Enquête sur les graves problèmes de Boeing

Par Olivier Provost  |   |  451  mots
Le flou laissé par Boeing sur le nouveau calendrier du B787 inquiète Wall Street mais aussi ses clients. Il alimente de nombreuses rumeurs sur les problèmes que rencontrerait ce programme qui avait fait le pari audacieux du "tout composite".

La situation est délicate pour Boeing. L'annonce, ce vendredi, de l'annulation par la compagnie aérienne Qantas d'une commande 15 B787 "dreamliner" et du report de l'achat de quinze autres, pourrait ne pas être la dernière du genre. Air Berlin dit déjà réétudier sa commande de 25 B787.

Surtout, elle intervient juste après la révélation par Boeing d'un nouveau retard sur ce programme phare censé répliquer aux succès du grand rival européen Airbus, que ce soit en termes de commandes ou de programme avec le très gros porteur A380.

Le flou laissé par Boeing sur le nouveau calendrier du B787 inquiète Wall Street mais aussi ses clients. Il alimente de nombreuses rumeurs sur les problèmes que rencontrerait ce programme qui avait fait le pari audacieux du "tout composite" - à la demande des compagnies aériennes notamment - pour réduire le poids et donc la consommation de l'avion, un atout essentiel à l'heure du pétrole cher et du respect de l'environnement. On parle même d'une rupture du caisson central, cette partie essentielle du fuselage sur laquelle sont fixées les ailes.

Les plus extrêmistes se demandent si ce programme ne va pas couler Boeing (malgré plus de 800 commandes !) et si l'avionneur n'est pas le General Motors de demain. On en est encore loin pour l'heure d'autant que la firme peut s'appuyer sur une lucrative activité militaire qui pèse autant que ses avions civils ; EADS, maison-mère d'Airbus, ne peut pas en dire autant même si elle en rêve depuis des années.

Chez Airbus, on espère en tout cas que cette mésaventure - que l'avionneur européen connaît dans une moindre mesure sur l'industrialisation de son A380, ce qui lui a coûté fort cher, y compris en Bourse pour le titre EADS - va permettre au projet concurrent du B787, l'Airbus A350, de refaire une partie de son retard en matière de commandes. En évitant de refaire les mêmes erreurs que Boeing sur l'emploi exagéré du composite ou sur le recours à des coopérations mal maîtrisées (les Américains seraient mécontents des éléments livrés par les Italiens ou les Japonais).

Reste à avancer sur cet appareil, l'A350. Une décision de soutien des Etats impliqués (France, Allemagne, peut-être aussi Espagne et Royaume-Uni), pour quelque 3,6 milliards d'euros, devrait bientôt y aider. Même si Boeing tentera de la bloquer en portant plainte une fois de plus, via la Maison-Blanche, contre l'Union européenne devant l'OMC (organisation mondiale du commerce). Ce sera d'ailleurs sans doute l'un des bras de fer de l'été.