La "Volcker Rule" ne sera pas prête à temps

Dénoncée par les grands noms de Wall Street, cette mesure prévoit une limitation du trading pour compte propre des banques américaines. Son entrée en vigueur était jusque-là programmée pour le 21 juillet 2012.
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L'entrée en vigueur de la "Volcker Rule" sera bel et bien retardée. C'est Ben Bernanke, le président de la Réserve fédérale américaine, qui l'a confirmé ce jeudi. "Nous allons travailler aussi vite et efficacement que possible pour que ce travail soit mené à bien", a-t-il indiqué devant la Commission bancaire du Sénat. Défendue par Paul Volcker (photo), ancien président de la Réserve fédérale et ancien conseiller économique de Barack Obama, cette mesure prévoit une limitation du trading pour compte propre des banques américaines. Son entrée en vigueur était jusque-là programmée pour le 21 juillet 2012.

Mais les régulateurs américains ont été submergés par les milliers de commentaires reçus dans le cadre de leur processus de consultation - qui a pris fin à la mi-janvier - sur ce projet hautement controversé. Depuis plusieurs mois, les grands noms de Wall Street ne cessent en effet de dénoncer cette mesure, l'une des propositions phares de la réforme Dodd-Frank. Les dépenses de lobbying engagées par l'industrie financière ont ainsi grimpé pour tenter d'influer sur les modalités d'application.

Une baisse de 25% des revenus

Ces dernières avaient été dévoilées fin octobre dans un document de 300 pages. À terme, les banques ne pourront plus "détenir et gérer à court terme pour leur propre compte tout type de titres financiers, produits dérivés et autres instruments financiers", précisait ce projet de directive. Les obligations du Trésor américain et les titres de dette émis par les collectivités locales sont exclus de ce périmètre. Les banques ne pourront également plus "détenir des fonds spéculatifs et des sociétés de capital-investissement, ni investir dans ce genre d'entités ou avoir certaines relations avec elles".

Une période transitoire de deux ans permettra aux banques de se mettre en conformité avec la nouvelle réglementation. Mais les grandes banques américaines n'ont pas attendu pour se préparer, fermant ou cédant ces derniers mois des divisions entières. La mise en place de la "Volcker Rule" pourrait ainsi amputer les revenus de 25 % dans certains établissements, estime Bernstein Research. Les banques d'affaires Goldman Sachs et Morgan Stanley devraient être les plus pénalisées. Selon l'auditeur des comptes publics de l'État de New York, 10.000 emplois pourraient être supprimés cette année dans le secteur financier en raison du repli de ses profits.

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