Tata, le patron le plus puissant d'Inde, laisse un empire de 70 milliards de dollars

Découvrez pourquoi l'homme qui a multiplié par 13 le chiffre d'affaires du groupe Tata et a réalisé l'acquisition de grosses sociétés étrangères comme Corus dans l'acier, les thés Tetley ainsi que Jaguar et Land Rover, a décidé de passer la main. Il l'a confié à la rédactrice en chef de La Tribune et Moi, Isabelle Lefort.

Coup de théâtre pour le business mondial et particulièrment en Inde. Ratan Tata vient d'ouvrir officiellement sa succession. S'il veut quitter le groupe, c'est parce qu'à 72 ans, lui qui souligne avoir sacrifié totalement sa vie personnelle à sa firme, dit vouloir pouvoir profiter un peu de l'existence et non sortir de son job "dans une petite boite ou en chaise roulante". Il veut ouvrir un cabinet d'architecture, sa passion initiale.

Depuis son arrivée à la tête du groupe en 1991, il a réussi sa mondialisation, il a multiplié par 13 le chiffre d'affaires du groupe, avec 71 milliards de dollars de ventes anuelles (dont les 2/3 réalisés à l'étranger), 5,4 milliards de dollars de profits et 350.000 salariés. Il a notamment réalisé l'acquisition de grosses sociétés étrangères, l'anglo-néerlandais Corus dans l'acier, le spécialiste britannique du thé Tetley group, et les constructeurs anglais de sportives ou luxueuses automobiles Jaguar et Land Rover.

Elu business man de l'année en 2005 par le magazine Forbes, considéré par l'hebdomadaire économique français Challenge comme l'un de 50 plus grands patrons de l'histoire, Ratan Tata est connu pour sa discrétion, son refus des mondanités. ici à l'hôtel, il est installé dans le lobby du matin au soir, et enchaîne ses rendez-vous au vu de tous. Il conduit lui-même sa voiture. Ce célibataire endurci avoue trois passions : ses chiens, ses livres et conduire ses avions.

Le groupe est situé au 11ème rang des sociétés les plus influentes par Forbes 2009. Il dispose notamment d'une branche hôtelière dont Ratan Tata est très fier. Elle inaugure actuellement un établissement de luxe au Cap (Cape Town), le groupe Tata étant très présent en Afrique du sud dans le secteur de l'acier et de l'automobile notamment.
 

Récemment, c'est la réouverture de l'hôtel de prestige Taj Mahal à Mumbai, qui après les attentats en 2008, a fait la une de tous les journaux indiens. En Inde, cet  établissement (il a eu 100 ans en 2003) figure comme l'un des symboles forts de la société indienne. Après les attentats, Ratan Tata avait promis de le rouvrir au plus vite en promettant qu'il serait plus beau et plus performant que jamais : "it will be better than ever". Résultat, ce palace est désormais à la pointe de l'intégration du high-tech et des questions environnementales. Le groupe a versé non seulement à la mémoire des 31 employés de l'hôtel qui sont décédées, mais aussi à toutes les victimes des attentats (aussi bien des passants, que des policiers, et autres, mais aussi des salariés du groupe Oberoï, le groupe concurrent) de l'argent (10.000 roupies) et a créé un fonds pour indemniser les victimes de ces attentats de 2008 et de ceux à venir. Alors que Bill Gates et Warren Buffet ont entrepris une tournée en Asie pour convaincre les businessmen qui ont fait fortune de reverser une partie de leurs gains à la société civile, Tata a depuis longtemps mené une telle politique de dons : plus de 50 % de ses bénéfices sont reversés dans des actions caritatives.

La branche hôtelière contribue peu en terme de chiffre d'affaires au groupe, mais elle est symboliquement très importante pour les Indiens, et c'est l'une des rares filiales que Ratan Tata préside en direct. En 8 ans, elle a fait une expansion hallucinante : le nombre d'hotels est passé de 61 à 104 et le nombre de chambres de 8.000 à 14.000. Dans les quatre années prochaines, le groupe veut ouvrir 20.000 chambres supplémentaires. En Inde, le groupe a initié la transformation des palais des maharajahs en palaces (il possède ainsi le palais du maharajah d'Udaipur, ceux de Jaipu, et Jodhpur et ouvrira en novembre un nouveau à Hyderabad).

A l'étranger, le groupe possède notamment l'hôtel The Pierre à New York qui fêtera son 80 ème anniversaire en novembre et d'autres à Londres, aux Maldives, aux Seychelles. Il possède aussi des hôtels quatre étoiles et des deux étoiles avec les Ginger (genre de Formule 1) qui se développent dans toute l'Inde. La stratégie dans les années à venir vise à une très forte expansion avec l'ouverture de palaces dans le monde (au Maroc, notamment mais aussi à Paris - ils sont en négociation pour le 5 avenue Kléber et viennent de décliner la proposition de racheter le Crillon - nouvellement remis en vente pour pas moins de 400 millions d'euros).

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