Barclays sanctionnée pour manipulation de taux

En acceptant de payer au total l'équivalent de 290 millions de livres (362 millions d'euros) pour mettre fin à des poursuites la visant au Royaume-Uni et aux États-Unis, la banque britannique est devenue mercredi la première grande institution financière à être sanctionnée suite à des enquêtes ouvertes pour des tentatives de manipulation des taux interbancaires Libor et Euribor. Son directeur général, Bod Diamond, a fait son mea culpa et renonce à son bonus
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La banque britannique Barclays est devenue mercredi la première grande institution financière à être sanctionnée suite à des enquêtes ouvertes sur plusieurs continents pour des tentatives de manipulation des taux interbancaires Libor et Euribor. Barclays a accepté de payer au total l'équivalent de 290 millions de livres (362 millions d'euros) pour mettre fin à des enquêtes la visant au Royaume-Uni et aux Etats-Unis. Son directeur général, Bob Diamond, a aussi fait son mea culpa en renonçant à un bonus cette année, de même que trois autres membres de la direction.

La plus grosse amende jamais imposée par le régulateur britannique

Le groupe britannique indique dans son communiqué que les poursuites étaient liées à "une enquête dans tout le secteur (bancaire) sur la fixation des taux d'intérêts interbancaires pour une série de devises". L'autorité britannique des services financiers (FSA) a précisé lui avoir infligé une amende de 59,5 millions de livres pour des conduites répréhensibles liées aux taux interbancaires de référence sur le marché londonien (Libor) et dans la zone euro (Euribor). "C'est la plus grosse amende jamais imposée par la FSA", et elle aurait été encore plus importante si la banque n'avait pas collaboré à l'enquête et obtenu ainsi un rabais de 30%, souligne le communiqué du régulateur.

Accord avec les Etats-Unis également et invesigations en cours au Japon, en Suisse et en Europe

Outre la FSA, Barclays a passé des accords à l'amiable aux Etats-Unis avec l'autorité de régulation des marchés à terme et dérivés (CFTC) et le département de la Justice (DoJ). Elle va leur verser respectivement 200 millions de dollars (160 millions d'euros) et 160 millions de dollars. En échange, le DoJ lui a accordé l'immunité dans des enquêtes sur des violations de la concurrence. Les régulateurs de plusieurs pays soupçonnent depuis un moment déjà des manipulations dans la fixation des taux Libor et Euribor, utilisés pour déterminer le prix auquel les banques se prêtent de l'argent entre elles. "Barclays a essayé de manipuler les taux d'intérêt et a fait de fausses déclarations qui ont bénéficié à ses positions de courtage sur les dérivés" a commenté la CFTC, l'agence de réglementation du courtage des dérivés et contrats à terme aux Etats-Unis. Ces infractions ont été commises "souvent" et des traders de Barclays ont même "demandé à d'autres banques de les aider" dans leurs maniputaions, ajotue la CFTC. En plus des Etats-Unis et du Royaume-Uni, des investigations sont en cours au Japon, en Suisse et au niveau de l'Union européenne (UE), concernant aussi pour certaines le taux interbancaire japonais Tibor.

D'autres établissements impliqués

Parmi les établissements cités comme impliqués dans l'une ou l'autre des enquêtes figurent la banque française Société Générale, les suisses UBS et Credit Suisse, l'allemande Deutsche Bank, la sino-britannique HSBC, les américaines Citigroup, JP Morgan Chase et Bank of America, les britanniques RBS et Lloyds Banking Group, la néerlandaise Rabobank, les japonaises Bank of Tokyo-Mitsubishi, Mizuho Financial Group et Sumitomo Mitsui Banking Corporation. La FSA a d'ailleurs indiqué mercredi qu'elle "poursuivait une série d'autres enquêtes transnationales" et que l'amende infligée à Barclays avait valeur d'avertissement. La banque britannique n'est donc probablement pas la dernière à devoir mettre la main au portefeuille.

Calmer les actionnaires

En décidant de renoncer à ses bonus, la direction du groupe tente aussi d'amadouer les actionnaires, très critiques ces derniers temps envers les institutions financières et surtout les rémunérations jugées trop généreuses de leurs dirigeants. Ce "printemps des actionnaires", qui a notamment coûté sa place au directeur général de l'assureur Aviva, avait également touché Barclays en avril. Dans un mouvement de colère sans précédent, 32% des actionnaires avaient refusé d'endosser le rapport sur les rémunérations qui leur était soumis et 24% le maintien à son poste de la présidente du comité des rémunérations, Alison Carnworth.

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Commentaires 9
à écrit le 28/06/2012 à 16:58
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Vraiment pas cher payé ! Et pas de prison ?

à écrit le 28/06/2012 à 13:22
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Quand est-ce que la JP Morgan sera condamnée pour manipulation des taux des matières premières comme l'or ou l'argent ?

le 28/06/2012 à 16:59
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Avez-vous des preuves ? Il faut les publier en urgence !

à écrit le 28/06/2012 à 13:10
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Tiens! La société Générale serait (potentiellement) impliquée. Toujours dans les "bons coups ou coûts"....

à écrit le 28/06/2012 à 9:32
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Pendant ce temps là, au procès Kerviel, un autre est condané à 5 ans de prison... 2 poids, 2 mesures.

à écrit le 28/06/2012 à 9:02
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Sacré BOB ! C'est la première fois qu'il va devoir baisser la tête face à quelqu'un, ça va lui changer ! Et puis ça lui fait du bien de se prendre un gadin pareil, pas d'argent de poche cette année ! Vu l'augementation de son salaire l'an dernier il ...

à écrit le 27/06/2012 à 21:47
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Ce qui est tout de même inimaginable, c'est qu'on ne poursuive jamais ces gens, donc qu'on ne les condamne jamais. Que font les juges qui par ailleurs viennent nous parler de ces sujets avec force conviction? Et pour ceux qui veulent définitivement ...

le 28/06/2012 à 6:51
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Ces gens sont condamnés : la preuve, l'article. Et leur fraude doit leur rapporter DIX fois le montant de l'amende, c'est la règle.

le 28/06/2012 à 19:30
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condamnation=fraude les preuves sont en cours d'examen!!!

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