EADS-Airbus : les quatre risques de la révolution Enders

C'est ce mardi que le conseil d'administration du groupe européen se réunit pour entériner son changement de nom : il s'appelera désormais Airbus. Tom Enders, son président, va également proposer de fusionner les activités de la division défense, Cassidian, de la division espace, Astrium, ainsi que la production d'avions de transport militaires, Airbus Military. Airbus sera composé de trois divisions : Airbus Civil Aircraft, Airbus Defence et Airbus Helicopter.
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Il était une fois la révolution, selon le PDG d'EADS, Tom Enders. Depuis qu'il est à la tête du géant de l'aéronautique, il impose à ses troupes à une vitesse supersonique des bouleversements majeurs. Une révolution qui pourrait cette fois peut-être faire tanguer la maison. Car Tom Enders veut prendre le nom d'Airbus, et au-delà surtout, il va changer en profondeur l'organisation d'EADS, en créant trois divisions, Airbus Civil Aircraft, Airbus Defence et Airbus Helicopters, qui seront chapeautées sous la coiffe d'Airbus, comme l'avait révélé La Tribune le 16 juillet. Cette nouvelle réorganisation est le prolongement de décisions déjà prises depuis son arrivée, notamment celle qui consistait à partager le temps de Thierry Baril (directeur des ressources humaines) et Harald Wilhelm (directeur financier) entre Airbus et EADS et à mettre en place des services partagés dans tout le groupe.

Bref, avec cette étape (la dernière ?), Tom Enders, qui ne voulait surtout pas être le patron d'une holding sans pouvoir - il a d'ailleurs eu tout le temps d'observer cette situation quand il était le puissant patron d'Airbus où il faisait à peu près ce qu'il voulait  -, va contrôler tout le groupe et réduire l'influence de ses grands barons. Il sera désormais le patron opérationnel du groupe. Ce qu'aucun patron exécutif d'EADS n'avait jamais réussi à faire depuis sa création. Très clairement, cette restructuration est d'abord tout bénéfice pour lui. "Il veut contrôler et avoir le fin mot sur la stratégie de toutes les filiales", explique un observateur du groupe, qui estime que cette réorganisation était beaucoup plus légitime à la création du groupe quand EADS n'était pas connu. Ce qui n'est plus vraiment le cas aujourd'hui, surtout après l'échec de la fusion avec BAE Systems.

Des PDG relégués au rang de patrons de divisions

Cette restructuration va donc ramener les actuels PDG de puissantes filiales comme Airbus, Astrium et Eurocopter à de patrons de division. Une réoganisation qui, même si elle est faite aujourd'hui en bonne intelligence, pourrait à terme dégrader les relations entre ces grands patrons, souvent à cheval sur leur pouvoir et leur visibilité. Qui signera les contrats emblématiques d'Airbus ? Tom Enders ou Fabrice Brégier, l'actuel PDG d'Airbus ? Celui-ci a semble-t-il des garanties. Mais, avec le temps, les promesses n'engagent... que ceux qui les écoutent.

Le PDG d'Astrium, François Auque, devra quant à lui rapporter à un Allemand, Bernhard Gerwert, qui va être à la tête d'Airbus Defence. Cette entité va fusionner les activités de la division défense, Cassidian, de la division espace, Astrium, ainsi que la production d'avions de transport militaires, Airbus Military. Ce qui est vrai pour les N-1, l'est aussi pour les N-2, comme par exemple le patron d'Astrium Satellites, Eric Béranger, ou encore l'Espagnol qui préside Airbus Military , Domingo Urena-Raso. Ils verront vraisemblablement leurs prérogatives et leur visibilité se réduire. Ce dernier est toutefois déjà pressenti pour succéder à Bernard Gerwert, selon nos informations.

Eurocopter disparaît

Il y a eu un long débat en interne autour d'Eurocopter. La filiale hélicoptériste, une marque mondialement connue et appréciée, devait-elle abandonner son nom ou pas ? Ce sera Airbus Helicopter : Tom Enders a tranché. "C'est une signe d'unité et de solidarité et, puis, changer de nom n'est pas que négatif", estime-t-on dans le groupe. En clair, ce qui semble avoit été déterminant, c'est l'appellation Euro d'Eurocopter, qui pouvait poser de temps en temps des problèmes à certains commerciaux lors de campagnes exports.

Au-delà, estime-t-on, disposer d'un portefeuille de plusieurs marques peut protéger lorsqu'un des produits rencontrent des difficultés. "Toute la gamme peut être impactée par un problème sur un produit", explique un observateur. Et disposer de plusieurs marques permet de les protéger face à des attaques spécifiques.

Gerwert patron de la dissuasion française

En tant que futur patron d'Airbus Defence, Bernhard Gerwert sera le patron des activités sensibles de défense, notamment les missiles balistiques nucléaires. Très clairement, cela tique au sein du ministère de la Défense où on attend beaucoup plus d'explications que celles qui ont été données jusqu'ici par les patrons d'EADS, selon nos informations. "Il faut que EADS nous explique cette organisation, insiste-t-on. Car ce n'est pas clair et ils ne nous ont jamais exposé dans le détail cette nouvelle organisation". Les inquiétudes portent principalement sur le missile nucléaire M51 et sur le programme de satellite d'imagerie spatiale pour la surveillance, la reconnaissance et l'observation de télécoms, Musis. "Qui fait les arbitrages sur les allocations de budget ? En général, c'est le patron de la division", rappelle-t-on à La Tribune.

