La France à nouveau leader mondial des green bonds

Les émissions d'obligations vertes sont reparties de l'avant et viennent de franchir le cap des 100 milliards de dollars, ce qui pourrait se solder par un nouveau record sur l'année. Avec plus de 15 milliards émis depuis janvier, la France se place à la première place des émetteurs, devant les Etats-Unis et les Pays-Bas. Pionnier, Engie est le premier émetteur corporate dans le monde.
Delphine Cuny
Montant des émissions d'obligations vertes depuis janvier 2019 par pays, en milliards de dollars.
Montant des émissions d'obligations vertes depuis janvier 2019 par pays, en milliards de dollars. (Crédits : Climate Bonds Initiative)

La France reprend son titre de championne du monde de la finance verte. Au premier semestre, d'après le classement publié ce mardi 25 juin par l'organisation à but non lucratif britannique Climate Bonds Initiative, le premier pays émetteur d'obligations vertes depuis le début de l'année est la France avec 15,3 milliards de dollars (environ 13,4 milliards d'euros). Elle supplante les Etats-Unis, qui étaient leaders en 2018 et au premier trimestre, et les Pays-Bas, qui ont émis avec succès en mai dernier leur premier green bond souverain de 6 milliards d'euros.

Le marché des green bonds - ces emprunts émis sur les marchés dans le but de financer exclusivement des projets "verts", à l'impact positif sur le climat et/ou l'environnement (énergies renouvelables, réduction des émissions de CO2, etc), et assortis de contraintes de suivi et reporting - a repris des couleurs cette année : le volume d'émissions a franchi la semaine dernière les 100 milliards de dollars en moins de six mois et pourrait bien inscrire un nouveau record sur l'année.

« C'est la première fois que nous franchissons cette étape clé dès le premier semestre de l'année » s'est félicité Sean Kidney, le directeur général de Climate Bonds Initiative.

Ce cap des 100 milliards d'émissions avait été atteint l'an dernier en septembre 2018 et en 2017 en novembre, pour la première fois. C'est évidemment de bon augure pour l'ensemble de l'année.

HSBC, qui souligne que les émissions de green bonds sont en hausse de 57% par rapport à l'an dernier,  vient de relever sa prévision annuelle entre 180 et 240 milliards de dollars, contre une fourchette comprise entre 140 et 180 milliards. En 2018, le marché avait déçu en ne progressant que de 5% à 163 milliards de dollars. Moody's table sur 200 milliards de dollars cette année et Climate Bonds Initiative sur 250 milliards. Le marché reste petit à l'échelle de l'ensemble du colossal marché obligataire : les green bonds pèsent pour 2% des émissions de l'année selon l'estimation de HSBC.

Lire aussi : Qu'est-ce qu'un green bond ?

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Green bonds par mois 2017 2018 2019 CBI

[Emission d'obligations vertes par mois en milliards de dollars, en 2017, 2018 et 2019. Crédit : Climate Bonds Initiative]

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Engie champion corporate

Un grand groupe français se classe en tête des trois plus gros green bonds corporate de ce semestre : Engie, avec sa cinquième obligation verte émise en janvier pour un milliard d'euros puis sa sixième en deux tranches d'un total de 1,5 milliard d'euros le 14 juin. Depuis 2014, l'ex-GDF Suez, pionnier de la finance verte, a émis pour 8,75 milliards d'euros de green bonds, ce qui le place « à la première place des émetteurs corporate de green bonds dans le monde » se félicite le groupe.

« Engie s'est engagé à concilier la vision de long terme de l'entreprise et les objectifs financiers des investisseurs. Les green bonds, qui permettent de financer la transition zéro carbone de nos clients, en sont un levier essentiel » a commenté Judith Hartmann la directrice générale adjointe et directrice financière du groupe.

Sur les 15,3 milliards d'émissions françaises, la part des acteurs de la sphère publique (dont la note est soutenue par celle de l'Etat) est importante, s'élevant à 6,1 milliards selon les chiffres précisés par Climate Bonds Initiative.

Parmi ces acteurs publics très actifs du semestre, la Caisse des Dépôts a émis sa première obligation durable (verte et sociale) pour 500 millions d'euros le 13 juin, la Ratp a émis son deuxième green bond de 500 millions d'euros le même jour, tandis que Sncf Réseau a émis son quatrième en janvier pour 500 millions d'euros. En mai, la Société du Grand Paris, chargée de piloter la construction du supermétro francilien Grand Paris Express, a émis sa troisième obligation verte, pour un milliard d'euros, deux mois après avoir réalisé la deuxième, pour 2 milliards d'euros !

La Banque Postale s'est aussi lancée sur le marché en émettant son premier green bond en avril, pour un montant de 750 millions d'euros.

L'obligation verte souveraine de la France, émise en janvier 2017 pour 7 milliards d'euros, ce qui avait placé le pays en tête de classement cette année-là, a été abondée à plusieurs reprises, en février et mai dernier par adjudication pour 1,7 et 2,47 milliards d'euros respectivement. Son encours s'élève désormais à 19 milliards d'euros.

Lire aussi : L'obligation verte de la France atteint le record de 14,8 milliards d'euros

Du côté des arrangeurs de green bonds, les banques françaises sont également bien placées. Crédit Agricole avait fini l'année numéro un et se situe actuellement au troisième rang mondial selon Global Capital, derrière HSBC et Bank of America Merrill Lynch, devant BNP Paribas.

Delphine Cuny

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Commentaires 4
à écrit le 26/06/2019 à 12:11
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Les entreprises et banques qui émettent des greenbonds le font pour financer des projets censés améliorer la situation d un point de vue environnemental. Cela va du financement de moyens de productions non/moins polluants, à la rénovation de bâtiment...

à écrit le 26/06/2019 à 9:39
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Pour quel bilan ?

à écrit le 26/06/2019 à 9:26
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La France est le champion du monde du blabla, voilà la preuve. Emettre un "Green Bond", ne veut pas dire qu'on fait quelque chose pour l'environnement, cela veut juste dire qu'on s'est endetté et qu'il faut payer des intérêts et rembourser la dette ...

à écrit le 26/06/2019 à 8:42
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Logique puisque c'est la seule à y croire, pas forcément une bonne nouvelle par contre... Les américains doivent bien se marrer au moins c'est déjà ça. Tout miser sur la finance est une erreur obsolète que nos politiciens repus au néolibéralisme ...

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