Thales : l'Etat impose Luc Vigneron à la tête du groupe contre l'avis du comité de sélection

Par Michel Cabirol  |   |  373  mots
La candidature de Luc Vigneron, PDG de Nexter (ex-Giat Industrie), sera proposée pour les fonctions de président-directeur général du groupe Thales le 19 mai prochain, à l'issue de l'assemblée générale des actionnaires.

Cela aurait pu être un rebondissement de taille dans la succession de Denis Ranque à la tête de Thales. Selon nos informations, la candidature du PDG de Nexter (ex-Giat Industries), Luc Vigneron, dont le nom a été proposé par l'Etat avec l'accord de Serge Dassault et par son bras droit Charles Edelstenne, PDG de Dassault Aviation, n'aurait pas été validée par le comité de sélection des administrateurs et des rémunérations (Csar) de Thales. Un comité qui dépend du conseil d'administration du groupe et qui a fait preuve d'indépendance. Lors d'une réunion bilan, mercredi en fin de journée, seuls deux des six membres du Csar - Jo Cornu (Alcatel-Lucent) et le directeur général de l'agence des participations de l'Etat (APE), Bruno Bézard - auraient tenté de faire approuver la candidature de Luc Vigneron. En vain.

En dépit du rejet, par ce comité, de la candidature du PDG de Nexter, l'Etat est passé en force. "Nous avons été fair-play en nous conformant au processus de gouvernance de Thales, fait-on observer de source proche du dossier. Mais chacun doit maintenant prendre ses responsabilités, y compris l'Etat, et il faut que cela s'arrête là. Le Csar ne donne qu'un avis, il ne nomme pas le PDG de Thales. C'est la logique actionnariale qui doit prévaloir. L'Etat maintient son soutien et sa confiance dans Luc Vigneron, qui a fait un travail remarquable chez Nexter".

 Pour l'Etat, il est clair que Thales doit entrer dans une nouvelle période avec un nouvel actionnaire privé de références. Cela va passer par un profond renouvellement du conseil d'administration du groupe d'électronique, au-delà même de l'arrivée des administrateurs de Dassault.

Le gouvernement parviendra-t-il à boucler cette nomination avant l'assemblée générale de Thales prévue pour mardi 19 mai, comme l'Elysée le souhaitait? Rien n'est moins sûr. "Avant ou pendant, tout est encore possible, assure-t-on à La Tribune. Mais quoiqu'il se passe, révocation ou démission de Denis Ranque, cela ne sera pas une sanction contre lui. Il n'a pas démérité et son bilan n'est pas en cause". Hier en fin d'après-midi, aucun conseil n'avait été convoqué.