La Volcker Rule va-t-elle faire flamber les cours du pétrole ?

La limitation du trading pour compte propre des banques américaines devrait avoir des répercutions sur les prix des matières premières, estime l'institut IHS. 200.000 emplois seraient également menacés.
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Alors que les modalités d'application de la "Volcker Rule" sont toujours en discussions, voila une étude qui tombe à point nommé pour le secteur bancaire américain. Menée par l'institut IHS, elle conclut que la mise en place de cette mesure - qui prévoit de limiter le trading pour compte propre des banques - se traduira par une hausse des prix des matières premières et par la perte d'environ 200.000 emplois dans le secteur de l'énergie.

"Compte tenu de la nature unique du marché des matières premières, l'application de la 'Volcker Rule', telle qu'actuellement proposée, devrait excessivement réduire la capacité des banques à remplir les activités nécessaires de faiseur de marché dans la gestion des risques et à jouer le rôle d'intermédiaire, juge ce rapport. Les clients qui ont besoin de ces services pourraient voir leur coûts augmenter ou faire face à leur indisponibilité".

"Il est important de s'assurer que la liquidité des marchés et l'offre de services essentiel ne seront pas restreintes par la mise en application de la 'Volcker Rule' tout en préservant la qualité et la sécurité de nos marchés financiers", préconise ainsi cette étude. Dans le cas contraire, elle anticipe une perte de 34 milliards de dollars pour le Produit intérieur brut américain (PIB) au cours des cinq prochaines années, ce qui déboucherait sur la suppression d'environ 200.000 emplois (hors industrie financière).

Dans le détail, IHS estime que la "Volcker Rule" entrainerait une hausse des prix de l'essence à la pompe - qu'elle chiffre à 4 cents par gallon ce qui représente 2 milliards de dollars par an - et provoquerait la fermeture de raffineries. Les prix de l'électricité seraient également affectés, représentant un surplus de 5,3 milliards de dollars par an. Tout comme les prix du gaz naturel, touchés par une baisse des investissements des entreprises du secteur.

Les conclusions de cette étude sont cependant remises en cause. Tout d'abord parce qu'elle a été commandée par Morgan Stanley, la deuxième banque d'affaires américaine et l'une des principales perdantes du renforcement de la régulation. "Il s'agit juste du dernier exemple d'une série d'études financées par l'industrie financière dont le seul but est de discréditer la 'Volcker Rule'" estime Lisa Donner, sur CNBC, directrice de l'organisation Americans for Financial Reform.

IHS se défend de toute partialité, assurant que ses conclusions ne sont le fruit que de ses propres expertises. Mais "comme les autres études produites par les grandes banques qui seront impactées par la ?Volcker Rule?, ce rapport ne prend pas en compte l'arrivée de nouveaux acteurs sur ces marchés si les activités des banques étaient restreintes", renchérit Simon Johnson, professeur d'économie au Massachusetts Institute of Technology (MIT).

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Commentaire 1
à écrit le 29/03/2012 à 9:09
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Vraiment du n'importe quoi. Pas de spéculation et les prix montent avec fermeture de raffineries ? Le jeu de l'offre et la demande spéculative ne jouerait qu'à la baisse et ainsi sauverait des milliers d'emplois? Les financiers s'occupent avec compas...

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