EADS-BAE Systems : à qui profiterait un échec de la fusion...

Succès ou échec du rapprochement entre BAE Systems et EADS, le paysage de l'industrie de la défense devrait changer dans tous les cas. Car cette opération a révélé les faiblesses des concurrents des deux groupes.
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A la veille d'une décision sur le rapprochement entre BAE Systems et EADS, le petit monde des industriels de la défense est suspendu à ce dossier structurant pour ce secteur. Ils sont tous plus ou moins impactés directement et plus ou moins à long terme par cette opération. Suspendus à la décision des actionnaires (Paris, Daimler et Lagardère) et des deux Etats parties prenantes (la Grande-Bretagne et l'Allemagne), qui peuvent mettre un veto à cette opération. Car les actionnaires directs ou indirects d'EADS et de BAE Systems, qui pour des raisons de stratégie qui n'ont rien à voir avec l'intérêt des deux groupes, pourraient empêcher la fusion et déclencher un véritable cataclysme au sein du groupe européen. Sans compter les dégâts à venir en terme de management, industriels et stratégiques pour EADS, qui pourrait avoir du mal à se remettre d'un tel gâchis. Tom Enders restera-t-il par exemple à la tête du groupe si il y avait l'échec au bout... De son côté, BAE Systems, qui va être à terme durement impacté par la baisse des budgets de défense aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne avec le retrait des troupes de la coalition en Irak et en Grande-Bretagne, pourrait être amené à changer de partenaire.

Finmeccanica prêt à s'offrir à BAE Systems

Quoiqu'il arrive - succès ou échec de cette opération -, le paysage industriel de la défense et de l'aéronautique ne sera plus le même. Il y aura un avant et un après. "Le projet de rapprochement entre BAE et EADS a ouvert pas mal de choses", confirme un analyste interrogé. Car cette opération a révélé les faiblesses des uns et des autres. Cela a été un véritable révélateur. Si l'opération EADS-BAE Systems échoue, cela restera intolérable pour tous les concurrents des deux groupes. C'est le cas par exemple du groupe italien Finmeccanica, qui a très mal vécu l'annonce de cette opération. D'autant qu'il a été déçu de l'apprendre par la presse. Surtout, Finmeccanica, déjà fragilisé par une perte de 2,3 milliards d'euros en 2011 et par des affaires de corruption qui ont contraint son président Pier Francesco Guarguaglini à la démission en décembre, est marginalisé par cette opération. Il se retrouverait notamment complètement en minorité au sein du consortium Eurofighter avec 21 % et chez MBDA (25 %).

Aussi, si EADS venait à échouer à racheter le groupe britannique, Finmeccanica rêverait que BAE Systems lui fasse des appels du pied. "C'est leur secret espoir", explique un bon connaisseur du groupe italien. Ce qui renverserait alors totalement les rôles avec EADS, qui retrouverait à son tour marginalisé dans plusieurs de ses domaines. D'ailleurs le patron de Finmeccanica, Giuseppe Orsi, a récemment dit dans un colloque que le partenaire naturel de BAE Systems, est Finmeccanica. En outre, le groupe italien renforcerait BAE Systems aux Etats-Unis en apportant DRS Technologies (2,8 milliards de dollars de chiffre d'affaires en 2007), racheté pour 5,2 milliards de dollars en octobre 2008 au nez et à la barbe de Thales. Enfin, Finmeccancia a une longue tradition en Grande-Bretagne où il a racheté dans les années 2000 les coentreprises créées avec BAE Systems AgustaWestland et AMS, et de toutes leurs filiales dans le monde.

Boeing et les américains intéressés ?

Les groupes américains pourraient également profiter d'un échec pour draguer BAE Systems, qui conforterait ainsi son ancrage aux Etats-Unis où il réalise déjà 45 % de ses ventes (42 % de ses effectifs). Notamment Boeing pourrait être le plan B du groupe britannique, comme certains observateurs le supputent. Pour Boeing, qui n'a plus d'avions de combat après le F-18, qui a déjà 30 ans d'existence - il a été mis en service au début des années 1980 -, cela permettrait au groupe américain de mettre la main sur certaines activités de BAE Systems dans le F-35. Pour autant, cette alliance pourrait mettre un terme à toutes les coopérations entre BAE Systems et Dassault Aviation (drones, futur avions de combat). Boeing n'est pas le seul à pouvoir être intéressé par BAE Systems, Lockheed Martin, Northrop Grumman pour ne citer que les plus importants, pourraient regarder le dossier avec intérêt pour contrer Boeing.

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Commentaires 9
à écrit le 10/10/2012 à 11:51
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Si les budgets militaires diminuent aux Etats Unis et dans les pays riches, je ne voie pas l'intérêt de cette association

le 10/10/2012 à 14:09
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Si. Cela ferait un consortium industriel archi-complet dans les domaines de l'aéronautique, aérospatiale etc... Ce serait une première mondiale donnant naissance également à la première pierre angulaire de défense européenne. C'est la seule fusion vi...

le 10/10/2012 à 18:58
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Alors autant laisser disparaître BAE. Nous avons tout à perdre à nous allier avec une entreprise anglaise qui fait la moitié de son CA avec les US et dont le pays est la tête de pont des US en Europe.

le 10/10/2012 à 18:58
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Alors autant laisser disparaître BAE. Nous avons tout à perdre à nous allier avec une entreprise anglaise qui fait la moitié de son CA avec les US et dont le pays est la tête de pont des US en Europe.

à écrit le 10/10/2012 à 7:54
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AgustaWestland n'etait pas du tout une coentreprise entre finmeccanicca et BAE mais avec GKN (gros fourinisseurs de materiaux composites notamment) qui n'a rien a voir avec BAE...

à écrit le 09/10/2012 à 17:15
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Au moins ce sujet aura eu le mérite de faire réfléchir tous les acteurs de la défense, et particulièrement les Français. On pourrait faire émerger un acteur de taille avec Thales-Dassault-DCNS. Que ces acteurs se mettent enfin autour de la table, y ...

à écrit le 09/10/2012 à 15:13
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Les allemands ne digèrent toujours pas la décision cependant logique de transfèrement du siège social cette fois unique vers TOULOUSE. Ce qu'ils craignent par dessus tout ce sont les français et leur main mise sur AIRBUS. Leur ego est mis à mal dans ...

à écrit le 09/10/2012 à 14:04
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Et si on parlait tout simplement de la pertinence de ce projet? BAE qui bat de l'aile et qui veut absolument s'allier en réalisant une opération juteuse. EADS qui atteint des sommets et qui n'a aucun intérêt à la fusion, si ce n'est l'intérêt personn...

à écrit le 09/10/2012 à 11:20
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Vive l'Europe,les américains doivent se marrer!...

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