Dans les banques, le numérique fait planer des incertitudes sur l’emploi

En 2014, les effectifs des banques françaises ont de nouveau diminué, de 0,9% selon la FBF. Une baisse qui tient notamment à la révolution digitale, l’appétit grandissant des clients pour la banque à distance conduisant à des réorganisations des réseaux d’agences.
Christine Lejoux
Essor de la banque à distance oblige, la fréquentation des agences bancaires a diminué de 5% en France, en 2014.

La révolution numérique est, en soi, "une très bonne chose", Marie-Anne Barbat-Layani en convient. Pour autant, la transformation digitale que l'industrie bancaire - comme la quasi-totalité des secteurs d'activité - doit opérer "fait peser des incertitudes sur l'emploi", a reconnu la directrice générale de la Fédération bancaire française (FBF), à l'occasion de la publication des chiffres annuels de l'emploi dans les banques françaises, lundi 6 juillet. Des chiffres qui montrent certes un rebond de 13% des recrutements, passés de 31.000 en 2013 à 35.000 l'an dernier. Mais cette hausse des embauches n'a pas permis de compenser les départs, puisqu'en 2014, et pour la deuxième année consécutive, les effectifs des banques françaises ont diminué, de 0,9%, après un repli de 1,4% en 2013.

Des baisses qui n'ont rien de massif mais qui reflètent bel et bien un changement de tendance. "Les comportements des clients se modifient : la banque en ligne devient de plus en plus prégnante", explique Philippe Gendillou, directeur des affaires sociales de l'Association française des banques (AFB, qui regroupe uniquement les banques commerciales, par opposition aux banques coopératives et mutualistes). Résultat, la fréquentation des agences bancaires a encore baissé en France, l'an dernier, de 5% selon l'AFB. De fait, alors qu'en 2010, plus de la moitié (52%) des Français se rendaient plusieurs fois par mois dans leur agence bancaire, ils sont aujourd'hui moins d'un quart (21%) à la visiter à cette fréquence, selon l'Observatoire de l'image des banques.

 La banque, une industrie de main-d'oeuvre

 Une évolution qui contraint les établissements bancaires à repenser leurs réseaux. "Nous fermons quelques dizaines d'agences par an", a ainsi admis Edouard-Malo Henry, directeur des ressources humaines de la Société générale, vendredi 3 juillet, lors d'une conférence de presse. Or, sur les 370.300 collaborateurs que compte le secteur bancaire en France, "le gros du bataillon se trouve dans les agences, nous sommes une industrie de main d'oeuvre", souligne Marie-Anne Barbat-Layani. Si la directrice générale de la FBF avoue ne pas être en mesure de quantifier l'impact du numérique sur la baisse des effectifs des banques, elle cite cependant la transformation digitale comme première cause de ce recul, avant le poids des réglementations et de la fiscalité, laquelle représente pourtant 54% du résultat net avant impôts des banques françaises.

"Le numérique ne crée pas seulement des incertitudes sur la quantité d'emplois, mais également sur leur qualité : grâce à Internet, les clients acquièrent assez vite des connaissances de base sur les produits et les services bancaires. Face à ces clients bien renseignés, les conseillers bancaires vont donc devoir délivrer des prestations à plus forte valeur ajoutée", insiste Marie-Anne Barbat-Layani. En effet, les métiers de conseillers patrimoniaux, en gestion de fortune et de conseillers "entreprises" sont ceux qui ont le plus le vent en poupe aujourd'hui, au sein des banques françaises, aux côtés de l'informatique, du juridique, de l'audit et de la conformité.

 Vers un certificat de professionnalisation dans le numérique

Aussi la formation de leurs collaborateurs, à laquelle les banques françaises consacrent en moyenne 3,5% de leur masse salariale chaque année, est-elle de plus en plus axée sur «"le développement de compétences à valeur ajoutée pour les conseillers commerciaux", indique Philippe Gendillou. Toujours au chapitre de la formation, l'impact grandissant du numérique sur la gestion des ressources humaines avait conduit l'AFB à s'engager en début d'année, dans le cadre du Pacte de responsabilité, à créer un socle de connaissances de base en matière de numérique, pour l'ensemble des collaborateurs du secteur. "Nous avons lancé un appel d'offres, afin de trouver un prestataire qui développera un certificat de qualification professionnelle dans ce domaine", précise Philippe Gendillou.

Sur le plan des initiatives individuelles en matière de familiarisation des salariés au digital, la Société générale, par exemple, a développé un MOOC (massively open online courses, cours magistraux en ligne) destiné à doter ses salariés d'un certain niveau de culture numérique. La banque a également imaginé un système de "reverse mentoring", dans le cadre duquel les collaborateurs les plus à l'aise avec les nouvelles technologies viennent en aide à ceux qui le sont moins. Une pédagogie indispensable à l'heure où les compétences numériques deviennent un facteur-clé "d'employabilité", dans les banques comme ailleurs.

Christine Lejoux

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 2
à écrit le 09/07/2015 à 20:26
Signaler
Dans le concret, pour une personne ayant un revenu décent, une banque physique n'apporte rien. Les personnes démunis sont traitées comme des moins que rien, quand elles sont acceptées. Quant au riches, ils vivent ailleurs, soit ils ont une personne ...

à écrit le 09/07/2015 à 16:31
Signaler
Voilà 370 000 qui seront heureux d'avoir choisi l'euro.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.