Valse de patrons chez Gras Savoye

A la surprise générale, Patrick Werner arrivé en septembre 2011 comme directeur général du premier courtier d'assurance du marché français, quitte ses fonctions. Et il est remplacé par un homme extérieur au sérail : François Varagne, jusqu'alors Pdg d'Antargaz.
François Varagne, nouveau directeur général de Gras Savoye

A peine sept mois après son arrivée comme directeur général de Gras Savoye, Patrick Werner est parti. Annoncé dès la fin de matinée du 4 avril par la Lettre de l'Assurance et confirmée dans l'après-midi par le premier courtier d'assurance du marché français, la nouvelle n'a pas manqué de surprendre. Il y a deux mois encore, Patrick Werner annonçait une réorganisation de Gras Savoye et plusieurs recrutements. Fin janvier, il revendiquait encore le soutien et l'accord des actionnaires le fonds d'investissement Astorg, le courtier Willis et les familles fondatrices, Lucas et Gras.

Un nouveau directeur général mais les mêmes orientations
Les actionnaires ont maintenant décidé d'accorder leur « plein soutien » à son successeur : François Varagne. Son choix représente aussi une surprise dans la mesure où il n'est pas issu du secteur de l'assurance, ni même de la finance. A 56 ans, ce diplômé d'HEC, titulaire d'une maîtrise de philosophie, a débuté sa carrière en 1984, chez Sidec (Société Industrielle pour le Développement de l'Energie charbon) en tant que directeur commercial. Puis, il exerce de 1993 à 1997 dans le secteur du travail intérimaire d'abord chez ECCO puis chez Adia dont il devient président du directoire. En 1997, il est nommé au poste de président de Brink's France et prend l'année suivante la présidence de Générale de Transport et d'Industrie (aujourd'hui Keolis). Depuis 2001, il était président directeur général d'Antargaz.

Le Conseil de surveillance a toutefois « remercié Patrick Werner pour le très important travail de refocalisation stratégique et commerciale, et de réorganisation interne qu'il a réalisé, et qui sera poursuivi, selon les mêmes orientations et priorités, par son successeur ». Bref, on change l'homme mais on valide ses décisions. Le désaccord semble donc avoir porté davantage sur la forme que sur le fond. Le style de management de Patrick Werner jugé « brutal » par certains, son manque d'égard vis-à-vis de Patrick Lucas, le président du conseil de surveillance et vis-à-vis de directeurs évincés, auraient précipité son départ.

Une solide réputation
Difficile de croire pourtant que la personnalité de l'ancien directeur général de La Banque Postale n'était pas connue de tous. Cet énarque, inspecteur des finances, s'est en effet taillé une solide réputation à la fois dans le secteur de l'assurance comme directeur général du groupe Victoire (devenu Aviva) (1991-1995) puis comme délégué général de la Fédération française des sociétés d'assurance (1996 -1998) et dans le secteur de la banque, au sein du groupe La Poste (1998-2011) comme directeur général délégué en charge des services financiers puis à partir de 2006 comme président de La Banque Postale.

Combattif, il a fait face au front des banques et des assureurs, et même des autorités européennes, qui ne voulaient pas voir émerger l'entreprise publique comme un bancassureur à part entière, obtenant successivement le feu vert pour lancer le crédit à la consommation, l'assurance dommages et le crédit aux entreprises. En interne, Patrick Werner n'a pas hésité à faire fi des résistances et des baronnies, quitte à sacrifier les bonnes relations avec sa maison mère. Lui qui, en arrivant chez Gras Savoye, se réjouissait d'entrer "pour la première fois dans une entreprise où le management est actionnaire" en a mesuré les inconvénients.


 

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