Comment BNP Paribas réussit à dégager 1,3 milliard d'euros de résultat net malgré la conjoncture morose

BNP Paribas a ouvert le bal des résultats trimestriels des banques françaises ce mercredi 7 novembre. Elle affiche un bénéfice net de 1.3 milliard d'euros et une croissance de l'activité de ses différents métiers.
Jean-Laurent Bonnafé, directeur général de BNP Paribas, Copyright Reuters

Certes, le bénéfice net à fin septembre de BNP Paribas est en baisse par rapport à celui du premier et du deuxième trimestres, mais il reste à un niveau élevé, à 1,32 milliard d?euros (contre 1,85 milliard d?euros fin juin et 2,9 milliards d?euros fin mars). A titre de comparaison, le bénéfice net de Société Générale au deuxième trimestre s?élevait à 433 millions d?euros, celui de Crédit Agricole SA à 111 millions d?euros (éléments exceptionnels inclus).
Pour BNP Paribas, l?évolution par rapport à la même période l?an dernier est particulièrement flatteuse, en hausse de +144%, le troisième trimestre 2011 ayant intégré une dépréciation de 2,1 milliards d?euros sur les obligations grecques.

Des résultats supérieurs aux attentes

Ces résultats interviennent dans un contexte atone et alors même que les analystes prédisaient à Reuters que, concernant le marché, "les revenus dans la banque de détail sont très bas, il y a une pression sur les commissions du fait de l?environnement de taux actuel et on entre en récession, les provisions pour créances douteuses vont augmenter". Les résultats de la banque aux étoiles ont donc été supérieurs aux attentes des analystes, qui tablaient sur un bénéfice net de 1,25 milliard d?euros selon le consensus établi par Dow Jones.
Dans ce cadre, et malgré une réévaluation de sa dette qui a creusé le résultat de 774 millions d?euros, comment BNP Paribas arrive-t-il à afficher une telle performance?
La banque n?a pourtant pas échappé aux tendances du marché, à savoir un ralentissement de la demande de crédit de la part des entreprises et des affaires nouvelles en baisse pour le crédit immobilier.

Baisse des crédits, hausse des dépôts

"Concernant le crédit aux entreprises, il continue de progresser pour les TPE PME de 2,4%. En revanche, les grandes entreprises se tournent davantage vers le financement obligataire", déclare Jean-Laurent Bonnafé, directeur général de BNP Paribas.
Mais les provisions pour créances douteuses restent "à un niveau modéré, à 0,55% de l?encours de crédit", ajoute-t-il. Dans le même temps, les dépôts continuent d?augmenter (+6,2%), tirés par une progression de 9,8% des comptes d?épargne. Ils croissent également en Belgique (+3,5%), au Luxembourg (+12,1%), comme dans la zone Europe Méditerranée (+13,8%)
"L?activité commerciale de la banque de détail en France est bonne, dans un contexte de ralentissement économique. La production de crédits immobiliers reste dans la moyenne du marché, mais recule de 35% par rapport à l?an dernier, année exceptionnelle concernant les affaires nouvelles". En France, la banque relève une diminution de 0,2% des encours de crédits. La baisse des taux et l?atonie de la demande de crédits a ainsi eu un impact sur les revenus liés aux intérêts, qui baissent de 3,4%.
Au final, l?activité de banque de détail en France atteint un produit net bancaire de 1,7 milliard d?euros, en baisse de 2,1%.

Des résultats tirés par l?international

A l?international, la Turquie a entraîné à la hausse les résultats de la région Europe Méditerranée, par une croissance de 35,3% de ses dépôts et de 11,8% de sa production de crédits. Le pays affiche au final un produit net bancaire en hausse de 47,6%, ainsi qu?un coefficient d?exploitation en recul de 28 points lié à la rationalisation de son réseau d?agences.
L?Allemagne et la Belgique ont quant à elle soutenues la production de crédit à la consommation de la branche dédiée du groupe, BNP Personal Finance.
L?international a par ailleurs compensé la mauvaise passe que traverse l?assurance vie actuellement en France. Grâce à une bonne dynamique de certains pays asiatiques comme Taïwan ou la Corée du Sud, et de l?Amérique du Sud, les revenus de l?assurance du groupe ressortent en hausse de 17,6%.
Quant aux dépréciations sur sa filiale italienne BNL, elles ne sont pas d?actualité. Jean-Laurent Bonnafé signalait à ce sujet en juin dernier qu?"on ne déprécie une société rachetée que lorsqu?elle n?est plus bénéficiaire". Au troisième trimestre, son bénéfice avant impôt s?élevait à 141 millions d?euros.

