L'agence de notation Moody's très sévère à l'égard de BNP Paribas. La banque française est ainsi notée AA- chez Standard and Poor's et A+ chez Fitch, soit deux crans et un cran au-dessus de sa note chez Moody's (A2). Moody's a même attribué une note de crédit dite "isolée" ("standalone") de baa2 à BNP Paribas, c'est-à-dire sans tenir compte de la probabilité d'un éventuel soutien extérieur en cas de difficultés.
Cette dégradation était prévisible car Moody's avait placé en février BNP Paribas "sous revue" annonçant ainsi la possiblité d'une baisse de la notation. De plus, la banque présidée par Boudouin Prot est loin d'être la seule concernée : 14 autres banques occidentales ont été également dégradées dont les américaines Citigroup et Bank of America et deux autres banques françaises.
Le poids des activités de marché et une position de liquidité plus faible que ses concurrents
Pour justifier sa décision concernant BNP Paribas, Moody's évoque l'importance des activités de marché dans les revenus de la banque, ainsi que sa plus forte dépendance au financement à court terme et sa position de liquidité plus faible que ses grands concurrents. L'autre facteur jouant contre la banque française est son exposition importante aux économies "sous pression" en zone euro, en particulier l'Italie par le biais de sa filiale BNL.
BNP Paribas a reproché à Moody's de n'avoir "pas tenu suffisamment compte" du renforcement de ses fonds propres "durs" (capital et bénéfices mis en réserve rapportés aux crédits consentis) qui seront fin 2012 parmi les plus élevés au monde, ni de l'importance des liquidités dont elle dispose.
BNP Paribas réplique
Tout en se félicitant que Moody?s "salue l?efficacité de son modèle de banque universelle et l?extrême qualité de son dispositif de banque de détail et de banque des entreprises, proposant une large gamme de produits, dans de nombreux pays", BNP Paribas conteste la sévérité de l'agence.
La banque française souligne que son plan d?adaptation, pratiquement achevé, " lui permettra de figurer d?ici à la fin 2012 parmi les très rares banques avec un ratio Core Equity Tier 1 « fully-loaded Bâle 3 » de 9 %". Elle contredit les critiques de Moody's sur sa position en termes de liquidités en indiquant qu'elle comptabilisait "au 31 mars 2012, pour 201 milliards d?euros d'actifs liquides immédiatement disponibles, représentant environ 100% de ses ressources wholesale court-terme, et un excès de ressources stables de 51 milliards d?euros par rapport aux besoins de financement de son activité de clientèle".
Enfin, BNP Paribas insiste sur sa bonne réistance pendant la crise et se revendique comme l'"une des banques les plus solides au monde".
Société Générale et Crédit Agricole ne sont pas épargnés
Moody's n'a pas ménagé les deux autres grandes banquess françaises cotées (Société Générale et Crédit Agricole). Elle donne à leur encontre les mêmes arguments que pour BNP Paribas. L'agence a cependant eu la main plus lourde pour le Crédit Agricole, seule à avoir écopé d'une perspective négative (stable pour les deux autres). Pour l'agence, cette différenciation tient à la plus forte vulnérabilité du Crédit Agricole à la Grèce et à une éventuelle sortie du pays de la zone euro.
Sujets les + commentés