Pour garantir des soins au meilleur rapport qualité prix, il faut voir grand. Armés de cette conviction, le premier assureur santé individuelle français, Groupama , et le groupe de prévoyance Pro BTP, qui assurent à eux deux 6 millions de bénéficiaires, ont créé un groupement d'intérêt économique, baptisé Sévéane, opérationnel depuis le 18 janvier. Sa vocation est d'organiser les relations avec des professionnels de santé, un peu à l'image des réseaux de garagistes agréés que les assureurs automobiles ont mis en place depuis des décennies. « Le réseau Sévéane compte actuellement plus de 1.500 opticiens et 3.400 chirurgiens-dentistes avec lesquels des conventions de partenariats ont été passées », indique Norbert Bontemps, directeur assurance santé de Groupama et administrateur de Sévéane.

Ce réseau ne part pas de zéro ; il s'est appuyé sur celui créé par Groupama il y a une dizaine d'années. Il a donné lieu au développement d'outils informatiques communs et à la réorganisation des services de remboursement ? les sinistres, dans le langage des assureurs ? dans chacun des groupes. Ces derniers n'ont pas choisi de fusionner leurs équipes en une seule : aucun salarié n'a été transféré à Sévéane. En revanche, le cahier des charges de leur gestion de sinistres a été revu afin d'aligner les procédures et les critères de fonctionnement (par exemple, pour le délai de réponse à un devis). « Le pilotage de nos centres de gestion de sinistres respectifs est désormais coordonné », indique Stephan Reuge, directeur de l'institution BTP Prévoyance du groupe Pro BTP.

En optique, les assurés n'avanceront plus les fonds

Pour le groupe de prévoyance, l'enjeu premier n'était pas de réduire les coûts de fonctionnement, mais d'"aider nos adhérents à s'orienter dans le système de soins et de réduire ce qui reste à leur charge", précise Stephan Reuge. En optique, les assurés n'ont pas à avancer le tiers payant, et, dans certains cas, ni le coût des verres, totalement pris en charge. Pour connaître les professionnels agréés les plus proches de chez eux, les bénéficiaires appellent une plate-forme téléphonique ou vont sur le site dédié : Seveane.com.

Le nombre de bénéficiaires est décisif en la matière. Plus les utilisateurs sont nombreux, plus les relations avec les professionnels peuvent être normalisées et contrôlées. « Pour qu'un réseau de santé puisse négocier véritablement avec un prestataire de soins, il faut représenter de 20 % à 25 % de son chiffre d'affaires », confiait Jean-Claude Seys, [initiateur d'un autre réseau, Santéclair (réunissant Allianz, MMA et Maaf)], à « La Tribune » en octobre dernier. Il estimait à 10 millions le nombre d'assurés utilisateurs d'un réseau qui garantirait un niveau d'activité suffisant aux prestataires. Sévéane ne s'interdit d'ailleurs pas d'accueillir d'autres assureurs partenaires.