Madrid et Rome font face à des taux d'emprunt en forte hausse

L'Espagne est parvenue à lever ce mardi 1,933 milliard d'euros à court terme et Rome 3,5 milliards à moyen-long terme. Si la demande a été forte dans les deux cas, le coût de ces différents emprunts ne cesse d'augmenter depuis avril. Des difficultés qui s'expliquent par des programmes de réduction des déficits rendus peu crédibles par le contexte économique et politique.
Le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, reçu par son homologue italien, Mario Monti, le 23 février dernier - Copyright AFP

De l'autre côté des Alpes et des Pyrenées, le coût de l'emprunt s'envole. L'Espagne a levé ce mardi 1,933 milliards d'euros en bons à 3 et 6 mois. La demande est restée forte, dépassant les 9,4 milliards d'euros, ce qui a permis au Trésor espagnol d'atteindre le haut de la fourchette visée qui prévoyait d'emprunter entre un et deux milliards d'euros. Mais le coût de ces emprunts à pratiquement doublé par rapport à la dernière opération similaire : 0,634% sur trois mois (contre 0,381% fin mars) et 1,580% sur six mois (contre 0,836%), selon la Banque d'Espagne.

Même constat en Italie mais pour des échéances différentes. Rome a emprunté mardi 3,44 milliards d'euros sur le marché, un montant frôlant son objectif maximum de 3,5 milliards,  grâce à une demande qui s'est élevée au total à 6,5 milliards. Dans le détail, le Trésor italien a émis 2,5 milliards d'euros de certificats du Trésor zéro coupon à échéance 2014 dont les taux ont bondi à 3,355% contre 2,352% lors de la dernière opération similaire le 27 mars. Il a émis en outre 501 millions d'euros de bons du Trésor indexés sur l'inflation à échéance 2017 dont les taux se sont inscrits à 3,88% contre 2,04% précedemment et 441,5 millions d'euros de bons du Trésor indexés sur l'inflation à échéance 2019 à un taux de 4,32% contre 3,06%.

Des politiques ambitieuses de rédution des déficits

Les deux pays sont engagés dans des politiques ambitieuses de réduction des déficits et avaient vécu un premier trimestre plutôt calme sur les marchés, contrastant avec une fin d'année 2011 difficile. Madrid affiche ainsi un objectif de ramener son déficit public de 8,51% de son PIB fin 2011 à 5,3% en 2012 puis 3% en 2013. Mais, avec le retour de la récession au premier trimestre annoncé lundi par la Banque d'Espagne, les marchés doutent de plus en plus des capacités du pays à respecter son programme budgétaire. La difficulté de réduire le déficit public dans ce contexte, à laquelle s'ajoute un chômage record de 22,85% fin 2011, met le pays sur la sellette, et ces tensions se sont ressenties ces derniers jours dans la Bourse madrilène. Celle-ci a ainsi glissé sous la barre symbolique des 7.000 points et renoué avec ses plus bas niveaux de mars 2009. Depuis le début de l'année, elle est celle qui a le plus baissé en Europe, perdant près de 19% de sa valeur contre seulement 6% pour son homologue italien.

Rome, qui avait profité depuis le début de l'année de conditions d'emprunt favorables, fait face à un bond de ses taux d'intérêt depuis la mi-avril en raison du regain d'inquiétude des marchés pour la zone euro et, en particulier, pour l'Espagne. La politique de rigueur y trouve par ailleurs ses limites. Le gouvernement de Mario Monti a ainsi revu à la hausse sa prévision de récession pour 2012 repoussant d'un an le retour à l'équilibre budgétaire prévu dorénavant pour 2014. La hausse des coûts d'emprunt peut également s'expliquer par le climat de tensions en Europe avec la crise politique aux Pays-Bas et le résultat du premier tour de l'élection présidentielle française qui a vu le candidat socialiste François Hollande devancer Nicolas Sarkozy.

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Commentaire 1
à écrit le 24/04/2012 à 17:35
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L'Espagne ne s'en sortira pas toute seule, a court ou moyen terme, elle devra demander une aise financière.

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