Vols, dégâts des eaux, accidents... : une addition salée pour les assureurs (et pour les assurés)

Les assureurs font le bilan des sinistres observés en 2012 en auto et en habitation. Si la fréquence des sinistres baisse, leur coût et donc leur prise en charge par les assureurs augmente. Une inflation qui aura un impact sur les tarifs d'assurance.
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Pas (encore) de catastrophe naturelle importante cette année. Et pourtant : les assureurs accusent déjà le coup. Certes, la fréquence des sinistres en automobile baisse (-2% pour les sinistres matériels, -4% pour les sinistres corporels), tout comme celle des sinistres incendie en habitation (- 4.8%), selon les derniers chiffres de la profession sur les huit premiers mois de l'année (voir tableaux ci-dessous).
Mais leur coût est en augmentation : +2% pour les sinistres auto matériels, +5% pour les sinistres auto corporels, +5% pour les bris de glace et + 5% pour les vols de voiture.
Une hausse du coût des sinistres qui viendra logiquement impacter les tarifs d'assurance pour 2013...

Inflation du prix des pièces détachées

Concernant l'auto, la progression du coût des sinistres corporels est liée à l'inflation des décisions judiciaires en matière d'indemnisation de cas lourds, c'est-à-dire au titre d'atteintes à des facultés physiques ou psychiques, des douleurs ou des préjudices moraux irréparables. La Fédération française des sociétés d'assurance signale ainsi que ces cas représentent 2% du nombre total des sinistres, mais 50% de leur montant.
Quant au coût de plus en plus élevé de l'indemnisation des dommages matériels, il est en grande partie imputable au prix des réparations et des pièces détachées. Sachant que, selon l'Autorité de la concurrence (avis n° 12-A-21 du 8 octobre 2012), les assureurs prennent en charge 85% des opérations de carrosserie. Et que le coût des sinistres de bris de glace a encore augmenté de 5% cette année.
Floréal Sanchez, chargé de mission à la direction technique du groupe Macif, remarque en outre que "les petits épisodes locaux d'orages de grêle ont impacté le coût des sinistres auto de manière significative cette année".

Des déplacements réduits

Heureusement donc pour les assureurs que tous les conducteurs ne s'assurent pas "tous risques"... Car environ 40 % des personnes ne sont assurées qu'au tiers, "si bien qu'ils doivent engager eux-mêmes les dépenses de réparations consécutives à des sinistres matériels pour lesquels ils sont responsables", précise l'Autorité de la concurrence.
La baisse de la fréquence des sinistres automobiles est un facteur positif pour les compagnies : -15% de fréquence de sinistres bris de glace ou -9% pour la fréquence des vols. "En auto, la hausse du prix des carburants et un hiver rude ont impliqué un nombre de déplacements réduit, et donc une baisse de la fréquence des sinistres. Le nombre plus important de radars a également incité à plus de vigilance", précise Floréal Sanchez. Lors de la présentation de ses résultats en juin dernier, la GMF indiquait elle aussi observer une baisse de la fréquence des sinistres, qu'elle mettait également sur le compte d'une moindre utilisation de la voiture liée à une augmentation des prix à la pompe.

Les dégâts des eaux, point noir de l'année

Les sinistres en habitation n'ont pas manqué non plus. En cause : le vieillissement du parc immobilier, des installations électriques vétustes, une surcharge des multiprises, l'utilisation accrue des chauffages au bois, les ruptures de canalisations, les cambriolages, etc... A fin août, la fréquence des sinistres baisse pour les incendies, mais continue d'augmenter pour les vols (+2,2% après une hausse de 12% en 2011) et explose pour les dégâts des eaux (+29,9%) à cause de l'épisode de gel de février.
"L'importante sinistralité concernant les dégâts des eaux ne s'explique pas tant par le gel que par le dégel. Nous avons autant souffert en février 2012, que pendant les chutes brutales et exceptionnelles de température qui avaient eu lieu en hiver 1985 et 1986/87", affirme Floréal Sanchez. Les dégâts causés par l'épisode de gel de février dernier ont été estimés à 500 millions d'euros par la profession.
Par ailleurs, la fréquence des vols déclarés auprès des assureurs suit de près les données de l'Observatoire national de la délinquance. Celui-ci a en effet recensé près de 137 000 cambriolages de résidences principales sur les huit premiers mois de l'année, en hausse de 6,4%, après 200 557 intrusions en 2011.

