La définition de la banque selon Jean-Marie Sander, de Crédit Agricole SA

Par Séverine Sollier  |   |  855  mots
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Le président de Crédit Agricole SA, la structure cotée de la banque verte, a donné sa définition de la finance lors de la conférence de presse sur les résultats annuels le 23 février. Pour lui, la banque ce n'est ni la finance hors-sol, ni la finance haute fréquence...

Jean-Marie Sander, le président de Crédit Agricole SA, la structure cotée de la banque verte, a ouvert la présentation des résultats du groupe. Il a donné sa définition de la banque avec un certain sens de la formule, critiquant notamment "la finance des produits dérivés qui finissent par dériver tout seuls". Une allusion claire aux produits qui ont précipité le secteur financier dans la crise à l'automne 2008.

Ce que la banque n'est pas

" Pour moi la banque, ce n'est pas la finance hors-sol, qui spécule sur des produits financiers déconnectés de l'économie réelle et pratiquée par des insitutions financières grises ou noires qui échappent à une régulation normale. Ce n'est pas la finance haute fréquence. Ce n'est pas la finance des produits dérivés qui finissent par dériver tout seuls. Ce n'est pas cette finance-là que nous voulons promouvoir, ni celle non plus des rémunérations extravagantes, que nous ne pratiquons pas", a indiqué Jean-Marie Sander.

Sur ce sujet sensible des bonus, le directeur général de Crédit Agricole SA, Jean-Paul Chifflet a pour sa part précisé que les rémunérations variables des opérateurs de marché  seraient réduites de 20%.  "Nous sommes au niveau le plus bas des rémunérations variables des établissements français", a -t-il précisé insistant sur le fait que les traders et autres preneurs de risques de la banque étaient déjà au départ à un niveau plus bas que leurs concurrents en matière de bonus.

La "vraie" finance selon Jean-Marie Sander

"La finance à laquelle je crois, c'est une finance réelle : celle qui prête aux acteurs plutôt que spéculer ; c'est une finance responsable, qui prête en fonction des capacités de remboursement, comme nous le faisons en France ; c'est une finance utile, qui joue son rôle dans la réalisation des projets des individus, des entreprises. C'est ce que nos concitoyens attendent de leur banque. C'est ce que font au quotidien les Caisses régionales et LCL avec leurs 27 millions de clients ; C'est cette idée que je soutiens et que je défends depuis mon entrée au Crédit agricole", a martelé Jean-Marie Sander.

La banque régionale et de proximité, fer de lance du Crédit Agricole

Placé au coeur du plan stratégique à 10 ans du groupe, la banque de proximité est aussi ce qui tire les résultats du groupe en 2011. La contribution net part du groupe des Caisses régionales, qui sont le bras armé de cette proximité, atteint 1 milliard d'euros, en hausse de 5,4% par rapport à 2010. Et le résultat d'exploitation des Caisses régionales s'élève à 5 milliards, en progression de 5,5 %. Malgré le contexte difficile, le rythme des crédits n'a pas diminué, au contraire : les encours de crédits ont progressé de 4,1% en un an pour atteindre 391 milliards d'euros pour les seules caisses régionales. Globalement, en intégrant aussi l'activité de la filiale LCL (ex-Crédit Lyonnais), le groupe Crédit Agricole a totalisé un encours de crédit de 478 milliards d'euros, ce qui fait de la banque "le premier financeur de l'économie frnçaise", selon Jean-Paul Chifflet, le directeur général de Crédit Agricole SA. 

Ce qui n'empêche pas les pertes

Pour sa part, le président Jean-marie Sander n'a pas manqué de souligner "notre groupe, considéré dans son entier, affiche un résultat positif en s'appuyant bien sûr sur les Caisses régionales, mais aussi sur le dynamisme de nos réseaux de proximité, en France et en italie notamment, et sur le dynamisme des métiers qui leur sont associés. Pourtant, Crédit Agrciole SA est cette année en déficit. Cette situation ne résulte pas d'une baisse de la performance opérationnelle de nos entreprises, mais de la crise grecque et des écritures comptables qui ont été passées".

De fait, c'est tout le paradoxe des résultats 2011, positif pour les Caisses régionales et négatif de 1,47 milliard d'euros - pour la première fois depuis sa création - pour leur structure faîtière cotée, Crédit Agricole SA (CASA). Cette perte s'explique par les coûts liés au plan d'adaption annoncé en fin d'année dernière (réduction des activités de la banque de financement et d'investissement notamment). Elle vient aussi des dépréciations d'écarts d'acquisition sur les sociétés et participations détenues dans le Sud de l'Europe (Bankinter en Espagne, BES au Portugal, Emporiki en Grèce, notamment). Et enfin, le résultat négatif de CASA doit beaucoup aussi à la dépréciation des obligations souveraines grecques détenues dans différents portefeuilles, et en particulier celui des filiales d'assurance, soit un total de 1,3 milliard d'euros (hors Emporiki).

Le groupe paie un très lourd tribut à la crise grecque : il estime que son coût total (pertes d'Emporiki et dépréciations) lui revient à 2,37 milliards en résultat net part du groupe.