Le PDG d'Eurocopter dans les turbulences

Par Michel Cabirol  |   |  563  mots
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Le départ du directeur de la recherche et du développement (R&D) a alimenté un malaise grandissant des salariés de la filiale hélicoptériste d'EADS. Bien que Lutz Bertling a pris la mesure de ces inquiétudes, il reste sous surveillance.

Le PDG d'Eurocopter, Lutz Bertling, s'est évité une sérieuse crise de nerfs des salariés français. En choisissant finalement et de façon raisonnable un Français Jean-Brice Dumont comme directeur de la recherche et du développement, comme l'a révélé « Les Echos », pour remplacer le franco-allemand Jean-Michel Billig, en partance vers Renault, il a su désamorcer un malaise grandissant chez Eurocopter France. Mais pour combien de temps ? Car Lutz Bertling reste sous surveillance.

Les syndicats s'inquiètent effectivement des très nombreux changements à la tête de la direction de la R&D, et surtout au comité exécutif depuis l'arrivée du PDG allemand. "Eurocopter peut-il se permettre trois changements de directeurs techniques en six ans alors que la R&D est, par définition, une activité de long terme et peut-il se permettre un changement à la tête de sa R&D alors que les programmes X3, X4, X6, EC145 T2, EC130 sont en pleine effervescence ? », s'interroge le CGC-CFE. Chez FO, même son de cloche : "trois directeurs, quelques ingénieurs de haut vol ont quitté Eurocopter en même pas cinq ans. Peut-on se payer le luxe d'un tel gaspillage ? Comment impliquer le personnel sur le long terme alors que soit même on donne l'impression de naviguer à vue et parfois de quitter le navire ?". Ambiance chez Eurocopter.

Neuf départs au comité exécutif

La CFDT va un pont plus loin. "La démission du patron du bureau d'études, Jean-Michel Billig, c'est un nouveau départ d'un membre du comité exécutif d'Eurocopter et ce n'est pas anodin". Depuis l'arrivée de Lutz Bertling à la tête d'Eurocopter, neuf membres du comité exécutif, selon un décompte de "latribune.fr", ont effectivement quitté la filiale d'Eurocopter pour des raisons qui ne sont pas toutes liées à la personnalité de Lutz Bertling. Et la CFDT d'enchaîner sur le remplacement de Jean-Michel Billig : "Pour la CFDT le respect des équilibres franco-allemands à Eurocopter comme au niveau d'EADS est le gage de la stabilité de l'entreprise comme de la motivation et l'engagement de ses salariés". Lutz Bertling a su répondre à l'inquiétude des salariés français sur la question des nationalités, si particulière au groupe EADS et à ses filiales.

Mais pourquoi donc le départ de Jean-Michel Billig a-t-il mis le feu aux poudres ? Si officiellement Eurocopter présente son départ comme une formidable opportunité de carrière qu'il ne pouvait pas refuser - et c'est certainement vrai -, d'autres raisons semblent avoir poussé le très respecté Jean-Michel Billig au sein d'Eurocopter à regarder ailleurs, comme le suggère FO : " Lorsqu'on l'avait rencontré, il avait l'air viscéralement attaché, si ce n'est à son entreprise, au moins à EADS, groupe où il aura fait sa carrière".

"On ne s'occupe pas de regarder les jolies filles quand on aime sa femme", décrypte-t-on chez Eurocopter. Sous-entendant que Jean-Michel Billig n'aurait jamais regardé le marché s'il s'était toujours senti aussi bien chez Eurocopter. "Les relations avec Lutz Bertling ne sont pas simples", explique-t-on de façon soft à "latribune.fr". Et c'est bien là la raison du départ de Jean-Michel Billig et du malaise latent chez Eurocopter... qui pour l'heure ne se répercute pas sur la bonne santé commerciale du groupe en phase de redécollage.