Exclusion bancaire : des associations se mobilisent

Par Mathias Thépot  |   |  442  mots
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La Croix-Rouge, le Secours Catholique et l'UNCCAS comptent créer une entité qui certifiera les banques pratiquant le mieux l'« inclusion » bancaire.

Plus de 5 millions de Français sont aujourd'hui victimes d'exclusion bancaire. Étonnant à première vue quand on sait que 99 % de la population française a accès à un compte bancaire. Mais l'exclusion bancaire ne se définit pas uniquement par la possession ou non d'un compte bancaire. Il s'agit davantage du « processus par lequel une personne rencontre de telles difficultés bancaires d'accès et/ou d'usage qu'elle ne peut mener une vie normale dans la société qui est la sienne », selon une thèse universitaire de Georges Gloukoviezoff.

Les exclus bancaires désignent notamment les interdits bancaires, les personnes victimes de frais bancaires ou des taux de crédits renouvelables trop élevés, ou encore celles n'ayant pas accès aux services de base (carte de crédit ou chéquier).

Dans un manifeste pour l'inclusion bancaire en France des populations fragiles présenté mercredi, l'Union nationale des centres communaux d'action sociale (UNCCAS), la Croix-Rouge française et le Secours catholique proposent « de lutter à grande échelle contre une forme latente d'exclusion sociale ». En effet, « l'exclusion bancaire provoque et aggrave la spirale de l'exclusion sociale », estime le professeur Jean-François Mattei, président de la Croix-Rouge française.

Politiques d'accompagnement

Les trois associations préconisent la création d'une entité où les banques, les associations et le secteur public seraient représentés. Elle serait financée par le Fonds de cohésion sociale et ne verrait pas le jour avant début 2013. Elle aurait pour mission d'agréger les informations concernant la stratégie des établissements financiers à l'égard des clientèles fragiles, notamment avec l'aide de la Banque de France, pour créer des indicateurs d'inclusion bancaire. À la lecture des résultats, la nouvelle entité certifiera ou non les établissements financiers et rendra cette certification publique.

Le manifeste des trois associations préconise aussi de développer des politiques d'accompagnement des populations fragiles sur les questions budgétaires et de surendettement, en s'inspirant d'expériences qui ont fonctionné et qui ont été réalisées à l'étranger ou en France pour réduire l'endettement des plus fragiles.

Le collectif d'associations a déjà l'appui de La Banque Postale pour qui le manifeste « s'inscrit dans la droite ligne des pratiques de La Banque Postale vis-à-vis des clientèles fragiles ».

La Fédération bancaire française estime pour sa part « contestables certaines affirmations » du manifeste ». « Ce n'est pas au niveau de l'accès aux services bancaires que se situe principalement le problème », affirme notamment la fédération, qui estime que des progrès considérables ont été réalisés depuis le début des années 2000.