Ces fonds d'investissement qui jouent aux banquiers

Ils sont de plus en plus nombreux à se spécialiser dans les fonds de dette, afin d'occuper le terrain laissé vacant par les banques qui finançaient auparavant les LBO (acquisitions par endettement).
Le financement bancaire des LBO a chuté de 42% en Europe, depuis janvier 2012. Copyright Reuters

La raréfaction du financement bancaire n'affecte pas seulement les PME. Mais également les fonds de LBO (Leverage Buy-Out: acquisition par endettement), qui utilisent l'effet de levier de la dette pour optimiser leurs investissements. Dans les grandes lignes, le métier des fonds de LBO consiste à acheter des entreprises en déboursant le moins de capitaux possible. Les fonds financent donc leurs acquisitions essentiellement via de la dette, qu'ils remboursent au moyen des cash-flows générés par les sociétés rachetées.

Le hic, c'est que depuis l'aggravation de la crise financière, il y a un an, les banques se font prier pour financer des LBO. Et, lorsqu'elles acceptent, elles imposent souvent des conditions drastiques, notamment en matière de «covenants», ces ratios financiers que les emprunteurs doivent respecter, faute de quoi leur dette devient immédiatement exigible par les banques créancières.

L'exemple de Partners Group

Certains fonds ont trouvé la parade, en prenant tout bonnement la place des banques. C'est le cas, par exemple, du suisse Partners Group, qui, voici quelques mois, a prêté l'essentiel du 1,8 milliard d'euros nécessaire à l'acquisition du groupe BSN Medical par le fonds suédois EQT. De la même façon, en septembre, le fonds IK Investment Partners a pu financer le rachat du chimiste de spécialités Unipex grâce à une dette de près de 100 millions d'euros contractée auprès des fonds Ares Capital et LFPI Gestion.

Le financement bancaire des LBO a chuté de 42%

Tikehau, ICG, Blackstone, Axa, CVC... Un nombre croissant de fonds se positionne sur ce marché de la dette LBO, laissé en partie vacant par les banques. Une tendance qui n'est pas près de s'inverser, les banques européennes devant appliquer, à partir de 2013, la réglementation dite de Bâle III, qui leur imposera de détenir davantage de fonds propres en face de leurs engagements, et les découragera donc d'accorder beaucoup de crédits. Depuis le début de l'année, le financement bancaire des LBO a ainsi chuté de 42%, en Europe, à 72 milliards de dollars, selon l'agence Reuters. Un fossé que les fonds d'investissement spécialisés dans la dette sont encore loin de combler, avec une force de frappe totale limitée à 3,5 milliards de dollars.

Des rendements alléchants

Mais celle-ci devrait rapidement s'étoffer. Car lever un fonds de dette est relativement aisé, les investisseurs potentiels étant séduits par des rendements de l'ordre de 15%. Si les fonds sont en mesure de servir de tels rendements, c'est parce que les dettes qu'ils proposent sont assorties de taux d'intérêt de 10% à 11%, soit le double de ceux des dettes bancaires classiques. Reste que la montée en régime de ces fonds d'investissement-banquiers pourrait se retrouver dans la ligne de mire des régulateurs européens, bien décidés à lutter contre le «shadow banking» (banque de l'ombre).

 

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