Fausses introductions en Bourse pour vraies start-up

Par Christine Lejoux  |   |  499  mots
Dans l'enceinte de l'ancienne Bourse de Paris, une quarantaine de start-up à la recherche de financement tenteront de convaincre une centaine d'investisseurs de la pertinence de leur projet. Copyright Reuters
Dans le cadre des Grand Prix de l'innovation de la Ville de Paris, une quarantaine de start-up en quête de financement se présenteront ce soir à une centaine d'investisseurs. Réunis au sein du Palais Brongniart, à Paris, ces derniers voteront avec des actions virtuelles. Une manifestation ludique mais symbolique des difficultés de financement de l'innovation, en France.

«J'ai !», «je prends !» Ce mardi soir, la Bourse de Paris d'avant 1987, avec sa corbeille et les cris de ses agents de change, ressuscitera brièvement. Durant une heure et demie, dans une ambiance digne des plus belles heures du palais Brongniart, de vrais investisseurs miseront sur une quarantaine de start-up bien réelles, au moyen de bons de souscription parfaitement faux, eux. Cette reconstitution s'effectuera à la faveur de la remise des Grands Prix de l'Innovation. Cette manifestation, organisée depuis onze ans par la Ville de Paris, se déroule systématiquement au Palais Brongniart. «Cette année, nous avons cherché à exploiter ce lieu de façon à illustrer la problématique actuelle des jeunes entreprises innovantes, à savoir leur financement», explique Jean-Louis Missika, adjoint au maire de Paris, chargé de l'innovation, de la recherche et des universités.

Le problème de «l'equity gap»

De fait, la problématique du financement de l'innovation en France est des plus complexes, comme l'a montré en octobre la révolte dite des pigeons, ces entrepreneurs et ces financiers qui se sont estimés «plumés» par le projet de loi de Finances pour 2013, et en particulier par l'alourdissement de la taxation des plus-values de cession. Le problème du financement des entreprises innovantes, c'est également «l'equity gap», quand les besoins financiers des start-up deviennent trop élevés pour les business angels mais n'atteignent pas encore le million d'euros en deçà duquel nombre de fonds de capital-risque ne veulent plus investir.

43 start-up sélectionnées sur 150 prétendantes

Aussi, lorsque la Ville de Paris a lancé un appel à candidatures pour permettre à une quarantaine de start-up de se présenter -en trois minutes- devant des investisseurs, l'initiative a fait mouche. Jeunes pousses des secteurs du numérique, des biotechnologies, des technologies vertes... «Nous avons reçu près de 150 dossiers de start-up, désireuses de saisir cette opportunité d'acquérir de la visibilité auprès des investisseurs», raconte Jean-Louis Missika. Le jury des Grands Prix de l'Innovation, constitué de la Ville de Paris, de la Caisse des dépôts, de la Société générale et du cabinet d'avocats Fidal, a sélectionné 43 start-up, en fonction de l'intérêt des projets et de leur degré de maturité, ainsi que de leurs besoins de financement.

Un prix d'une valeur de 10.000 euros

La centaine d'investisseurs qui seront présents au Palais Brongniart ce soir voteront pour l'une ou l'autre des 43 start-up, au moyen des fameux faux bons de souscription. «Les trois start-up qui auront récolté le plus «d'investissements» recevront de la part de la Ville de Paris et des autres sponsors de l'événement un package d'une valeur de 10.000 euros, comprenant des services tels qu'une aide au dépôt de brevets et à la levée de fonds, ainsi que six mois d'incubation au sein de l'association Paris Region Lab», indique Jean-Louis Missika. Un premier pas avant de pouvoir peut-être prétendre, un jour, à une introduction en Bourse... et une vraie!