première banque du monde.

Petit quizz : quelle est la plus grande banque du monde ? Un établissement américain, êtes-vous sans doute tenté de répondre, compte tenu du poids des Etats-Unis dans l'économie et la finance mondiales. Perdu. La plus importante banque au monde est chinoise. Avec 3.420 milliards de dollars d'actifs, Industrial & Commercial Bank of China (ICBC) arrive en tête du classement publié le 13 avril par S&P Global Market Intelligence. Mieux, les trois places suivantes de ce palmarès reviennent également à des établissements de l'Empire du Milieu, contrôlés, comme ICBC, par l'Etat. China Construction Bank et ses 2.826 milliards de dollars d'actifs arrivent en deuxième position, suivis d'Agricultural Bank of China (2.740 milliards) et de Bank of China (2.589 milliards).

Vient ensuite Mitsubishi UFJ Financial Group (2.458 milliards), qui, comme son nom l'indique, est japonaise et non chinoise, mais conforte la prédominance de l'Asie dans les toutes premières banques du monde. L'Américaine JPMorgan ne pointe en effet qu'au septième rang, avec 2.351 milliards de dollars d'actifs, devant BNP Paribas (2.165 milliards), Bank of America (2.144 milliards) et le Crédit agricole (1.845 milliards).

Deutsche Bank et JPMorgan tirent la sonnette d'alarme sur la concurrence chinoise

Ce classement fait écho aux inquiétudes récemment formulées par des dirigeants de banques de pays occidentaux au sujet de la concurrence des établissements chinois. « Non seulement les banques européennes ne parviennent pas à faire jeu égal avec leurs rivales américaines, mais elles sont de surcroît menacées par des acteurs d'autres pays, notamment de Chine, où la taille du marché donne aux banques locales des possibilités que nous n'avons pas », a ainsi regretté Jürgen Fitschen, co-président du directoire de Deutsche Bank, le 11 avril, lors d'un colloque organisé par la fédération bancaire allemande. Quatre jours plus tôt, c'est Jamie Dimon, le patron de JPMorgan, qui, dans une lettre aux actionnaires de la première banque américaine, avait mis en garde contre les velléités des candidats à l'élection présidentielle - républicains comme démocrates - de réduire encore la taille des banques, afin que les contribuables n'aient pas à passer à la caisse en cas de faillite bancaire.

Faute de taille suffisante, le secteur américain des services financiers perdra son leadership mondial, « vraisemblablement au profit de banques chinoises », écrit Jamie Dimon. De fait, dans les métiers de BFI (banque de financement et d'investissement), tout au moins en Asie, la montée en puissance des banques chinoises est spectaculaire, alors que leurs concurrentes américaines cèdent du terrain. Les premières représentent désormais 41% des opérations de financement et de marché dans la région Asie-Pacifique, soit 11 points de plus environ que les secondes, d'après une étude de l'institut Bruegel publiée au mois de mars.

Une industrie bancaire chinoise valorisée 0,64 fois ses fonds propres

Pour autant, tout n'est pas rose pour les banques chinoises. En 2015, leurs résultats ont progressé au rythme le plus faible depuis dix ans. ICBC a vu son bénéfice croître de 0,48% seulement, l'an dernier, à 277,1 milliards de yuans (38 milliards d'euros). Idem pour China Construction Bank, dont le résultat a grappillé 0,1%, et pour Agricultural Bank of China, avec un bénéfice en très légère hausse (+0,62%), Bank of China faisant à peine mieux (+0,74%). Ces contreperformances, à des années-lumière de la moyenne de +40% encore en vigueur il y a trois ans, résultent en grande partie de la hausse des provisions pour créances douteuses. En effet, si les banques chinoises sont les plus importantes au monde en termes de bilan, c'est parce qu'elles ont énormément prêté, ces dernières années.

Or, du fait du ralentissement de l'économie chinoise, dont la croissance de 6,9% en 2015 a été la plus faible de ces 25 dernières années, les banques sont confrontées aujourd'hui à un retour de bâton, la fragilisation des entreprises industrielles jetant le doute sur leur capacité à honorer leurs dettes. Le taux des créances douteuses est ainsi passé de 1,19% à 1,58% chez China Bank Construction, en l'espace d'un an. Il a même bondi à 2,39% chez Agricultural Bank of China, contre 1,54% un an plus tôt. Résultat des courses, les « Big Four » du secteur bancaire chinois ne valent plus en Bourse que 0,64 fois leurs fonds propres. Un multiple qui représente une décote de près d'un quart par rapport à celui auquel se traite l'indice MSCI World Financials. Les banques chinoises, des colosses aux pieds d'argile ?

Christine Lejoux

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Commentaires 5
à écrit le 07/05/2016 à 14:17
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Il faut s'élever au dessus des ratios ..."ICBC a vu son bénéfice croître de 0,48% seulement, l'an dernier, à 277,1 milliards de yuans (38 milliards d'euros)." Cela reste quand même correct comme bénéfice ... !! Mais seulement ...!!!!!LOL

à écrit le 21/04/2016 à 8:05
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la chine s est reveille, mais vas connaitre comme les pays capitalistes les memes problemes de surproduction et d abus de leurs elus, mais elle s en sortiras car elle evolue tres tres vite???

à écrit le 19/04/2016 à 14:04
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Un peu tout et n'importe quoi dans cet article. De quoi parle-t-on lorsque l'on parle de banque ? A ne pas le définir on mélange torchons et serviettes. Ensuite la capitalisation boursière ou les actifs sous gestion sont-ils le meilleur moyen dévalua...

à écrit le 19/04/2016 à 12:26
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TOO BIG TOO FAIL ..VASTE SUJET ...LES BANQUES CHINOISES SONT SOUS CONTROLE DE l'ETAT CHINOIS ...N'AVONS NOUS PAS EU LE CREDIT LYONNAIS !!!!

à écrit le 19/04/2016 à 9:49
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Attention ponzi !!

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