La barre de 10 % de marge opérationnelle

Ce qui est sûr, c'est que le choix de lancement des nouveaux programmes sera beaucoup, beaucoup plus sélectif au regard des critères de rentabilité désormais exigés Car l'objectif avoué de Tom Enders est d'atteindre 10 % de marge. Et cela semble même un minimum pour lui. "Nous serons impitoyables sur la marge de 10 %", avait-il annoncé le mois dernier aux analystes financiers lors du salon aéronautique du Bourget, selon un participant.

Ce que certains programmes auront bien du mal à respecter. "Fini le temps où on se faisait dicter les programmes par les directeurs des ventes trop sûrs de leur fait", lâche-t-on dans le groupe. Cette nouvelle stratégie pourrait être fatale à certains projets.

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Commentaires 19
à écrit le 01/08/2013 à 12:38
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ce qui est sur, c'est que les allemands ne sont pas très bon en aéronautique militaire: le programmes A 400 et Eurofighter sont des gouffres.cela finira par poser problème. Alors qu il y a un bon historique, un bon environnement, et une bonne formati...

le 01/08/2013 à 19:15
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Depuis quand l'A400M est un programme "uniquement" allemand??? Et il n'y a pas de produits américains dans les avions Airbus peut être? Il va de soi qu?une personne de nationalité d'un pays incompétent (selon vos propos) dans un domaine le saura tout...

à écrit le 31/07/2013 à 9:53
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C'est un bon article. Pour le côté stratégie, autant sur Airbus les choses ne changeront pas mais pour la défense c'est une autre histoire. Airbus military va se poster frontalement face à Boeing Military ( 3 fois le chiffre d'affaires de la nouvelle...

le 31/07/2013 à 11:41
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quand un allemand impose le siege a toulouse au detriment de munich....

à écrit le 30/07/2013 à 14:50
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quand je pense que la france a fournit des le depart la technollogie '(avions,satellites..) et que es allemands ont tout récupéré ! maintenant voila que l un d eux va avoir la mainmise sur sur nos missiles balllistiques .

le 30/07/2013 à 17:07
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C'est fini la guerre froide, vivez avec votre temps

le 30/07/2013 à 19:27
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N'importe quoi. Les technologies aérospatiales françaises ont été développées par des ingénieurs allemands réccuperés par la France dés la fin de la guerre. Renseignez-vous. Merci.

à écrit le 30/07/2013 à 11:33
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On se calme et on boit au frais les enfants : la première grande décision de Enders fut de regrouper l'ensemble des directions d'EADS, jusque-là dispatchées entre Paris et Munich, sur Toulouse. Merkel a un peu toussé. Sa seconde décision fut de s'uni...

le 30/07/2013 à 17:35
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Bien dit. +1.

le 01/08/2013 à 11:44
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Merci pour cette analyse géo-politique qui échappe au plus grand nombre.

à écrit le 30/07/2013 à 11:04
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Article intéressant mais très mal écrit: il manque des lettres, des répétitions de mots phrases mal tournées... on se relit dans ce journal ?

à écrit le 30/07/2013 à 10:44
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"ce qui semble avoit été déterminant, c'est l'appellation Euro d'Eurocopter, qui pouvait poser de temps en temps des problèmes à certains commerciaux lors de campagnes exports." => T. Enders veut effacer la référence européenne du groupe, ce n'est pa...

à écrit le 30/07/2013 à 10:01
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Airbus le fleuron d'EADS...ok...mais....? vouloir d?cliner ce nom ? toute les sauces...je ne sais pas si c'est pertinent : pour identifier les branches de EADS, c'est un plus effectivement, effet de rayonnement...mais attention...il faut ?tre ? la ha...

le 31/07/2013 à 11:45
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votre remarque sur l'imposition, on se demande d'ou vous la sortez! Regardez comment ca se passe chez Boeing, personne ne se pose ce genre de questions. Et au contraire, c'est l'image d'airbus en tant qu'avionneur qui va profiter a tout le monde

à écrit le 30/07/2013 à 9:06
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Je suppose que certains font faire une drole de tete du cote de Marignane... Et puis un Allemand a la tete de la force de frappe Francaise cela va etre dur a expliquer a la DGA...

le 30/07/2013 à 20:33
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Force de dissuasion, s'il vous plaît... Mais en effet ça va tiquer sévère du côté de la DGA

le 31/07/2013 à 11:47
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cela va etre tres simple de meme que pour la reorganisation au niveau actionnarial, les decisions concernant le M51 seront prises par des francais

à écrit le 30/07/2013 à 8:58
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Cela est meilleur que FORGEARD ET LAGARDERE en route pour une action a 100 euros

à écrit le 30/07/2013 à 8:26
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Le plus gros risque c'est qu'il est pro-anglo-saxon. Tom Enders, ça ne sonne pas trop Allemand...

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