Un plan d?adaptation achevé

En ce qui concerne la banque de financement et d?investissement, ses résultats ont été attisés par la forte croissance des revenus du métier de conseil et de marchés de capitaux (+41,5%) et de celui de "fixed income" (+38%), qui ont bénéficié de la reprise des marchés et du dynamisme des émissions obligataires. L?activité du métier Actions est lui aussi en croissance (+51%), mais elle bénéficie d?un effet de base favorable, le troisième trimestre 2011 ayant subi de plein fouet la crise des marchés.
Le groupe indique que le coût des cessions d?actifs réalisé depuis la mise en ?uvre du "plan d?adaptation" s?est élevé à 250 millions d?euros, une somme très inférieure aux prévisions.
Et 45 milliards de réductions d?engagements ont été effectués entre juin et septembre. "Le plan d?adaptation est totalement achevé, notre niveau de capitaux propres et de liquidités nous permet désormais de nous tourner vers de nouveaux projets de croissance organique", indique Jean-Laurent Bonnafé.

Excédent de liquidité

Un élément exceptionnel a enfin joué positivement, apportant 427 millions d?euros au groupe via l?intégration d?écarts de valeur sur Fortis suite à des remboursements anticipés.
Au final, le groupe se situe en excédent de liquidités, puisque les fonds propres ajoutés aux dépôts de la clientèle et aux ressources à moyen et long terme représentent un surplus de 71 milliards d?euros de "cash" au regard des besoins de financement de l?activité de clientèle et des immobilisations de fonds propres qui peuvent être requises. Le groupe précise que "les réserves de liquidité et d?actifs disponibles instantanément s?élèvent à 239 milliards d?euros et représentent 114% des ressources de trésorerie à court terme".
A 13h00, le titre BNP Paribas affichait une hausse de 4,50%.
Les résultats du troisième trimestre de Société Générale sont attendus demain, ceux de Crédit Agricole vendredi.

 

Chiffres clés du troisième trimestre 2012 (évolution par rapport au troisième trimestre 2011)

?Produit net bancaire du groupe : 9693 millions d?euros (-3.4%)
?Résultat net part du groupe : 1324 millions d?euros (+144%)
?Résultat avant impôt de la banque de détail en France : 1 milliard d?euros (+0.3%)
?Résultat avant impôt de la région Europe Méditerranée : 81 millions d?euros (+35.5%)
?Résultat avant impôt de l?activité de crédit à la consommation (Personal Finance) : 335 millions d?euros (+8.1%)
?Résultat avant impôt du pôle Investment Solutions (gestion d?actifs, assurance?) : 501 millions d?euros (+20.4%)
?Résultat avant impôt de la banque de financement et d?investissement : 732 millions d?euros (+7.3%)
?Coût du risque : 944 millions d?euros (-68.6%)
?Ratio crédits sur dépôts : 112% (contre 115%)
?Ratio Common Equity Tier One en Bâle 3 (ratio de fonds propres durs) : 9.5%

>> Voir ici l'intégralité des résultats du troisième trimestre 2012
 

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Commentaires 6
à écrit le 08/11/2012 à 6:08
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le plan ayrault va dans le bon sens.en 2014,la baisse des charges sociales nous permettra de maintenir nos dividendes!

le 08/11/2012 à 6:53
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attention a la faute sur ACTIONNAIRE

le 08/11/2012 à 11:31
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excusez moi,je ne suis pas très bon en ortographe

à écrit le 07/11/2012 à 17:30
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ce sont les rois de l'arnaque avec les retraités

le 07/11/2012 à 22:12
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Heureusement, je ne suis pas à la BNP !

le 11/11/2012 à 16:41
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ou je dirais : "malheureusement vous n'êtes pas à la BNP..." :-)

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