Vétusté du parc immobilier

Le coût des indemnisations liées aux incendies est aussi en hausse (+12%). "A ce sujet, plusieurs facteurs peuvent rentrer en ligne de compte. D'abord, les équipements évoluent et les foyers disposent de plus en plus de matériel sensible, audiovisuel ou électronique notamment, ce qui génère donc des coûts plus élevés en cas d'indemnisation. Par ailleurs, la vétusté du parc immobilier et les branchements électriques parfois hasardeux peuvent aussi expliquer ce type de sinistre. Ces derniers facteurs devraient encore perdurer plusieurs années", ajoute Floréal Sanchez.
Au final, après un pic en 2009 (104%) et un retour à l'équilibre en 2011, le ratio combiné (somme des frais de gestion et du coût des sinistres rapportée aux primes encaissées) des assureurs se dégrade à nouveau pour atteindre 102% en auto et 104% en habitation.

Des hausses de tarifs à prévoir

Cette hausse des sinistres pourrait avoir un impact non négligeable sur les tarifs d'assurance pour 2013, en période de rappel de cotisations. La DGCCRF l'avait d'ailleurs bien remarqué dans son rapport de janvier 2011 sur l'évolution des cotisations d'assurance auto et habitation. : "Les tarifs semblent bien suivre l'évolution de la sinistralité, à la baisse, comme dans le creux du milieu de la décennie, ou à la hausse, comme en début et fin de cette période."
Cyrille Chartier-Kastler, président du cabinet Facts & Figures, table sur une hausse des tarifs d'assurance auto comprise entre 2 et 3%, et entre 3 et 4% en assurance habitation. Dans les deux cas, il estime que les hausses seront plus marquées sur les contrats déjà en portefeuille que sur les nouveaux contrats. Le comparateur Assurland.com prévoit, lui, des augmentations plus modérées, à savoir +1% pour l'automobile et +2,5% pour l'habitation.

Les femmes paieront davantage

Le montant moyen d'une assurance automobile pour les particuliers est d'environ 400 euros hors taxes selon le CCSF fin 2010. Et le prix moyen d'une assurance habitation était d'environ 219 euros hors taxes selon la profession en 2010.
Indépendamment de la sinistralité, les tarifs seront par ailleurs impactés cette année par la décision de la Cour de Justice de l'Union Européenne d'unifier les tarifs entre conducteurs masculins et féminins, alors que chacun payait jusqu'à maintenant le prix correspondant au risque qu'il représentait. Les hommes occasionnant des sinistres plus importants et plus lourds à indemniser, ils s'acquittent de cotisations plus élevées que les femmes.
Mesdames, attendez-vous donc à payer plus cher vos cotisations d'assurance à partir du 21 décembre, date à laquelle cette décision prendra effet... Fin 2011, la Fédération européenne des assurances estimait qu'une femme de 20 ans verrait sa prime d'assurance auto augmenter d'environ 9% en France, tandis qu'un homme du même âge verrait la sienne baisser de 7%.
 

 >>> A consulter : Les accidents et les vols de voitures par régions en 2010 (FFSA)

Fréquence des sinistres et coûts moyens en auto

 

Fréquence des sinistres en habitation

Source: FFSA GEMA

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Commentaires 8
à écrit le 20/10/2012 à 10:13
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La solution est dans la multidetention!

à écrit le 18/10/2012 à 12:59
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il faut rappeler a nos assureur que leurs vocations première c'est de rembourser les éventuelle dégât que leurs clients peuvent subir en voiture a la maison ou ailleurs et non pas de placer l 'argent a des fins spéculatif pour eux mê...

à écrit le 18/10/2012 à 12:13
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faut bien essorer les pertes sur les marchés financiers.c'est cela qu'ils appellent des "catastrophes naturelles"

le 18/10/2012 à 12:30
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éxacte: votre fric, celui de vos paiements réguliers, qu ils ont mis dans la grèce et autres, ne vaut plus un clou.. et alors il faut augmenter les tarifs? trop simple. Messieurs les assureurs, venez avec d'autres propositions que des augmentations (...

à écrit le 18/10/2012 à 11:31
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je rigole. Vous allez voir votre chef et lui demandez 5% en plus parceque les prix du loyer a augmenté de 5% et du pain de 5% etc.? Il vous dira: économisez. Donc messieurs les assureurs: réduisez vos salaires, vendez vos sièges de société, videz vos...

à écrit le 18/10/2012 à 8:19
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l'assureur doit assumer ses prises de risques,sinon il n'est pas assureur

le 18/10/2012 à 11:17
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il ne veut rien dire ce commentaire...

le 18/10/2012 à 21:48
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La prime augmente car il y a inflation, et que les stats ne sont pas bonnes. Il faut savoir que pour les assureurs, l'assurance auto n'est pas un produit rentable, les assureurs perdent de l'argent au final. C'est juste un produit d'attrait, car obl...

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