[Article mis à jour le 10/03 à 11h05]
La France a l'ambition d'être une "Fintech nation", un des pôles de référence de la technologie financière. Il lui faut pour cela aider à faire grandir ses jeunes pousses (qui se plaignent d'être "une forêt de bonzaïs"), et ce, dès leur démarrage. C'est la mission du Swave, le premier incubateur dédié aux startups de la finance, inauguré ce vendredi à la Grande Arche de La Défense par Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie et des Finances, et Mounir Mahjoubi, le secrétaire d'Etat auprès du Premier ministre chargé du numérique.
"Je me souviens d'un président de la République qui disait "la finance est mon ennemie". Je crois exactement l'inverse" a déclaré Bruno Le Maire. "La finance est une nécessité vitale de notre économie. C'est un secteur d'avenir. Grâce à vous, nous sommes le pays européen le plus avancé, le plus en pointe. Je suis convaincu que nous avons la meilleure Fintech en Europe et l'une des meilleures au monde !"
L'ambition du gouvernement est que "le Swave s'impose rapidement comme une figure de proue de l'innovation ouverte au sein de notre place financière" et son but : "faire de la France le hub des Fintech au sein du marché européen". Une place aujourd'hui occupée par Londres.
Au centre de l'écosystème de la finance
Piloté par l'agence de développement économique Paris & Co, cet incubateur situé "au centre de l'écosystème de la finance", est soutenu par des partenaires privés, en premier lieu la Société Générale, au siège voisin, mais aussi AG2R La Mondiale, la société de gestion d'actifs NewAlpha AM, le cabinet de conseil Exton Consulting, le groupe Casino, Mastercard, ainsi que des acteurs publics comme le Crédit Municipal de Paris.
Une première promotion de 20 startups (sur 80 candidatures reçues) s'est déjà installée dans les bureaux de 2.500 m² de la paroi nord de la Grande Arche, "à proximité immédiate des plus grandes entreprises de la banque, de l'assurance, de l'audit et du conseil" et bénéficieront d'un accompagnement sur les spécificités réglementaires et prudentielles de la filière.
"D'ici 2019, le Swave incubera entre 40 et 50 fintech, françaises et étrangères, soit plus de 200 personnes collaborant avec les équipes internes de 12 grands groupes privés et de plusieurs acteurs académiques pour expérimenter les services financiers de demain.
Ce programme contribuera à donner au premier quartier d'affaire européen, et plus largement à la place financière de Paris, la capacité à devenir la référence en Europe continentale pour l'innovation financière, stimulant ainsi l'attractivité du territoire et la création d'emplois" explique Bercy.
IA, big data et Blockchain
Le Swave invite à les startups à venir "phosphorer au contact des grands groupes" et propose une "formule d'incubation orientée décollage" (développement commercial, levée de fonds, visibilité, recrutement, international), avec un approfondissement spécifique de thématiques sectorielles, au prix de 5.000 euros par an. L'incubateur a aussi une offre de location de bureaux (entre 600 et 750 euros par mois en fonction du nombre de postes).
Intelligence artificielle, big data et apprentissage automatique, Blockchain : les jeunes pousses ont toutes une composante technologique importante. Presque tous les univers de la finance sont représentés, le paiement (Izypay, Pledg), l'assurance (Sheriff des économies), la néobanque (Xaalys), la prévention de la fraude (Paytech), la gestion des notes de frais (Jenji), le conseil en investissement (Smile, A2IM Robotadvisors), le non-coté (Utocat), l'assurance vie (Wlth), etc.
Une demi-douzaine des jeunes pousses de la première promotion ont été créées tout juste l'an dernier, d'autres depuis quelques années, certaines n'ont qu'un fondateur, d'autres une dizaine de salariés comme Utocat (plateforme Blockchain), Zelros (IA pour assureurs) ou PayGreen (paiement en ligne avec arrondi ou compensation carbone) qui vient d'annoncer une levée de fonds d'un million d'euros.
A l'été 2018, un appel à candidatures sera lancé pour recruter la seconde promotion. Parmi les pistes d'innovation en réflexion, comme les ICO (Initial Coin Offerings, les levées de fonds en cryptomonnaies et jetons numériques virtuels) "qui présenteraient un intérêt pour financer la croissance des start-ups et des TPE françaises, sous réserve qu'elles soient encadrées".
"Je crois beaucoup en la Blockchain, c'est un instrument essentiel. La France a été le premier pays en Europe à autoriser l'utilisation de la Blockchain pour l'échange de titres non cotés. On entretient parfois la confusion sur les réseaux sociaux : c'est parce que je soutiens la Blockchain que je veux réguler le Bitcoin ! La spéculation sur le Bitcoin risque de dévaloriser la Blockchain" a tenu à préciser Bruno Le Maire.
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