En attendant l'effet Brexit, les levées de fonds à des niveaux records en France

Par latribune.fr  |   |  469  mots
Le Brexit pourrait encore faire grossir le marché français, qui demeure loin derrière le britannique.
L'industrie française du capital-investissement est en pleine forme : tous les chiffres sont au plus haut niveau au premier semestre. L'afflux de capitaux étrangers a dopé les levées de fonds. La perspective du Brexit pourrait bénéficier au secteur.

Un premier semestre de tous les records pour l'industrie française du capital-investissement, en pleine forme. Au cours des six premiers mois de l'année, les levées de fonds du secteur ont augmenté de 41% pour atteindre 6,2 milliards d'euros, selon la dernière étude de l'AFIC et Grant Thornton. Ce chiffre assez exceptionnel, dépassant le montant annuel des années 2009-2010 et 2011 par exemple, car il inclut une méga-levée de 2,8 milliards. L'année semble bien partie pour retrouver les hauts niveaux d'il y a dix ans. Olivier Millet, le président de l'Association française des investisseurs pour la croissance (AFIC), relève ainsi que :

 " En investissements, en cessions, en levées, les chiffres sont au plus haut ou dépassent les records historiques. Alors que l'ambition de l'AFIC est de doubler la taille du capital-investissement français à moyen terme, on peut se réjouir de la tonicité d'ensemble du secteur qui a vocation à aider les entreprises à changer de taille."

Ces levées de fonds ont été tirées par l'afflux de capitaux provenant de l'étranger (principalement le Canada, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne) et des compagnies d'assurance (29% des souscriptions), soucieuses de diversifier leurs investissements dans le contexte de taux d'intérêt historiquement bas.

Potentiel effet Brexit

Ce sont majoritairement des opérations de grande taille : les levées de fonds de plus de 200 millions d'euros ont représenté 71% des souscriptions et six fonds ont levé plus de 200 millions. Les acteurs du capital-investissement français ont investi 5,5 milliards d'euros sur le semestre, un montant en hausse de 47% par rapport à l'an dernier, dans 1.040 entreprises (un nombre record), basées en France à 80%. Les tickets moyens sont à la hausse, en particulier dans le capital-développement et le capital-transmission.

[Progression du ticket moyen tirée par les tickets > à 30M€ dans le capital-développement au premier semestre 2016; crédits : AFIC et Grant Thornton]

Le Brexit pourrait encore faire grossir le marché français, qui demeure loin derrière le britannique, alors que les autorités financières françaises ont mis en place des procédures simplifiées pour accueillir les sociétés implantées outre-Manche. Lors d'une conférence téléphonique ce mercredi, le président de l'AFIC, cité par Reuters, s'est montré prudent et diplomate :

"Doubler Londres n'est pas un objectif en soi. On ne va pas devenir un pays formidable parce que Londres est sortie. On va soutenir tout ce qui peut encourager le 'venture' (capital-investissement, ndlr) mais cette industrie n'est pas que locale, elle n'est pas que parisienne".

L'Autorité des marchés financiers (AMF) et l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) ont annoncé fin septembre la mise en place d'un agrément express pour les sociétés financières britanniques désireuses de s'implanter à Paris.

(Avec Reuters)