
Chaque année, cette longue lettre d'une quarantaine de pages est lue avec attention par les grands financiers de la planète, y compris Warren Buffett. La lettre aux actionnaires du patron de JP Morgan, Jamie Dimon, insiste cette année sur les risques géopolitiques, « accrus », en particulier en Europe, dans la foulée du Brexit, et sur la régulation. Le directeur général de la première banque américaine - la première du monde en capitalisation boursière - s'inquiète des conséquences de la sortie de l'Europe du Royaume-Uni, où JP Morgan emploie près de 20.000 personnes, principalement à la City.
Il faudra « des autorisations réglementaires, déplacer des technologies et déménager quelques personnes », car il y aura des « pressions continues » de l'UE pour renforcer les effectifs des filiales européennes. Il avait d'ailleurs prévenu ses équipes qu'il devrait relocaliser jusqu'à 4.000 salariés à cause du Brexit. Au-delà de l'activation de l'article 50, Jamie Dimon a sa vision (bien américaine) des défis de l'Europe et des risques.
« Nous espérons que l'avènement du Brexit va conduire l'Union européenne à se concentrer sur la résolution de ses problèmes - immigration, bureaucratie, la perte de droits souverains et la rigidité du marché du travail - et ainsi se rassembler pour renforcer l'UE et l'union monétaire », écrit le patron américain. « Notre crainte, cependant, est qu'au contraire [le Brexit] conduise à une instabilité politique qui oblige l'UE à se scinder. La dislocation de l'UE et de l'union monétaire pourraient avoir des effets politiques et économiques dévastateurs. »
Alléger la régulation, mais pas trop
Le patron de JP Morgan, 61 ans, aux commandes depuis 12 ans, relativise : « Nous ne prédisons pas que c'est ce qu'il va se produire, mais la probabilité a augmenté et nous garderons un œil attentif sur la situation en Europe dans les années qui viennent. »
Si les risques géopolitiques arrivent en tête de ses préoccupations, avec ses investissements dans la technologie et les startups de la Fintech ("600 millions de dollars dépensés dans des solutions émergentes" sur un budget global de 9,5 milliards dans l'informatique et le numérique), un tiers de sa lettre aux actionnaires est consacré à un autre sujet, la régulation.
Ce patron qui murmure à l'oreille de Trump, pressenti comme secrétaire au Trésor, poste finalement dévolu à Steven Mnuchin, un ex-Goldman Sachs, se montre plus mesuré que les conseillers du président américain, chantres d'une dérégulation massive. S'il appelle de ses vœux un allègement de certaines règles, il ne prône pas l'abrogation de la principale loi mise en place pour prévenir une crise financière mondiale telle que celle des subprimes:
« Nous avons connu une grave crise financière, suivie d'une réforme nécessaire, et notre système financier est aujourd'hui plus fort et plus résistant. Pendant et depuis la crise, nous avons toujours soutenu une régulation réfléchie et efficace, pas seulement plus ou moins de régulation. Mais c'est un euphémisme de dire que des améliorations pourraient être apportées. L'environnement réglementaire est inutilement complexe, coûteux et parfois confus. [...]
Nous ne cherchons pas à jeter à la poubelle toute la loi Dodd-Frank ou d'autres règles. »
Jamie Dimon relève que le risque de "too-big-to-fail" a été réglé et qu'avec les dispositifs mis en place, Lehman ne ferait pas faillite aujourd'hui, ou sa chute n'aurait pas un tel retentissement, et les contribuables n'auraient pas à payer la note d'un sauvetage (bail-out). Toutefois, il estime que les exigences de fonds propres pourraient être allégées, et harmonisées à l'international, notamment le "matelas supplémentaire" requis par la Fed pour les banques systémiques, ce qui pourrait selon lui permettre aux établissements de financer « près de 190 milliards de dollars de prêts en plus ».
merci de prendre la peine de traduire et ainsi d'exprimer correctement les choses
Quand le numéro un d'une multinationale bancaire nous dit que la dérégulation bancaire c'est pas bien c'est qu'il faut déréguler à fond.
"L'environnement réglementaire est inutilement complexe, coûteux et parfois confus."! [...]dans un environnement simple, à bas coûts et organisé par et pour les banquiers, avec l'assurance que les Etats viendront à la rescousse en cas de crise, c'est sûr qu'il est plus facile de faire des affaires.
"il estime que les exigences de fonds propres pourraient être allégées,"évidemment!, ce serait autant d'argent à distribuer aux actionnaires. Les entreprises ne verraient JAMAIS la couleur des "190 milliards de dollars de prêts en plus". US GO HOME.
Non, L'Europe n'a pas été conçue pour détruire les nations. Elle est même l'assurance depuis 50 ans d'une stabilité qui n'a jamais duré aussi longtemps tous les siècles précédentes. Par contre elle est "vérolée" par les libéraux, ultras, néo,ordo qui la gouvernent: les assujettis au PPE, les affairistes, les puissances de l'argent. Ce n'est pas pour autant qu'il faut tout jeter et revenir à une Europe des Nationalistes. Le retour au chaos et à la guerre sera alors inévitable. L'Histoire est là pour en témoigner.
Ok le Brexit n'a pas encore commencé, mais comme il est anticipé par les marchés et les acteurs économiques, il ne devrait quasiment pas avoir d'impacts réels sur l'économie. Au contraire ce peut être une opportunité pour les Britanniques de reprendre en main leur destin économique. Ils ne devraient pas être plus malheureux que les Suisses, les Norvégiens ou les Islandais qui ne sont pas dans l'UE.
Le RU n'est en rien comparable à la Suisse, à la Norvège ou à l'Islande.
Le RU c'est principalement la City et le seul point de comparaison avec la Suisse: c'est un Paradis Fiscal et une machine à laver l'argent sale.
Les Anglais vivent mieux que nous: tant mieux pour eux (si c'est vrai...),et si dans le futur ce n'est plus sur notre dos, ce sera encore mieux.
C'est ca aussi l' Europe.