AIG : Obama veut empêcher des dirigeants de recevoir une prime de 450 millions de dollars

Par latribune.fr  |   |  583  mots
Le président américain est monté au créneau ce lundi après les informations du Wall Street Journal, selon lesquelles l'assureur américain pourrait prochainement verser environ 450 millions de dollars de bonus aux responsables de ses activités financières, à l'origine des 99,3 milliards de dollars de pertes enregistrées en 2008.

450 millions de dollars environ. Tel est le montant que devraient toucher, selon des informations du journal Wall Street Journal dans son édition de dimanche, les cadres de la filiale londonienne de l'assureur américain AIG (AIG Financial Product). Or, c'est cette filiale qui, en souscrivant des contrats protégeant les investisseurs conte le risque de non-remboursement d'investissements à risque, a provoqué la chute et la nationalisation du groupe après la perte nette abyssale de 99,3 milliards de dollars en 2008. L'aide de l'Etat s'était élevée à 180 milliards de dollars.

Une possiblité qui agace Barack Obama. Le président américain a ainsi expliqué ce lundi qu'il employerait tous les moyens légaux pour empêcher le versement de ces primes. Le secteur était en état de "détresse financière à cause de comportements inconsidérés et de l'appât du gain", a-t-il indiqué. "Dans ces conditions, il est difficile de comprendre comment des traders de produits dérivés chez AIG ont pu mériter de quelconques primes, a fortiori 165 millions" en rémunérations supplémentaires. "Au cours des six derniers mois, AIG a reçu du Trésor des sommes importantes. J'ai demandé au secrétaire (au Trésor Tim) Geithner de se servir de ce moyen de pression et d'employer tous les moyens légaux pour bloquer ces primes et veiller au bon usage de l'argent du contribuable américain", a-t-il conclu.

Dimanche, le Wall Street Journal affirmait justement que Timothy Geithner, secrétaire au Trésor américain s'est plaint de cette décision dans une lettre adressée à Edward Liddy, le nouveau patron d'AIG mis en place en septembre dernier par le gouvernement. Tout en admettant leur "mauvais goût", ce dernier a néanmoins consenti à en réduire le montant de ces primes. Il en justifie ler versement pour des raisons légales conformément à des engagements pris en 2008, et dont la valeur a été fixée avant que n'émergent les problèmes au sein d' AIG Financial Products. "Certains de ces versements sont dus au 15 mars et très honnêtement, les mains d' AIG sont liées", explique Edward Liddy qui qualifie de "déplaisants" les arrangements avec le Trésor mais promet de travailler avec Geithner pour résoudre la question.

D'après le "New York Times" de samedi qui parlait pour sa part de quelques 100 millions de dollars, certains des bonus versés ne dépassent pas 1.000 dollars mais sept responsables d'AIG Financial Product devraient recevoir plus de 3 millions de dollars de primes. Edward Liddy s'est engagé à réduire fortement pour le reste de l'année 2009 les salaires des cadres dirigeants de son unité AIG Financial Products.

Le principal conseiller économique de la Maison Blanche, Lawrence Summers, avait qualifié ce dimanche sur la chaîne de télévision ABC de "scandaleuse" la conduite d' AIG. Avant d'ajouter: "nous sommes un pays où la loi prévaut. Il y a des contrats. Le gouvernement ne peut pas tout simplement les annuler". Selon lui, Timothy Geithner entreprenait "toutes les actions légales possibles pour limiter ces bonus".

Ces primes aparaissent tout aussi scandaleuses aux yeux du leader de la minorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, qui s'exprimait également sur ABC. Mais il va plus loin et accuse l'administration Obama de vouloir échapper à ses responsabilités en les rejetant sur l'administration précédente ou sur les contrats, qui méritent d'être "examinés".

(retrouvez le communiqué d'AIG daté du 15 mars 2009)