Scandale Madoff : quels risques pour les épargnants français ? Donnez votre avis

Par latribune.fr  |   |  774  mots
Christine Lagarde, ministre de l'Economie, et Jean-Pierre Jouyet, président de l'Autorité des marchés financiers (AMF), sont montés au créneau ce jeudi pour essayer de rassurer les petits épargnants qui, selon eux, ne seraient pas concernés par les retombées du scandale Madoff. Auparavant, l'AMF avait estimé que les épargnants pourraient perdre "un petit peu plus" de 500 millions d'euros à cause de cette fraude gigantesque. Elle a précisé cependant ce jeudi que 8% de ces pertes potentielles concernaient le grand public.

Surtout ne pas affoler les petits épargnants ! La ministre de l'Economie, Christine Lagarde, a déclaré ce jeudi que les "dommages" de l'affaire Madoff révélés mercredi par l'Autorité des marchés financiers dans certains fonds français (OPCVM) "étaient limités" et ne concernaient "pas le grand public". "A ma connaissance, les OPCVM qui seraient touchés sont des OPCVM spécialisés et pas du tout des OPCVM grand public, pas du tout non plus des OPCVM gérés par des banques", a insisté la ministre en marge d'une conférence de presse.

"Ce que je sais aujourd'hui, c'est qu'une toute petite part des encours gérés en France est touchée ou susceptible de l'être par les agissements connus sous le nom de Madoff", a-t-elle ajouté. "Cette toute petite part représente à ma connaissance 0,05% du total des actifs". "Donc, je crois que les dommages sont limités (...) Notre responsabilité aujourd'hui, ce n'est surtout pas d'affoler les épargnants puisque ce ne sont pas des OPCVM grand public qui sont concernés", a poursuivi la ministre.

De son côté, Jean-Pierre Jouyet, nouveau président de l'Autorité des marchés financiers (AMF), a indiqué qu'aucun petit épargnant français ne voit ses économies menacées par la fraude Madoff. "Cela ne porte que sur des investisseurs avisés, professionnels, qui disposent en général de fortunes importantes. Il n'y a aucun fonds grand public qui soit impliqué et aucun fonds où il y ait des petits épargnants", a-t-il souligné à l'issue d'un entretien avec le Premier ministre François Fillon.

Mercredi soir, le gendarme boursier français avait estimé que les épargnants qui ont investi dans des titres gérés collectivement par des institutions financières (OPCVM) pourraient perdre "plusieurs centaines de millions d'euros" à cause de cette affaire. (Retrouvez le communiqué de l'AMF). Ce jeudi, Gérard Rameix, secrétaire général de l'AMF, a estimé à "un petit peu plus" de 500 millions d'euros le risque global pesant sur les épargnants français. 

"C'est un chiffre évidemment très important et dramatique pour les personnes qui sont directement menacées", a poursuivi Gérard Rameix, ajoutant que "par rapport à la gestion française (l'ensemble des fonds gérés, NDLR) qui porte sur 1.400 milliards d'euros, c'est une petite partie". Le secrétaire général de l'AMF a précisé qu'"un peu plus de trente fonds différents sur 11.000 seraient concernés".

Détaillant le mécanisme d'exposition à Madoff, Gérard Rameix a expliqué que plusieurs fonds européens ont été proposés depuis quelques années à des épargnants français. "Ces fonds là avaient tout ou partie de leurs actifs dans les écritures de Madoff", a-t-il expliqué.

D'après l'AMF, "certains OPCVM de droit français détiendraient dans des proportions variables des actifs subissant les conséquences de l'affaire Madoff". Ces OPCVM ont été investis dans des fonds affectés par la fraude pour un montant estimé à "plusieurs centaines de millions d'euros". Les organismes de placement collectif de valeurs mobilières (OPCVM) sont des produits d'épargne collective, investis en actions ou obligations, gérés par une institution financière.

Ce jeudi, l'AMF a apporté les précisions suivantes. Environ 8% (soit 40 millions d'euros) des quelque 500 millions d'euros de pertes potentielles des fonds (OPCVM) français exposés à la fraude concernent le "grand public", a-t-elle précisé. "92% de l'exposition se concentre sur des OPCVM qui n'ont pas été distribués au grand public". Ce chiffre se décompose de la façon suivante: 66% pour des "fonds destinés à une clientèle fortunée" et 26% pour des "fonds distribués à des investisseurs institutionnels ou à une clientèle restreinte".

Une centaine de fonds d'investissement français au total sont concernés, mais "à ce jour", l'AMF "n'a pas identifié de fonds français directement touchés par l'affaire", rappelle l'Autorité. L'AMF a demandé à toutes les sociétés de gestion dont les fonds sont concernés de "prévenir sans délai leurs clients de façon individuelle et de diffuser également l'information sur leur site internet".

En fin de semaine dernière, Bernard Madoff, ancien dirigeant du Nasdaq, a été arrêté par le FBI, accusé d'avoir monté une gigantesque fraude pyramidale de 50 milliards de dollars, payant les intérêts de ses clients avec les fonds apportés par les nouveaux. Un système qui s'est évidemment effondré avec la crise.

Depuis dimanche, les détails sur l'exposition des grandes banques européennes et asiatiques se sont multipliées. En revanche, aucun établissement américain n'a pour l'instant fait de déclaration sur le sujet.