JP Morgan : la "baleine de Londres" fait ses premières victimes

La banque américaine a confirmé ce lundi le départ de sa directrice des investissements, Ina Drew, 30 ans de maison. Selon Reuters, deux de ses principaux adjoints basés à Londres et impliqués dans la perte d'au moins deux milliards de dollars qu'a connue l'établissement seraient également sur le point de démissionner.
Devant les bureaux de JP Morgan Chase à Londres - Copyright AFP

Sur la sellette depuis la révélation d'une perte de courtage d'au moins deux milliards de dollars, la directrice des placements de JP Morgan Chase & Co, Ina Drew sera bien débarquée de la célèbre banque américaine. L'établissement l'a lui-même confirmé ce lundi dans un communiqué.

Dimanche, le "New York Times" avait indiqué qu'Ina Drew, 55 ans, avait "présenté sa démission à de nombreuses reprises depuis que l'ampleur des pertes a commencé à devenir apparente fin avril, mais Jamie Dimon (le patron de la banque) s'est abstenu jusqu'à maintenant de l'accepter". Le quotidien ajoutait que le départ de ce "lieutenant de confiance" de la direction marquait "un retournement de fortune spectaculaire pour l'une des femmes les plus puissantes de Wall Street."

La fin de 30 ans de carrière chez JP Morgan

Jusqu'à ce que la banque reconnaisse l'ampleur des pertes dans ses activités de couverture, Ina Drew était considérée comme l'un des meilleurs gestionnaires de risques de bilan du secteur financier. Mais la dirigeante, qui avait gagné plus de 15 millions de dollars par an en 2010 et 2011, voit donc ses 30 ans de carrière chez JP Morgan s'achever brutalement. Le sort de deux de ses principaux adjoints également impliqués dans le scandale, Achille Macris et Javier Martin-Artajo, n'est pas évoqué dans le communiqué de la banque, s'est étonné l'agence Reuters à qui des sources avaient indiqué ces derniers jours qu'ils étaient eux aussi sur le départ.

Ina Drew sera remplacée par Matt Zames, à la tête jusqu'à présent de la division des prêts hypothécaires et qui co-dirigeait en outre l'activité taux de la banque d'investissement au niveau mondial. JP Morgan précise dans son communiqué que Mike Cavanagh, directeur de la gestion de trésorerie et des métiers titres, gèrera désormais une équipe de cadres chargée de superviser et de coordonner la réponse du groupe à l'actuelle situation de crise. Son objectif: "s'assurer que les bonnes pratiques et les leçons tirées soient transmises au sein de l'entreprise".

"Nous avons été stupides"

Début avril, le "Wall Street Journal" et l'agence Bloomberg avaient révélé qu'un trader français de JPMorgan, Bruno Michel Iksil, basé à Londres, avait pris des engagements sur un indice répliquant l'évolution des credit default swaps (CDS ou dérivés de crédit) de 121 entreprises américaines. Ses prises de position sur ce marché se seraient élevés à 100 milliards de dollars, soit 76 milliards d'euros, un montant supérieur au budget du ministère de l'éducation nationale en France de 60,5 milliards d'euros en 2011. Une prise de risque maximum qui lui avait valu le surnom de "Baleine de Londres" ou encore de "Voldemort", le sorcier maléfique de la saga Harry Potter. Dans son communiqué, la banque ne précise pas quand elle prendra sa décision concernant Bruno Michel Iksil qui devrait lui aussi faire ses cartons prochainement.

Depuis sa révélation, l'affaire ne cesse d'éclabousser la banque dont le titre a chuté de 9,28% vendredi dernier. "Nous avons été stupides", a concédé Jamie Dimon jeudi soir. "Il s'agissait d'une mauvaise stratégie, très mal exécutée et pauvrement supervisée", a-t-il poursuivi au cours d'une conférence téléphonique organisée à la hâte, parlant d'erreurs "flagrantes" ne relevant pas de la "façon dont nous voulons faire notre métier". Cette perte historique pour la première banque américaine en termes d'actifs a également relancé le débat sur la régulation financière aux Etats-Unis. "L'annonce d'aujourd'hui nous rappelle le besoin d'établir des règles strictes et efficaces pour protéger les contribuables d'avoir à couvrir des paris très risqués", a ainsi réagi le sénateur démocrate Carl Levin, co-auteur de la "Volcker Rule", actuellement étudiée par le Congrès américain et dont l'entrée en vigueur, initialement prévue le 21 juillet, a été repoussée. Le porte-parole du président américain Barack Obama, Jay Carney, a également souligné l'importance "de faire adopter la réforme de Wall Street" et de l'appliquer "complètement".

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Commentaire 1
à écrit le 14/05/2012 à 22:52
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Et dire que ce sont les confrères de Mme Drew qui sont aux manettes partout dans le monde et sensés nous sortir du pétrin. Autant confier les clés d'un couvent à une mère maquerelle (remarquez : elle rentabiliserait l'affaire, elle...)

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