Iran : le blocus financier va favoriser le blanchiment d'argent

La récente décision de l'Union européenne d'interdire l'accès au réseau de transferts interbancaires Swift aux institutions iraniennes risque de favoriser le blanchiment d'argent. Le shadow banking pourrait notamment être vecteur de transferts occultes.
Mahmoud Ahmadinejad, président de la République islamique d'Iran. Copyright Reuters

La récente décision de l'Union européenne (UE) d'interdire l'accès au réseau de transferts interbancaires Swift aux institutions iraniennes risque d'en déranger plus d'un. Ce qui devrait favoriser le blanchiment d'argent. La coopérative Swift (Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication) permet en effet d'effectuer des transactions financières dans le monde entier. Basée en Belgique, elle est assujettie au droit européen, mais son périmètre d'activité est mondial. Les sociétés et les Etats du Vieux continent ne sont donc pas les seuls à être impactés par la décision de l'UE.

Des effets extra-européens

En effet, "elle empêchera également les transactions de certains grands acheteurs de pétrole brut iranien implantés en Inde, en Corée du Sud, en Afrique du Sud et en Chine ", indique Tony Wicks, expert en blanchiment d'argent chez Nice Actimize. "Cette décision a des effets extra-européens. Son impact devrait donc être beaucoup plus important sur l'Iran que la plupart des récentes sanctions européennes sur l'importation de son pétrole ", ajoute-t-il. Concrètement, la Chine, deuxième importateur mondial de pétrole, pourra toujours continuer à acheter de l'or noir en Iran, mais il lui sera " significativement plus difficile de payer pour cela ", estime Tony Wicks.

La voie du shadow banking

Pour maintenir ses exportations de pétrole, l'Iran devra donc, par l'intermédiaire de ses financiers, trouver d'autres moyens pour faire passer l'argent à travers les frontières. La voie du "shadow banking", par définition non régulé, devrait être empruntée. Tony Wicks parle notamment d' " hawala banking ", un système informel de transfert de fonds, qui intervient en dehors du système bancaire et que l'on soupçonne d'avoir joué un rôle dans le financement illégal d'activités terroristes. Les échanges physiques de pétrole contre de l'argent, plus difficiles à détecter, devraient également croître.
Une fois que l'argent blanchi aura ensuite réintégré l'économie régulée, charge aux institutions mondiales de détecter l'emergence de volumes d'argent plus importants qu'à l'habitude, indique Tony Wicks, notamment dans les pays mitoyens à l'Iran (Pakistan, Afghanistan, Iraq...).
Les sanctions de l'UE concernent actuellement 116 individus et 442 sociétés, dont la Banque centrale d'Iran. Elles visent à assécher les sources de financement du régime, accusé par les Occidentaux de chercher à se doter de la bombe atomique sous couvert d'activités nucléaires civiles.
 

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Commentaire 1
à écrit le 20/03/2012 à 21:00
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Hivernal ce post ! Résolution sans succès je pense, l'Iran ne se fera jamais froisser, seulement enduit de sueurs occidentales rapidement asséchées par un rose sirocco : fleurs de "Norouz" , l'occident et le monde entier va devoir se préparer à la pl...

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