La séparation entre banque de détail et banque d'investissement bientôt actée ?

Par Christine Lejoux  |   |  446  mots
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Un rapport sur la séparation entre banque de détail et banque d'investissement doit être remis à Michel Barnier d'ici à la mi-2012.

Le modèle de banque universelle, si cher aux établissements français, vit-il ses dernières années ? Le commissaire européen Michel Barnier a annoncé, le 22 novembre, la création d'un groupe de travail chargé de lui rendre, d'ici à la mi-2012, un rapport sur la séparation des activités de banque de détail de celles de banque d'investissement. Un changement de cap assez net pour ce responsable, qui estimait jusqu'alors que les banques universelles, combinant activité de détail et activité de marchés, n'avaient pas été à l'origine de la crise financière de 2008.

C'était compter sans les travaux de la commission Vickers, au Royaume-Uni, qui ont débuté il y a un peu plus d'un, et qui concluent à la nécessité de séparer l'activité de détail de l'activité de marchés, afin de protéger les dépôts. Cette réforme, qui sera votée outre-Manche en 2015 et appliquée en 2019, au plus tard, « constitue en France un sujet majeur de la campagne présidentielle à venir », estime dans un récent rapport le cabinet Eurogroup Consulting, soulignant que « plusieurs candidats de gauche, ainsi que Marine Le Pen, l'ont évoqué sur leurs blogs de campagne. » Et d'ajouter que « le débat sur l'avenir des banques intervient alors qu'un récent sondage CSA montre que deux Français sur trois craignent de voir la fragilisation du secteur bancaire menacer leurs économies. »

Remède critiquable

Mais un « Glass-Steagall Act » à l'européenne, du nom de la loi sur la séparation des activités de détail et d'investissement, votée aux États-Unis au lendemain de la crise de 1929 et abolie en 1999, n'est pas forcément un remède à cette fragilisation de l'industrie bancaire. En effet, ce sont les banques universelles qui ont le mieux résisté à la crise de 2008, les revenus de leur activité de détail compensant justement les contre-performances de leur activité de marchés. À l'inverse, les établissements les plus touchés ont été de « pure-players » de la banque d'investissement ? la tristement célèbre Lehman Brothers ?, et une banque de détail, la britannique Northern Rock.

De plus, une banque se doit aujourd'hui de présenter une offre globale, objecte Baudouin Prot, président de BNP Paribas : « On ne peut plus servir la clientèle des entreprises sans combiner une offre de financement et une offre de marché » (« La Tribune » du 1er décembre 2011). Un « Glass-Steagall européen serait d'autant plus pénalisant pour les établissements du Vieux Continent que les banques américaines, elles, n'ont pas hésité à reconstituer depuis la crise de 2008 des mastodontes, en banque de détail et en activités de marchés.