La course aux dépôts bat son plein en France

Par Mathias Thépot  |   |  431  mots
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Les banques françaises ont collecté 90 milliards d'euros de dépôts supplémentaires en 2011, soit une hausse de plus de 9% par rapport à 2010, selon la Banque de France. Les établissements financiers ont pour objectif de récolter le maximum de dépôts dans la perspective de l'entrée en vigueur de règles de Bâle III.

La course aux dépôts a battu son plein en France en 2011. Les banques françaises ont en effet collecté 90 milliards d'euros de dépôts supplémentaires en 2011 auprès des particuliers et des entreprises non financières soit une hausse de plus de 9% par rapport à 2010, selon les calculs de l'AFP à partir des chiffres de la Banque de France.
Ces montants incluent les dépôts à vue, les livrets d'épargne fiscalisés (hors Livret A et Livret de développement durable), les plans épargne logement, les comptes épargne logement et les comptes à terme. Ils excluent les administrations, les sociétés financières et les produits d'épargne réglementée. Fin 2011, les dépôts des banques françaises ont atteint 1055 milliards d'euros, en hausse de 159 milliards d'euros depuis deux ans, soit près de 18%.

Virage stratégique pour respecter les ratios de liquidités

Pour collecter encore plus de dépôts, les banques engagent un virage stratégique en misant sur leurs activités commerciales et en multipliant les initiatives marketing. Elles tentent d'inciter leurs clients à augmenter leurs dépôts, en multipliant des offres sur les produits d'épargne  dits "de bilan", par opposition à l'épargne placée sur des produits d'assurance vie qui n'apparaît pas dans le bilan bancaire. Cette épargne "de bilan " concerne  surtout  les livrets à taux "boostés" ou avec cadeau à l'entrée, couplés avec les livrets A ou de développement durable (LDD).
La raison principale de ce virage stratégique invoquée est la décision du Comité de Bâle d'instaurer des ratios de liquidités beaucoup plus stricts. À partir de 2015, les crédits devront être couverts par davantage de ressources. Du coup, si elles veulent respecter ces futurs ratios, deux solutions se présentent aux banques : avec des niveaux de crédits constants, elles devront collecter plus de dépôts ou si le niveau d'épargne est constant, elles devront accorder moins de crédits.

Ruée vers l'épargne

Les établissements bancaires ont vite fait leurs calculs et se ruent donc en premier lieu vers l'épargne des français. A la fin du premier semestre 2010, les banques françaises avait déjà pour la plupart annoncé une collecte d'épargne "de bilan" en forte hausse : + 10,5 % à la fin juin 2011 par rapport à fin juin 2010 pour BNP Paribas à 113 milliards d'euros, + 9,1 % pour le groupe BPCE (Banque Populaire Caisse d'Épargne) qui n'avait pas communiqué de montant, + 10 % pour Société Générale à 136,1 milliards d'euros, + 5 % pour Crédit Agricole à 301,7 milliards et + 27,3 % pour Crédit Mutuel-CIC à 182,7 milliards d'euros.