Les petites phrases des grands noms de la finance

Par Mathias Thépot  |   |  924  mots
Copyright Reuters
Le gotha français 
de la finance a prôné une réorientation de l'épargne lors des "Assises du financement du long terme", organisées jeudi par le président de la Caisse des Dépôts, Augustin de Romanet. Tous les grands noms de la finance étaient présents. Il faut dire que le sujet du financement de long terme inquiète beaucoup. Petit verbatim de la journée...

Les petites phrases ont fusé lors des "Assises du financement du long terme". Avec des discours parfois étonnants de la part des grands noms de la finance. Claude Bébéar (Axa) qui demande "la création d'un mouvement des indignés de la finance" (sic) et qui estime "que les patrons doivent refuser la dictature des marchés financiers". Michel Pébereau qui est "très favorable au renforcement de la régulation"... Florilège.

Laurence Parisot, présidente du Medef :

"Le taux d'investissement des PME est significativement plus bas à la fois par rapport aux grandes entreprises et à la fois par rapport aux TPE".

Gérard Mestrallet, président de GDF Suez :

"On va d'une économie d'endettement vers une économie de fonds propres".

Jacques de Larosière, président d'Eurofi :

"Nous n'aurons pas de reprise économique si les banques ne sont pas prêteuses".

Gérard de la Martinière, inspecteur général des finances

"Il y a un besoin considérable qui sera difficile à couvrir spontanément, il faut que l'Etat s'engage à ne pas modifier la fiscalité d'un contrat d'épargne à partir du moment où celui-ci a été souscrit".

Frédéric Oudéa, président de la FBF :

"Les banques ne pourront pas garder le même volume de prêts dans leur bilan et les prêts qu'elles garderont seront à court terme".

Hervé de Villeroché, de la Direction général du Trésor :

"La mise en place de Bâle 3, qui vise à améliorer la résilience du système financier, va conduire à un changement structurel. Cela aura un coût pour l'économie mais il sera absorbable pour les banques. Nous ne pensons pas qu'il remettra en cause la capacité de financement du secteur bancaire. Malgré tout, les financements de projets, les financements de long terme, le crédit à la consommation seront des activités de financement sans dépôts qui peuvent être vulnérables. Les banques vont devoir s'adapter. Face aux engagements de long terme, il faudra mobiliser des ressources de court terme, augmenter la base de dépôts et avoir une capacité d'émission longue. Concernant Solvabilité 2, il faudra modifier la répartition de la prise en charge du risque par l'assureur et par l'assuré. On le voit aujourd'hui avec la croissance des unités de compte dans les contrats d'assurance-vie, qui va dans le bon sens".

Christian Babusiaux, président de la 1ère chambre de la Cour des comptes :

"Les préoccupations sont aujourd'hui liées au rôle de l'épargne sur le financement de l'économie. Il faut l'orienter vers le financement de long terme. Fin 2010, 44% de l'épargne domestique allait vers le reste du monde, et 60% pour l'assurance-vie. Il faut assurer la stabilité de l'épargne, assurer un cadre juridique favorable aux investissements de long terme. Cela passe par un cadre fiscal qui repose sur une stratégie de moyen et long terme".

Jacques Pélissard, président de l'Association des maires de France :

"J'applaudis la nouvelle alliance CDC/ Banque Postale qui vendra des prêts à taux fixe raisonnables et non exotiques. Je salue de plus l'agence publique des collectivités locales qui sera créée et gérée par les collectivités locales sans garantie de l'Etat. Ces deux entités viendront assurer la complémentarité avec les banques sur l'offre de crédits aux collectivités, qui financent 50% du marché du BTP en France. On espère que l'on aura du coup un panel complet pour permettre aux collectivités d'investir".

Michel Pébereau, président de BNP Paribas :

"Je suis très favorable au renforcement de la régulation. Mais il est important de veiller à que ce renforcement soit également bien effectué aux Etats-Unis. Et il faut également bien s'assurer que ce financement ne soit pas nuisible aux financement des collectivités locales. La sagesse serait de faire une petite pause pour voir les impacts que la réglementation aurait sur l'économie. Susciter l'épargne de long terme, ce n'est pas facile. Si l'on veut orienter l'épargne vers le Long terme, Il faut un effet fiscal sur l'épargne de long terme. Le principe de la "full fair market value" aboutit à des difficultés. Les normes comptables ont nourri les bonus des opérateurs de marché. Tous les entrepreneurs doivent considérer que leur action est jugée à partir de la valeur de marché. On ne peut pas demander aux entrepreneurs de penser long terme quand ils doivent se préoccuper de la valeur de marché au jour le jour de leurs actifs. Ceci n'est pas adapté pour juger l'action d'une entreprise qui doit se juger sur le long terme. Le langage de la comptabilité actuelle est inadapté aux préoccupations du financement de long terme".

Claude Bébéar, fondateur d'Axa, aujourdh'ui président de l'institut Montaigne :

"Il faut que les investisseurs aient intérêt à investir à long terme. Il faut alléger la fiscalité de long terme par rapport à la fiscalité de court terme. Il faut donner envie d'investir à long terme. Il faut arrêter tout ce qui permet la spéculation de court terme : les agences de notation, les cotations au jour le jour, les résultats trimestriels. Il faut faire payer la transaction financière plus chère. Il faut que les patrons d'entreprises refusent la dictature des marchés financiers. Les analystes sont des gamins très gentils, mais qui ne connaissent pas grand chose. Je demande la création d'un mouvement des indignés de la finance".