La place financière de Paris veut favoriser l’essor des "fintech"

Le pôle de compétitivité Finance Innovation entend labelliser d’ici à la fin de l’année une centaine de fintech, afin de permettre à l’industrie financière française de relever au mieux le défi de la révolution digitale.
Christine Lejoux
Finance Innovation, le pôle de compétitité du secteur financier, planche sur la création de fonds d'investissement français dédiés aux fintech.

Les "fintech", ces startups qui veulent révolutionner l'industrie financière, se disent en réalité davantage complémentaires que concurrentes des acteurs traditionnels du secteur. Lesquels, de leur côté, semblent avoir bien conscience que leurs métiers ne couperont pas à la transformation digitale, et que celle-ci ne pourra s'opérer sans les fintech. En témoigne la multiplication des incubateurs, accélérateurs de startups, fonds d'investissement "corporate" et autres stratégies d'open innovation lancées ces dernières années par les banques et les assureurs.

Au-delà de ces initiatives privées, c'est la place financière de Paris dans son ensemble qui entend favoriser l'essor des fintech, afin de maintenir, ou plutôt de renforcer, sa compétitivité à l'échelle mondiale. Finance Innovation, l'un des 71 pôles de compétitivité reconnus par l'Etat et qui regroupe quelque 300 startups, PME, grandes entreprises, laboratoires de recherche et collectivités territoriales, vient ainsi de clôturer un appel à projets national. Lancé le 22 janvier, celui-ci visait à identifier les jeunes pousses les plus à même de permettre à la finance française de relever les défis des prochaines années, au premier rang desquels figure la révolution digitale.

Des startups souvent créées par d'anciens cadres du secteur financier

Quelque 120 projets sont en cours d'instruction par Finance Innovation, et concernent aussi bien le big data (analyse d'énormes masses de données) que les moyens de paiement, les solutions de gestion des finances personnelles ou le crowdfunding (financement participatif). Les meilleurs projets bénéficieront du label du pôle de compétitivité présidé par l'économiste Jean-Hervé Lorenzi. "Les projets labellisés par le pôle Finance Innovation doivent être crédibles et répondre à une problématique stratégique du secteur financier. Ils doivent en outre apporter une réelle innovation", précise Joëlle Durieux, directrice générale de Finance Innovation. Le pôle de compétitivité a ainsi pour objectif de labelliser une centaine de fintech d'ici à la fin de l'année.

Un label qui a pour but de favoriser la visibilité des sociétés sur leur marché, de faciliter leur recherche de financements publics ou privés, de leur apporter des contacts professionnels afin de les aider à nouer de premiers partenariats commerciaux. "Nous leur faisons gagner du temps", affirme Joëlle Durieux. Même si, reconnaît-elle, "les fintech sont d'autant plus prometteuses pour la nécessaire transformation digitale de la finance qu'elles sont souvent dirigées par d'anciens cadres du secteur, qui ont identifié "des trous dans la raquette" de l'industrie financière, c'est-à-dire de nouveaux services. Il s'agit de financiers qui savent présenter une société et organiser les relations avec les fonds d'investissement."

Finance Innovation planche sur la création de fonds dédiés aux fintech

Il n'empêche, même pour des patrons de startups au fait des us et coutumes des investisseurs, un appui institutionnel est toujours le bienvenu. Ce ne sont pas Lingua Custodia, Aston iTF ou Kyriba qui diront le contraire. Ces trois jeunes pousses ont fait partie de la délégation de fintech qui a accompagné Finance Innovation à New York, le 20 avril, dans le cadre du forum annuel organisé devant la communauté financière américaine par Paris Europlace, l'association chargée de promouvoir la place financière de Paris. Durant cette journée, pas moins de deux sessions ont été consacrées aux fintech françaises, afin de vanter leurs mérites auprès des investisseurs d'outre-Atlantique. En effet, si, au cours de la seule année 2014, les fintech françaises ont levé 25 millions d'euros auprès de fonds de capital-risque, contre 45 millions sur l'ensemble de la période 2008/2014, ce montant demeure cependant  lilliputien face aux 12,2 milliards de dollars (10,8 milliards d'euros) récoltés l'an dernier par les fintech à l'échelle mondiale, la part du lion revenant aux jeunes pousses américaines et britanniques.

Les fonds de capital-risque anglo-saxons sont donc les bienvenus dans l'actionnariat des fintech françaises. Pour autant, "l'idée est de garder nos startups en France, afin qu'elles créent des emplois, en les aidant à lever des fonds à l'international tout en gardant le contrôle de leur capital", nuance Joëlle Durieux. Mieux, indique la directrice générale de Finance Innovation, "l'écosystème du secteur financier français va s'organiser avec ses propres fonds d'amorçage et de capital-risque. Avec nos membres, en particulier les banques, les assureurs et les gérants d'actifs, nous sommes en train de travailler à la construction de fonds d'investissement dédiés aux fintech." On n'est jamais si bien servi que par soi-même.

Christine Lejoux

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Commentaires 4
à écrit le 23/06/2015 à 23:24
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Ils ont raison, Londres est spécialisé et possède l'infrastructure, alors autant y aller et rater la vague des HealthTech.

à écrit le 11/05/2015 à 14:17
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Payname est aussi une belle start-up FinTech qui va faire bouger le paysage ... notamment après son passage au jeudigital avec M. Macron et Axelle Lemaire.

à écrit le 11/05/2015 à 13:04
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ressituons "la place de Paris" dans le classement mondial, et cette initiative sera in fine très relative. plus efficacement, regardons ce projet à l'aune de la fiscalité française, tant aux professionnels qu'aux particuliers, inutile d'aller plus ...

à écrit le 11/05/2015 à 10:01
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Ah ah ah la fiscalité français a tué la place financière parisienne à petit feu. Paris est une petite place régionale. Que d'emplois détruits par haine de l'argent des autres !!!!!

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