Attention aux fonds "zombies" !

Près de la moitié des investisseurs institutionnels sondés par Coller Capital estiment avoir en portefeuille des fonds dont la valeur est quasi-nulle. De quoi clamer les ardeurs du milieu du capital-investissement.
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Remettre au pot ? Pas question. Telle est la réponse qu'assèneront 93 % des investisseurs institutionnels aux sociétés de private equity qui leur demanderont de participer à une nouvelle levée de fonds, au cours des 18 prochains mois, selon une enquête réalisée à l'échelle mondiale par la société d'investissement Coller Capital. Quant aux fonds de pension, compagnies d'assurances et autres zinzins qui accepteront de satisfaire pareille requête, un tiers d'entre eux seulement le feront pour un montant au moins égal à la précédente levée de fonds. Les autres n'hésiteront pas à réduire drastiquement leurs investissements, en particulier dans des fonds européens : un investisseur sur cinq, dans le monde, projette de diminuer l'argent alloué aux fonds de private equity européens. Pas plus de 11 % sont disposés à se montrer plus généreux que par le passé.

Si les investisseurs battent froid le capital-investissement, notamment européen, c'est en raison de la crise de la dette dans la zone euro, qui s'éternise, renchérissant l'accès au crédit bancaire pour les fonds de LBO (Leverage Buy-Out), alors que ceux-ci jouent précisément sur l'effet de levier de la dette pour financer leurs acquisitions. La crise boursière empêche de surcroît les fonds de céder leurs participations dans des conditions intéressantes. Cerise sur le gâteau, la dégradation de l'économie pèse sur les résultats financiers de ces mêmes participations, et donc sur les dividendes qu'elles versent aux fonds propriétaires. Conséquence, dans le monde, près de la moitié des investisseurs en private equity se retrouvent aujourd'hui avec des fonds « zombies » en portefeuille. C'est-à-dire des fonds dont la valeur est quasinulle, dont les gérants savent qu'ils ne généreront aucune plus-value, mais qu'ils laissent vivoter afin de continuer à toucher des commissions de gestion. Près des trois quarts des investisseurs estiment qu'une minorité seulement de ces fonds « zombies » pourront être sauvés. Pas de quoi inciter les zinzins - qui avaient investi dans l'espoir de rendements supérieurs à 15 % - à participer à de nouveaux tours de table.

Risque « majeur »

Or les fonds de private equity auront besoin de refinancer 365 milliards de dollars de dette d'acquisition, d'ici à la fin 2016, selon les données de Thomson Reuters. Ce qui, reconnaissent les investisseurs sondés par Coller Capital, représente un risque « majeur » pour le secteur. Les fonds ont également besoin de lever de l'argent pour financer l'acquisition de nouvelles participations. Au total, à l'échelle mondiale, les fonds de capital-investissement, qui ont déjà subi une chute de 46 % des montants levés au troisième trimestre (par rapport au deuxième), sont actuellement en quête de 711 milliards de dollars, selon le cabinet Preqin. C'est le cas, entre autres, d'Apax Partners et de Permira, qui cherchent respectivement à lever 9 et 6,5 milliards d'euros.

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