Ces drôles de fonds qui misent sur les entreprises... en difficulté

Par Christine Lejoux  |   |  452  mots
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On les appelle des "fonds de capital-retournement" et, avec la crise, ils se multiplient depuis quelques mois. Panorama.

Le cercle très fermé des fonds de retournement est en pleine effervescence. En fin de semaine dernière, Perceva Capital annonçait la reprise du fabricant français de vêtements pour motards Holding Trophy, signant ainsi son troisième investissement depuis la fin juillet, après le mareyeur bordelais Mariteam et le spécialiste alsacien du chauffage au bois Supra.

Quelques semaines auparavant, c'est Butler Capital Part-ners qui avait fait parler de lui, en reprenant le réparateur d'équipements électroniques Anovo, à la barre du tribunal de commerce de Beauvais, pour 22 millions d'euros en cash.

Crise oblige, les opportunités devraient continuer à pulluler pour ces fonds spécialisés dans l'apport de capitaux propres à des sociétés en difficulté. « Lors de la crise de 2008, nous avions vu une augmentation des dossiers de redéploiement [retournement ; Ndlr] dans certains secteurs, notamment la filière automobile. Ce que nous constatons aujourd'hui, c'est que, quel que soit le secteur d'activité, les banques ne financent plus les PME », précise Jean-Louis Grevet, un ancien de Butler Capital, aujourd'hui président de Perceva Capital.

Beaucoup de défaillances

De fait, le nombre de défaillances d'entreprises se maintient à un niveau élevé en France, selon Altares, qui estime que 2011 devrait ressembler à peu de chose près à 2010, année qui s'était soldée par quelque 58.700 redressements et liquidations judiciaires. De quoi redonner un coup de fouet aux investissements du capital-retournement français après une hausse de 1 % seulement au premier semestre 2011, à 77 millions d'euros, selon l'Association française des investisseurs en capital. Un montant qui représente moins de 2 % des investissements réalisés par l'ensemble du private equity français. Les quelques acteurs qui occupent ce marché de niche - Perceva, Butler et autre Vermeer Capital - ne sont pas là pour un simple aller-retour. Loin des fonds dits vautours, qui achètent de la dette décotée d'entreprises en difficulté et jouent un rôle déterminant dans leur restructuration, les fonds de retournement investissent entre cinq et sept ans dans des PME réalisant entre 30 et 500 millions d'euros de chiffre d'affaires. « Le redressement d'une entreprise nécessite entre un et trois ans avant que ne s'amorce un cycle de création de valeur », explique Jean-Louis Grevet qui se réjouit de parvenir « à drainer une épargne mondiale pour l'investir dans des PME françaises fragilisées. »

En effet, les actionnaires de Perceva sont aux deux tiers des institutionnels anglo-saxons et européens (hors France), comme le fonds de fonds américain Adams Street et la Deutsche Bank. Ces souscripteurs ne sont pas restés insensibles aux arguments de Perceva, qui se fait fort de récupérer trois fois sa mise, en moyenne.