Le pionnier du micro-crédit victime d'une cabale dans son pays

Par latribune.fr  |   |  306  mots
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La banque centrale du Bangladesh a demandé le départ du fondateur de la Grameen Bank, Muhammad Yunus, officiellement pour des raisons d'ordre juridique. Une affaire qui ressemble surtout à un règlement de comptes politique.

Muhammad Yunus, prix Nobel de la paix et pionnier de la microfinance, restera-t-il à la tête de la Grameen Bank, qu'il a fondée en 1983 ? La question est ouverte. Le président de la Grameen, Muzammel Huq, a annoncé mercredi que "la Banque [centrale] du Bangladesh a relevé M. Yunus de ses fonctions de directeur général avec effet immédiat". Quelques heures plus tard, ce départ était démenti : "En accord avec les avocats de la banque, Muhammad Yunus reste en poste", a indiqué la Grameen Bank dans un communiqué.

Pour le porte-parole de l'établissement de microfinance, Jannat-E-Quanine, "c'est avant tout un problème légal". En effet, la Banque centrale du Bangladesh justifie sa décision par le manquement de la Grameen Bank à ses obligations lors de la nomination du "banquier des pauvres" à la direction générale en 2000. Plus précisément, l'organisation de microfinance n'aurait pas demandé à l'institution centrale son accord préalable, ce qui est normalement la procédure légale. De son côté, la Grameen assure "s'être conformée à la loi".

"Sucer le sang des pauvres"

Mi-janvier, Muhammad Yunus avait comparu devant un tribunal au Bangladesh pour une affaire de diffamation datant de 2007, compliquant la situation juridique du pionnier de la microfinance dans son propre pays. Une semaine plus tôt, le gouvernement avait ordonné une enquête sur les pratiques financières de la Grameen Bank. Le Premier ministre Sheikh Hasina accusait alors l'établissement de "sucer le sang des pauvres".

Mme Hasina s'était opposée pour la première fois à M. Yunus lorsque ce dernier avait tenté, en vain, de fonder son propre parti. En 2007 également, Muhammad Yunus avait déclaré dans un entretien à l'Agence France Presse que la politique au Bangladesh était simplement une affaire de "pouvoir pour faire de l'argent".