"L'investissement socialement responsable est un concept flou"

<b>INTERVIEW - </b> A l'occasion de la semaine de l'Investissement socialement responsable (ISR) qui se déroule jusqu'au 20 octobre, Philippe Aurain, directeur de Fédéris Gestion explique à La Tribune sa vision en tant qu'acteur de l'économie sociale.
Philippe Aurain, directeur des gestions de Fédéris Gestion d'Actifs.

Philippe Aurain, dirige Fédéris Gestion filiale à 100% du groupe de prévoyance paritaire Malakoff Médéric. Cette société de gestion a été pionnière de l'Investissement socialement responsable (ISR) en créant en 1999 une gamme de fonds dédiée. Elle gère aujourd'hui 26 milliards d?actifs dont 400 millions d?euros de fonds labellisés «ISR».

 

La Tribune - Pourquoi la totalité de vos actifs n?est-elle pas gérée en ISR puisque c?est une préoccupation ancienne pour votre groupe issu de l'économie sociale?

Philippe Aurain - Toute notre gestion n?est en effet pas labellisée Investissement socialement responsable (ISR). Mais l?ISR imprègne quand même la gestion classique de tous nos fonds d?actions européennes car nous intégrons des éléments extra-financiers dans notre appréciation, au côté d?éléments financiers.

Pourquoi ne pas aller plus loin, étant donné que Fédéris gestion a été l?un des pionniers de l?ISR en France?

Le problème est, qu?en théorie, c?est à l?investisseur de définir ses critères ISR mais en réalité la plupart des investisseurs délèguent la définition et la mise en ?uvre à des sociétés de gestion. Or cela donne des résultats très disparates. Par exemple, certains fonds excluent l?énergie nucléaire de leurs portefeuilles à cause des déchets et d?autres, au contraire, l?incluent car le nucléaire réduit l?effet de serre et le réchauffement climatique. Bref, chacun apporte son propre point de vue, l?ISR est un concept flou.

Une solution de place est-elle envisageable pour clarifier le concept?

Non, car il ne s?agit pas de fixer une définition pour tous. L?ISR est forcément subjectif. Dès lors que l?on aborde la question des valeurs, il est difficile de mettre tout le monde d?accord. Mais ça ne veut pas dire qu?il n?y a pas de socle commun même s?il y a des approches différentes. Il faut établir et documenter le lien entre le choix d?un critère et la performance, et surtout être transparent sur la méthode utilisée.

La labellisation ISR est-elle une solution satisfaisante?

La labellisation Novethic ne dit pas ce qu?il faut faire, mais elle est utile car elle garantit qu?une procédure est en place.

Et la performance est-elle au rendez-vous?

Chaque processus ISR ayant une approche différente, leur performance est variable. Avoir de bonnes intentions n?apporte pas forcément de bonnes performances! Mais en plus des critères éthiques, la gestion ISR suppose des critères de gestion des risques. Or ce type de critères n'est pas toujours pris en compte dans la gestion financière classique, ce qui peut faire une différence positive. Notre portefeuille ISR superforme en tout cas son indice de référence. Nous faisons des recherches pour tenter d?évaluer l?impact des choix ISR dans la performance globale.

La semaine de l?ISR qui se déroule cette année du 11 au 20 octobre vous semble-t-elle utile?

Oui, car le concept de l?ISR est source de confusion. Donc, les manifestations durant cette semaine de l?ISR sont l?occasion de débattre, de progresser et permettent aux investisseurs institutionnels comme les assureurs, les institutions de prévoyance ou les mutuelles de clarifier les concepts.
 

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Commentaire 1
à écrit le 18/10/2012 à 17:24
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oui mon gars: un investisseur est par définition un presseur de citron. Voir mon commentaire ici: http://www.latribune.fr/entreprises-finance/banques-finance/industrie-financiere/20121017trib000725503/sisi-les-fonds-de-capital-investissement-s-intere...

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