Facebook autorisé à faire du paiement dans toute l'Europe

La Banque centrale d’Irlande a donné à sa filiale Facebook Payments International Ltd l’agrément de prestataire de paiement et d'émetteur de monnaie électronique, ce qui permettra au réseau social d’exercer cette activité dans tous les pays de l’Union européenne. Le géant américain a multiplié les initiatives dans le paiement ces dernières années.
Delphine Cuny
Le réseau social pourra procéder à toute sorte d'opérations, virement, paiement, dans toute l'Union européenne, grâce à l'agrément des autorités irlandaises.

Bientôt une Facebook Bank ? L'info est passée inaperçue : le réseau social américain vient d'obtenir de la Banque centrale d'Irlande l'agrément de prestataire de paiement et d'émetteur de monnaie électronique, a révélé le Sunday Business Post. Cette licence de services financiers n'est pas limitée à la seule Irlande mais l'autorise à exercer cette activité dans toute l'Union européenne, grâce au fameux mécanisme du "passeport" (cette reconnaissance réglementaire mutuelle que les banques implantées au Royaume-Uni risquent de perdre après le Brexit).

Interrogé, Facebook nous confirme :

« Cette licence nous permet de déployer des services tels que les dons à des organisations caritatives ou des paiements de pair-à-pair via Messenger en Europe, comme nous l'avons fait aux Etats-Unis » précise une porte-parole.

En fouillant la base de données de la Banque centrale irlandaise, dans la liste des institutions de monnaie électronique, on découvre effectivement que Facebook Payments International Ltd, implantée à Dublin, où se trouve le siège européen de l'entreprise californienne, a reçu l'autorisation de fournir des services de paiement le 24 octobre dernier.

C'est seulement la deuxième société à obtenir cette autorisation, après PerfectCard l'an passé.

Facebool paiement

Deux ans d'attente pour l'agrément...

Facebook aura été très patient : sa filiale Facebook Payments International Ltd a été fondée en il y a cinq ans, en 2011, et cela faisait plus de deux ans qu'elle avait demandé cet agrément. Le Financial Times avait révélé en avril 2014 que le réseau social avait entrepris les démarches en ce sens. La firme de Mark Zuckerberg voulait en particulier permettre à ses utilisateurs de créer un porte-monnaie électronique où ils pourraient stocker de l'argent virtuel (comme les Bitcoins) sur ses serveurs et ainsi effectuer des paiements en ligne dans toute l'Europe. Au moment de la folie des jeux Zynga sur Facebook, le réseau social avait créé sa propre monnaie virtuelle, les crédits Facebook, qu'il a complètement cessé d'utiliser en 2013.

La licence qu'il vient d'obtenir lui permet de réaliser toutes sortes de transactions, paiements, par carte ou tout autre appareil, retraits, virements, transferts, etc.

Aux Etats-Unis, le réseau social a déjà un agrément de même type ("money tramsitter") dans chaque Etat. Il y a lancé un service de virement entre amis via son application Messenger il y a dix-huit mois, un terrain sur lequel il doit batailler avec de nombreux acteurs, de PayPal à Circle. C'est l'une de ses incursions les plus sérieuses dans le domaine du paiement, et sans doute pas la dernière. Le responsable des services de messagerie, David Marcus, est d'ailleurs un spécialiste du paiement mobile, ancien de PayPal. Selon le site spécialisé The Information, Messenger préparerait une fonctionnalité de paiement depuis l'appli en magasin, en récupérant un article.

... et cinq ans de retard sur le Chinois WeChat

Si Facebook a ouvert le mois dernier une "marketplace", un service d'achat et de vente de produits entre membres, venant ainsi concurrencer eBay, il ne s'occupe pas du paiement (pour l'instant), se contentant de la mise en relation. Ce serait la suite logique.

En réalité, Facebook est loin d'être pionnier dans ce domaine, il a même environ cinq ans de retard sur les géants de l'Internet asiatiques. Le Chinois WeChat a complètement intégré le paiement au sein de sa messagerie sociale, dans laquelle il est possible de réserver et payer un taxi, des jeux vidéo, effectuer des virements, etc. Son service WeChat Pay revendique plus de 400 millions d'utilisateurs actifs.

L'arrivée d'un des GAFA (Google Apple Facebook Amazon) était redoutée par les acteurs établis de la banque : voilà la menace qui se matérialise. Reste à voir si Facebook se contentera d'une diversification dans les paiements ou si le réseau social voudra se lancer beaucoup plus loin dans une vraie Facebook Bank. Après lui avoir livré leurs pensées les plus intimes et leurs photos les plus embarrassantes, les utilisateurs seront-ils prêts à lui confier aussi leur argent ?

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Delphine Cuny

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Commentaires 7
à écrit le 07/06/2017 à 0:53
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L'europe doit jouer un role plus efficace surtout en pays povres ceux qui ont participe' à batir l'europe d'ojourd'hui

à écrit le 29/11/2016 à 16:56
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Bah, faudrait peut être que les banques ou même une personne pouvant s'occuper de la paperasse se rapproche des dév pour bien se déployer sur le net (smartphone inclus) et adopter une stratégie de growth hacking.

à écrit le 28/11/2016 à 10:30
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Encore une illustration du danger du marché unique qui ne sert maintenant qu'aux multinationales US à conquérir un marché plus grand que le leur à moindre frais et en ne payant que peu d'impôts. Le jour où nous n'aurons plus aucun contrôle de nos moy...

à écrit le 26/11/2016 à 18:21
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Il faut virer l'Irlande de l'Europe, le deuxième cheval de Troie des US avec la GB qui doit (enfin devrait) sortir de l'UE. On pourrait même faire une charrette en y ajoutant le Luxembourg et 2 ou 3 autres pays aux frontières de l'Est.

à écrit le 26/11/2016 à 11:08
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Après l'industrie européenne du GSM qui s'est fait laminé avec toute notre industrie c'est l'heure des banques ... et tout ça grâce à cette si belle Europe ! Les peuples veulent de la réciprocité et non de la mise en concurrence sauvage avec des acte...

le 27/11/2016 à 17:38
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Au temps je rejoins VALBEL89 sur le rôle trouble de l'Irlande dans l'Europe, au temps je ne suis pas d'accord avec vous sur la responsabilité de l'Europe dans le futur déclin des banques françaises... Quand on voit le crédit agricole et la caisse d'é...

à écrit le 25/11/2016 à 23:41
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Bel exemple d'application du traité de Lisbonne, qui garantit la concurrence libre et non faussée! Le passeport financier européen est comme la plupart des directives de la Commission Européenne un outil de mise en concurrence, par le dumping social...

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