L'UFC-Que Choisir alerte sur la petite vertu des sociétés de crédit

Un an après l'entrée en vigueur de la loi Lagarde, destinée à mieux encadrer le crédit renouvelable, très peu d'établissements la respectent, selon l'UFC-Que Choisir, qui porte plainte contre plusieurs d'entre eux.
L'UFC-Que Choisir a porté plainte contre des magasins de grandes enseignes de distribution, qui ne respectent pas la loi Lagarde sur le crédit renouvelable.Copyright Reuters

Triste anniversaire pour la loi Lagarde, du nom de l?ancienne ministre de l?Economie. Le 1er mai dernier entrait en vigueur cette loi destinée à mieux encadrer le crédit renouvelable, afin de lutter contre le surendettement, qui a grimpé de 6,6% en France, en 2011. Un an plus tard, bien peu d?établissements de crédit la respectent, selon une enquête publiée ce mercredi par l?association de consommateurs UFC-Que Choisir. Les résultats de cette enquête - menée en janvier et février 2012 auprès d?un millier de magasins appartenant à 45 grandes enseignes de distribution comme Carrefour et Darty? sont « assez catastrophiques », s?indigne Nicole Perez, présidente de l?UFC-Que Choisir dans le département des Deux-Sèvres.

Un tour de passe-passe

Certes, les vendeurs se hasardent de moins en moins à orienter systématiquement le chaland vers le fameux crédit renouvelable, dont le taux d?intérêt et les mensualités peuvent être très élevés, ce qui en fait un produit particulièrement rentable pour les établissements de crédit. Cette pratique n?intervient plus que dans 36,6% des cas. Mais, lorsque les vendeurs s?aventurent tout de même à proposer un crédit renouvelable, ils omettent, dans près de 80% des cas, de proposer un crédit alternatif au crédit renouvelable, alors que la loi Lagarde les y oblige pour les sommes supérieures ou égales à 1.000 euros.

Et, quand bien même les vendeurs proposent un crédit alternatif, tel qu?un crédit amortissable ou gratuit, l?obtention de ce dernier est conditionnée, dans plus de 70% des cas, à la souscription à une carte de fidélité, généralement adossée à? un crédit renouvelable. Au total, trois consommateurs sur quatre ressortent donc du magasin avec un crédit renouvelable ! « Un véritable tour de passe-passe », dénonce Maxime Chipoy, responsable des systèmes de paiement à l?UFC-Que Choisir.

Peu de questions sur la situation professionnelle ou le nombre de crédits

Pis, l?association de consommateurs décerne aux établissements de crédit un « zéro pointé » en matière de vérification de la solvabilité des emprunteurs. Dans 85% des cas, en moyenne, les vendeurs ne s?enquièrent pas plus de la situation professionnelle du client que du nombre de crédits qu?il cumule déjà. « Le crédit en magasin reste en libre-service, c?est très inquiétant », déplore Maxime Chipoy, qui estime que 98% des cas de surendettement pourraient être détectés grâce au respect de la loi Lagarde, celle-ci obligeant notamment les vendeurs à consulter le fichier FICP relatif aux incidents de paiement des particuliers.

Les sites Internet guère plus vertueux que les magasins

Selon l?enquête de l?UFC-Que Choisir, il n?y a pas un établissement pour racheter l?autre, ou presque. Si Fly (ameublement et décoration) s?impose comme la plus vertueuse des dix principales grandes enseignes étudiées par l?association, elle n?en affiche pas moins un taux de mauvaises pratiques de 62%, pas très éloigné du « cancre » Décathlon (75%).
Les sites Internet spécialisés dans le crédit à la consommation ne sont guère plus exemplaires. Sur les douze sites passés au tamis par l?UFC, deux seulement ? Oney, filiale d?Auchan, et Francefinance, qui appartient à la Société générale -, respectent la loi Lagarde sur le plan du choix entre un crédit renouvelable et un crédit alternatif.

Résultat, l?UFC-Que Choisir a saisi ce mercredi la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) afin qu?elle enquête à son tour et sanctionne les contrevenants à la loi Lagarde. L?association s?apprête également à écrire au ministère de l?Economie et aux parlementaires, pour demander une interdiction pure et simple de l?offre de crédit renouvelable sur le lieu de vente, ainsi qu?une déconnexion totale entre cartes de fidélité et crédit renouvelable. Enfin, l?UFC-Que Choisir a déposé plainte, pour défaut d?offre alternative au crédit renouvelable, contre des magasins Carrefour, But, Fly, Cora, et contre Sofinco (Crédit agricole), Financo (Crédit Mutuel Arkéa), Cetelem (BNP Paribas), Cofidis (Crédit Mutuel-CIC) et Cofinoga (BNP Paribas et Galeries Lafayette). Reste que les amendes encourues, d?un montant de 1.500 euros, sont symboliques.

 

 

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Commentaires 4
à écrit le 26/04/2012 à 17:36
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C'est tout simplement honteux... Quel dommage que notre contrée ne permette pas les "class action", parce qu'en 6 mois il n'y aurait plus la moindre dérive... On comprend dailleurs pourquoi une loi permettant ce type de recours est bloqué au plus hau...

à écrit le 26/04/2012 à 14:32
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Alors encore une loi sans effet et quelle pénalité dissuasive pour ces sociétés financières 1500 ?! on croit rêver. Des agios autour de 20%, un taux d'usure légal réduit de moitié et là votre dossier serait peut être mieux étudié à l'ouverture du co...

à écrit le 26/04/2012 à 12:55
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La loi devrait prévoir l'annulation pure et simple de tout prêt illégal. Après quelques pertes de tout droit à récupérer leur argent, je suis bien certain que ces organismes seraient ensuite plus vigilants.

à écrit le 25/04/2012 à 18:31
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a part la mention "un crédit vous engage il doit etre rembourser" je n'ai pas vu de changement dans les 6 crédits de ce genre que j'ai et que je n'ai jamais utilisés... les taux sont toujours à 19 et 20 % aucune activité de controle ni de mes revenus...

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