Financement automobile : Crédit Agricole répond présent pour le « LOA social »

La filiale de crédit à la consommation du groupe souhaite devenir le leader européen des mobilités vertes et faire du financement automobile, dans un secteur en profonde mutation, son principal cheval de bataille. Elle compte notamment sur ses accords de partenariat avec le constructeur Stellantis mais aussi sur l’innovation. Crédit Agricole Consumer Finance (CACF) compte ainsi lancer des offres de location de courte durée en ville sous la forme d’abonnement.
Crédit Agricole entend jouer un rôle majeur dans le financement automobile en Europe.
Crédit Agricole entend jouer un rôle majeur dans le financement automobile en Europe. (Crédits : Reuters)

Le thème des mobilités est devenu très prisé dans le monde de la banque. Société Générale souhaite même en faire son « troisième pilier », aux côtés de la banque de détail et de la banque d'investissement, depuis le rachat du leader européen du leasing automobile LeasePlan. Le groupe mutualiste Crédit Agricole mobilise également sa puissante filiale Crédit Agricole Consumer Finance (CACF), spécialisée dans le crédit à la consommation, sur ce nouveau terrain de jeu.

Et ce, souligne Stéphane Priami, directeur général de CACF, « à un moment où beaucoup de choses se transforment » dans l'univers des consommations. Digitalisation, émergence d'une économie de l'usage, mutation du marché automobile sont autant de défis que de potentiels relais de croissance pour les acteurs du financement. CACF compte bien « devenir le leader européen des mobilités vertes ». C'est du moins le plan de marché de son nouveau plan stratégique à l'horizon 2025.

Le financement de l'automobile reste en effet la grande priorité du groupe, déjà très agressif sur ce marché, et ce à l'échelle européenne. La mise en place des accords avec le groupe automobile Stellantis, annoncés l'an dernier et qui seront pleinement opérationnels début 2023, est un élément clé de cette stratégie, sur deux piliers. La coentreprise créée avec le constructeur a vocation tout d'abord à devenir le numéro trois européen du leasing, derrière Société Générale (ALD/LeasePlan) et BNP Paribas (Arval), avec un objectif d'un million de véhicules gérés d'ici 2026. Et entré plus tardivement de ses concurrents dans ce métier, CACF se fait fort de verdir plus vite sa flotte.

Montée en puissance de FCA Bank

Ensuite, FCA Bank (ex-captive du groupe Fiat Chrysler), désormais filiale à 100% de CACF, aura vocation à devenir l'outil de financement de l'automobile privilégié du groupe à l'échelle européenne, avec un objectif de dix milliards d'euros d'encours d'ici 2026. Mais Crédit Agricole entend laisser jouer la concurrence entre FCA Bank et les autres sociétés de crédit de CACF, un modèle qui a bien fonctionné en France dans la banque de détail entre les caisses régionales et LCL.

Le groupe, qui joue à la fois sur ses réseaux propres, ses partenariats et ses solutions en marque blanche estime être armé pour faire face à la rapide mutation de la filière automobile, avec notamment une forte concentration des concessionnaires, l'apparition de nouveaux constructeurs, notamment (chinois, et surtout la plus grande maturité du marché de l'occasion, en plein boom (il se vend désormais cinq fois plus de véhicules d'occasion que de véhicules neufs, un rapport qui était de un à trois avant la crise sanitaire).

Offre à moins de 100 euros par mois

Le leasing automobile, qui représente déjà 70% en moyenne des financements des véhicules neufs, et qui sera le principal vecteur de l'électrification du parc automobile, devrait s'élargir à de nouvelles formules pour répondre aux nouvelles attentes (contraintes) des consommateurs. CACF a ainsi l'intention de lancer des offres de location de courte durée dans les villes, sous la forme d'un abonnement, une formule plus chère que la location longue durée (de 10 à 15%), mais plus flexible.

« L'abonnement est l'avenir de la mobilité », estime Giacomo Carelli, directeur général de FCA Bank. Cette offre est déjà testée dans plusieurs pays, notamment en Italie, avec « Car Cloud », disponible sur Amazon. Quelque 25.000 abonnements ont été souscrits, dont 80% par des particuliers.

Crédit Agricole entend également répondre au souhait émis par le président de la République de proposer aux ménages les plus modestes une offre de location avec option d'achat (LOA) à 100 euros par mois pour les aider à faire face aux nouvelles zones à faible émission (ZFE), mises en place notamment en région parisienne, et qui sont de nature ces ménages de l'accès à l'automobile.

Beaucoup de professionnels du crédit et de l'automobile estiment la mission impossible à relever mais Sofinco, le navire amiral du crédit à la consommation de CACF, se déclare prêt à proposer ce « LOA social », d'une durée de 7 à 8 ans, à taux réduit. « Nous avons même identifié le véhicule qui va nous permettre de proposer cette offre à moins de 100 euros, et ce sans prendre en compte l'aide de l'État de 6.000 euros pour l'achat d'un véhicule électrique », soutient Richard Bouligny, directeur des partenariats chez CACF. Cette offre sera en effet proposée aussi bien pour des véhicules thermiques (Crit'1) qu'électriques. « Nous souhaitons être utiles », glisse Stéphane Priami.

Sofinco vise 20% du paiement fractionné en France

Si le groupe se refuse à lancer une solution de paiement différé en France (on achète et on paye plus tard), en l'absence notamment de fichiers positifs qui permettraient de recouper les crédits d'un client et sa solvabilité, il pousse les feux sur le paiement fractionné (paiement en X fois), avec notamment une offre phare de Sofinco de paiement en trois fois par carte bancaire.

« Nous visons 20 % de part de marché d'ici 2025, contre 15% actuellement », annonce Stéphane Priami. De fait, Sofinco est sur tous les grands appels d'offres, malgré une concurrence féroce, notamment de deux acteurs historiques, Oney (groupe BPCE) et Floa (BNP Paribas).

De nouveaux entrants, autant des fintechs françaises, comme Alma ou Pledg, que des géants comme Paypal ou Klarna, attaquent également le marché du paiement fractionné en France, après avoir raflé la mise dans de nombreux pays, y compris aux Etats-Unis. «Les nouvelles contraintes réglementaires et la hausse du coût du refinancement devraient redonner une prime aux acteurs bancaires traditionnels », estime cependant le patron du CACF.

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