Le plan d'action d'Air France dévoilé... après la présidentielle

Par Fabrice Glyszczynski  |   |  562  mots
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Jeudi, la direction a indiqué qu'elle présentera un plan de redressement et de développement en mai-juin après des premières mesures d'économies conservatoires début 2012.

Une partie avant l'élection présidentielle, l'autre, la plus importante, après. Le plan de redressement d'Air France sera bel et bien annoncé en deux temps. C'est, selon plusieurs sources syndicales, ce qu'a indiqué jeudi en comité central d'entreprise (CCE) le nouveau PDG de la compagnie française Alexandre de Juniac. Ce dernier présentera, en janvier ou février, des mesures conservatoires durcissant les mesures d'économies en vigueur afin de préserver le cash.

Puis, en mai-juin, il annoncera « un plan de redressement et de développement » pour transformer Air France. Ce sera le véritable plan d'action d'Alexandre de Juniac, celui qui aura des conséquences sur l'emploi. « Nous sommes tranquilles jusqu'en juin. Il n'y aura pas de modification en profondeur des effectifs jusque-là », décrypte un syndicaliste. « C'est comme si on nous prévenait d'un avis de tempête six mois à l'avance », résume un autre. Si l'ampleur des mesures dépendra de l'évolution du contexte économique, la direction privilégie pour l'heure plutôt une hausse significative de la productivité du personnel que des coupes à la hache dans les effectifs (« La Tribune » du 20 novembre). Des efforts vont être demandés à toutes les catégories de personnel.

L'annonce d'un plan en deux temps risque de décevoir les investisseurs, impatients des mesures de restructuration promises par le conseil d'administration d'Air France-KLM au premier trimestre 2012. « Il ne faut pas confondre vitesse et précipitation », a indiqué Alexandre de Juniac en CCE, en poste, depuis mi-novembre seulement. « La négociation concernant les mesures d'amélioration de la productivité va prendre du temps », explique une source interne. En outre, avec ce plan en deux temps étudié avant la médiatisation des plans sociaux annoncés (PSA) ou évoqués (Areva), Air France se met de facto en conformité avec les injonctions de l'État (actionnaire d'Air France-KLM). Celui-ci « n'acceptera pas que les ajustements économiques, les plans stratégiques d'une entreprise où l'État se trouve en position d'actionnaire, se fassent au détriment de l'emploi », a en effet déclaré la semaine dernière le ministre de l'Économie, François Baroin.

Vers une montée en gamme

S'il juge la situation d'Air France inquiétante, Alexandre de Juniac estime néanmoins le coup jouable au regard des atouts de la compagnie : son réseau, son hub, sa flotte et son personnel. Outre le redressement de la situation économique de la compagnie, Alexandre de Juniac a un autre objectif : faire un saut qualitatif en termes de produits et de services à la fois au sol et à bord des avions. Il veut faire monter Air France en gamme en essayant, pour la clientèle Premium, de s'aligner d'ici à cinq ans sur le niveau des compagnies asiatiques. « Il cite volontiers l'exemple de Singapore Airlines », dit-on en interne. En phase de redressement en 1995, Air France avait innové en étant la première compagnie au monde à mettre un siège convertible en lit en Première.

Pour un analyste, « cela a du sens pour une compagnie dont les coûts sont élevés car elle permet de justifier des prix élevés ». « En outre, explique-t-on en interne, améliorer le produit permet de présenter un plan équilibré avec non seulement des efforts demandés mais aussi une vision pour l'entreprise. »

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