Combien de mois de retard pour l'Airbus A350  ?

L'avionneur européen ne livrera pas à temps son futur long-courrier. Le milieu aéronautique estime le délai entre 12 et 18 mois. Airbus, de son côté, dément tout retard.

Après l'euphorie commerciale de la semaine dernière du Salon aéronautique de ­Farnborough, le retour à la vie industrielle d'Airbus va être rude. Car la question n'est plus de savoir si le futur long-porteur de l'avionneur européen, l'A350, qui doit concurrencer le nouveau Boeing 787 "dreamliner", aura un retard pour sa mise en service commerciale qui est prévue en juillet 2013 - il en aura, selon plusieurs sources concordantes contactées par La Tribune -, mais de quel ordre.

La majorité des personnes interrogées l'estiment "à un an au moins", voire plus pour certains (18 mois) et, pour d'autres, à moins d'un an. Est-ce une simple rumeur comme il y en a beaucoup dans le secteur ? Pas vraiment, elle s'appuie sur les témoignages des équipes qui travaillent au plus près du programme.

"Si l'A350 est mis en service fin 2013, nous aurons réussi une super performance technologique et industrielle", note-t-on même chez Airbus. Sous-entendu, ce programme reste à risques pour l'avionneur, qui se débat pour tenir les délais de développement, raccourcis alors que les technologies n'étaient pas encore matures. Certains estiment ainsi qu'Airbus a beaucoup trop promis aux compagnies aériennes avant de figer les spécifications du programme. "C'est l'histoire 'il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué' à l'envers, ironise un industriel. Pour lancer un avion, il faut avoir des commandes et non l'inverse." Du coup, les promesses commerciales peuvent aller au-delà des capacités technologiques des équipes projet du moment. Pourquoi ne pas lancer des démonstrateurs pour s'assurer de la maturité des technologies ?

Développements critiques

Officiellement, Airbus se défend de tout retard. Interrogé par La Tribune au moment de Farn­borough, le directeur général de l'avionneur, Fabrice Brégier, estime que "la réalité est bien différente, les retards relèvent du fantasme. Quand on voit les problèmes, on les règle. Aujourd'hui, le design du premier avion est complètement figé, nous avons lancé toutes les productions, et les outillages industriels sont rentrés, à l'exception d'un ou de deux qui sont critiques. Enfin, il est toujours prévu de lancer les essais en vol dans un an si nous n'avons pas d'aléas". Et de préciser qu'Airbus "tiendra les performances" du programme. D'autant que le premier client est Qatar Airways, une compagnie qui ne fera aucun cadeau à l'avionneur sur les promesses de performances. Toutefois, Fabrice Brégier reconnaît que certains développements restent critiques comme le fuselage sur lequel Airbus a eu dû mal à faire cohabiter les systèmes électriques et le carbone. "Nous avons pris un retard de quelques semaines mais notre flexibilité nous permet de le rattraper", assure-t-il.

Après les retards de l'A380 et de l'A400M, qui ont lourdement grevé les comptes d'EADS, Airbus engage aujourd'hui une course poursuite pour limiter ceux de l'A350.

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