Rapprochement d'activités : Thales et Safran jouent la montre

Appelés à se restructurer, les deux groupes restent sur leurs positions. En dépit du volontarisme du ministre de la Défense.

Le ministre de la Défense Hervé Morin ne manque pas de détermination sur le dossier Safran-Thales qui porte sur des échanges d'actifs entre les deux groupes. Dans l'esprit de cette opération, Thales doit regrouper toute l'optronique (drones tactiques, capteurs, systèmes de missiles, modernisation des avions de combat) et la navigation inertielle tandis que Safran récupérerait en contrepartie toutes les activités de génération électrique et de biométrie. Le groupe aéronautique revendique en outre l'activité de calculateurs embarqués que Thales et son actionnaire de référence Dassault Aviation ne veulent pas lâcher.

Que s'est-il passé mardi au ministère entre Hervé Morin, qui met tout son poids dans la balance pour faire avancer ce dossier, et les deux PDG de Safran, Jean-Paul Herteman et de Thales Luc Vigneron. Certes il a arraché aux deux PDG récalcitrants qu'ils présentent dans quelques semaines avant le salon de l'armement terrestre d'Eurosatory en juin un accord de principe en vue de procéder à cette opération. « Nous avons l'adhésion des deux parties à ce processus, explique-t-on de source proche du dossier, mais il est vrai que nous n'avons pas abouti à un accord ». Cette réunion a été encore moins fructueuse si on se rappelle de celle de décembre où Hervé Morin avait réussi à arracher un accord aux deux groupes. Mais quelques semaines plus tard, Jean-Paul Herteman, habitué désormais à se confronter à l'Etat (cf. le dossier SNPE), avait chiffonné cet accord après consultation notamment du conseil de surveillance. Et pourtant déjà, le ministère avait menacé de ne pas signer des contrats d'étude amont (PEA) aux deux groupes s'ils n'arrivaient pas à s'entendre.

En décembre, il avait été convenu que Thales paye une très grosse soulte en échange des actifs récupérés (optronique et navigation inertielle). Safran était d'accord et à la surprise générale, le groupe d'électronique et surtout Dassault Aviation aussi. Contrairement à ce qui est évoqué dans la presse, Luc Vigneron est donc prêt à faire ce chèque avec la bienveillance de Charles Edelstenne et surtout du corps social de Thales, qui ne comprendrait pas la cession des activités de calculateurs embarqués. Du coup, le PDG du groupe d'électronique a le soutien de ces troupes sur ce dossier.

Mardi, à demi-mot, les industriels expliquaient sous couvert d'anonymat que rien n'avait bougé. Et pourtant Hervé Morin a raison de vouloir cette restructuration. La Direction générale de l'armement (DGA) ne peut plus entretenir deux filières d'optronique. « C'est une restructuration rationnelle », insiste-t-on au ministère. C'est vrai mais à condition que cela va dans le sens des affaires des deux industriels, pourtant dépendants des commandes de l'Etat. Une chose est sure, à défaut de carottes, le bâton est la méthode la plus sûre pour l'Etat de parvenir à ces fins.

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Commentaires 2
à écrit le 14/04/2010 à 15:06
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merci à l'avenir d'écrire en bon français !

à écrit le 14/04/2010 à 14:52
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"à condition que cela va dans le sens.... " quel français !

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