La BCE appelle à son tour à une régulation des cryptomonnaies pour éviter un risque systémique

Après la Banque d'Angleterre (BoE) en mars, la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, début avril la BCE a également appelé lundi à réglementer les crypto-actifs, dont la dynamique est telle qu'ils atteignent une taille de marché désormais supérieure à celle des prêts hypothécaires à risque à l'origine de la grande crise financière de 2008.
(Crédits : EDGAR SU)

Après la Banque d'Angleterre (BoE) en mars, la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, début avril la BCE  a également appelé lundi à réglementer les crypto-actifs, dont la dynamique est telle qu'ils atteignent une taille de marché désormais supérieure à celle des prêts hypothécaires à risque à l'origine de la dernière grande crise financière.

"Nous devons déployer des efforts coordonnés au niveau mondial pour faire entrer les crypto-actifs dans le champ de la réglementation", a déclaré Fabio Panetta, membre du directoire de la BCE, dans un discours prononcé à New York.

Cet appel fait également écho à celui de la Banque d'Angleterre (BoE) qui a estimé en mars que la régulation des cryptomonnaies devait être accrue pour éviter que la croissance de ce secteur ne crée un risque systémique. Se basant sur des données publiées par le fonds Fidelity la Banque d'Angleterre estime qu'en septembre 2021, 13% des fonds spéculatifs (hedge funds) américains et 23% des fonds spéculatifs européens possédaient des cryptoactifs", même s'il s'agit probablement d'investissements sur des montants peu élevés, précisait-elle.

Un risque pour le système financier

La demande croissante pour les actifs numériques et les paiements instantanés a fait émerger un écosystème avec des "mineurs" qui créent des cryptomonnaies et une kyrielle d'intermédiaires. Autour du bitcoin, la plus célèbre des cryptomonnaies, la taille du marché des crypto-actifs "est désormais plus importante que ne l'était le marché des prêts hypothécaires à risque" lorsque ce dernier "a déclenché la crise financière mondiale (de 2008) avec une valeur de 1.300 milliards de dollars", a souligné Fabio Panetta.

Ces actifs "engendrent instabilité et insécurité", a critiqué le banquier italien.

C'est pourquoi "nous devons veiller à ce (que ces actifs) soient soumis à des normes conformes à celles appliquées au système financier", a-t-il ajouté

Pour cela les régulateurs sur la planète doivent "progresser plus rapidement" pour s'assurer que les crypto-actifs "ne déclenchent pas une frénésie de prise de risque anarchique", synonyme de "bulle".

Mais réguler ne suffit pas : "si le secteur officiel -pouvoirs publics et intermédiaires- ne satisfait pas" la demande forte en crypto, "d'autres interviendront", a prévenu FabioPanetta.

Un euro et un dollar numériques

Il a ainsi plaidé pour que les banques centrales s'engagent dans l'innovation numérique, à l'image de la BCE qui a lancé son chantier d'euro numérique. Cette innovation doit permettre aux citoyens d'utiliser la monnaie unique pour effectuer des paiements partout dans la zone euro.

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Début avril, la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, avait insisté sur la nécessité de renforcer et adapter la règlementation face aux cryptomonnaies, son ministère ayant été chargé par Joe Biden de plancher sur la création d'un dollar numérique.

"A mesure que les banques et autres sociétés financières traditionnelles s'impliquent davantage sur les marchés des actifs numériques, les cadres réglementaires devront refléter de manière appropriée les risques de ces nouvelles activités", avait-elle dit dans un discours à l'American University de Washington.

Janet Yellen avait par ailleurs souligné que les "nouveaux types d'intermédiaires (...) devraient être soumis à des formes de surveillance appropriées".

"Lorsque les nouvelles technologies permettent de nouvelles activités et de nouveaux produits et services, les réglementations financières doivent s'adapter", a ajouté la ministre de l'Economie de Joe Biden, estimant que cela devait "être guidé par les risques associés aux services fournis aux ménages et aux entreprises, et non par la technologie sous-jacente".

Le président américain a signé le 9 mars un décret demandant au département du Trésor de lui remettre sous six mois un rapport sur "le futur de la monnaie", lançant ainsi le dossier d'un dollar numérique.

La banque centrale américaine (Fed), qui y réfléchit depuis plusieurs années et avait publié en janvier un rapport, première étape d'une consultation publique, est de son côté chargée d'étudier les étapes qu'il faudrait mettre en place.

"En vertu du décret présidentiel, nous veillerons à ce que les consommateurs, investisseurs et entreprises bénéficient de protections adéquates contre la fraude et le vol, les atteintes à la vie privée et aux données, ainsi que les pratiques déloyales et abusives", avait encore assuré Janet Yellen.

Elle avait également alerté sur le fait que "l'innovation financière du passé n'avait trop souvent pas profité aux familles de travailleurs et a parfois exacerbé les inégalités, donné lieu à des risques financiers illicites et accru le risque financier systémique".

"Nous travaillons maintenant avec le Congrès pour faire avancer la législation afin de garantir que les stablecoins (cryptomonnaie adossée à une devise, NDLR) résistent aux risques qui pourraient mettre en danger les consommateurs ou le système financier au sens large", avait détaillé la ministre de l'Economie et des Finances de Joe Biden.

"Nous travaillons également en étroite collaboration avec nos partenaires internationaux pour promouvoir une réglementation et une surveillance cohérentes dans toutes les juridictions", a-t-elle ajouté. L'éventuelle création d'un dollar numérique "nécessiterait des années de développement et non des mois".

S'il aboutit, le chantier du dollar numérique pourrait révolutionner la finance mondiale, sur laquelle le billet vert règne en maître.

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Commentaires 3
à écrit le 26/04/2022 à 12:11
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Tous les stablecoins ne sont pas adossés à une devise, certains sont algorithmiques

à écrit le 26/04/2022 à 10:54
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Si c'est une menace pour les marchés financiers il faut foncer dedans tête baissée.

à écrit le 26/04/2022 à 10:08
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On veut nous faire croire que la cryptomonnaie sera l'or du futur! Il suffit d'y croire!;-)

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