
Décidemment, rien ne va plus du côté de la Silicon Valley. Après l'explosion de la bulle Tech à l'automne 2021, la fuite les élites de San Francisco, voici « la banque » de l'écosystème, Silicon Valley Bank (SVB) qui se trouve au bord du précipice. Selon l'agence Reuters, SVB serait le partenaire bancaire de près de la moitié des startup américaines financées par capital-risque et qui ont été cotées en Bourse en 2022.
Aujourd'hui, la question est : qui va racheter cette banque de 6.500 salariés créée il y a 40 ans, peu connue du public, mais devenue ces dernières années le principal financeur du capital-risque en Californie et la banque préférée des startups ? Cette banque a notamment pleinement profité de la politique monétaire ultra-accommodante de la banque centrale américaine pendant la crise sanitaire en permettant à ses clients startups de lever à foison de l'argent gratuit. Du coup, le bilan de la banque a quasiment doublé en 2021 ! Mais la brusque remontée des taux d'intérêt a changé la donne.
Chute de 60 % du titre jeudi
Et c'est bien un vent de panique qui est en train d'emporter la banque. Le cours de l'action de la maison-mère, SVB Financial Group, a plongé de 60 % hier en Bourse jeudi et devrait baisser à nouveau de 50% ce vendredi, selon les premiers échanges de préouverture. Sur un an, la chute du titre est de 80%. Pire, l'effondrement en Bourse de cette « petite » banque a provoqué une baisse généralisée des valeurs bancaires aux Etats-Unis, qui s'est propagée aujourd'hui en Europe.
Que s'est-il donc passé ? La banque est confrontée à une crise de liquidités car ses clients de la Tech, en panne de levée de fonds depuis plus d'un an, commencent à retirer leurs dépôts. Conséquence : la banque doit céder ses actifs pour répondre aux demandes de retraits, actifs investis pour l'essentiel dans des bons du Trésor américain, en théorie sans risque. Sauf que les taux d'intérêt ont pris, sur le dix ans américain, 250 points de base depuis janvier 2022. Avec à la clé, une moins-value importante en cas de cession du titre avant sa date de remboursement.
Stay calm, don't panic
C'est ce qui est arrivé à Silicon Valley Bank qui a dû vendre des titres, avec 1,8 milliard de dollars de pertes, sur son portefeuille obligataire, valorisé à 21 milliards de dollars. Pour renforcer ses ratios de solvabilité et de liquidité, la banque a présenté un plan de lever des fonds via une augmentation de capital de 1,75 milliard de dollars. Provoquant de facto l'effondrement du cours de l'action.
D'autant que la banque a publié son plan de renflouement au moment même que « la banque des cryptos » Silvergate venait d'annoncer sa mise en faillite. Le parallélisme est frappant entre l'éclatement de la bulle cryptos et celle la Tech, avec son lot de conséquences sur l'écosystème financier. De l'avis de la presse américaine, la communication de Silicon Valley Bank a été désastreuse et n'a fait que croitre l'inquiétude des clients et des sociétés de capital-investissement. Le message du PDG Greg Becker n'est pas rassurant : « stay calm and don't panic ».
Les prochains jours risquent d'être décisifs, notamment pour enrayer la spirale baissière du titre qui risque d'échauder les investisseurs pressentis pour participer à l'augmentation de capital. Alors que les traders spéculatifs se ruent sur la bête, que les clients cherchent une porte de sortie, un chevalier blanc est attendu comme le messie.
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