Les défis de la défense en 2014 (4/5) : un grand chambardement au mauvais moment ?

La Tribune vous propose une série sur les défis de la défense en 2014 en cinq volets. Quatrième volet, les grands changements des hommes au sein du ministère de la défense et à la tête de l'industrie au moment où tout le secteur pourrait être fragilisé par un contexte budgétaire, opérationnel et industriel très difficile.
Michel Cabirol
Le chef d'état-major des armées, l'amiral Edouard Guillaud, quitte ses fonctions en février

En deux ans, la plupart des têtes du secteur de la défense, aussi bien dans l'industrie que chez les opérationnels, ont ou vont changer. Ce qui pourrait poser un problème de continuité au moment où la difficile loi de programmation militaire (LPM) entre en "service opérationnel" en 2014. C'est Jean-Bernard Lévy nommé PDG de Thales qui avait ouvert le bal fin 2012, suivi très vite en janvier 2013 par Eric Trappier, qui a pris la suite de l'indestructible Charles Edelstenne aux commandes de Dassault Aviation. Puis, le 1er avril, Guillaume Faury a pris le manche d'Eurocopter, renommé aujourd'hui Airbus Helicopters.

Beaucoup de changements en vue en 2014

L'année 2014 va accélérer le mouvement de changements. C'est d'abord l'amiral Guillaud, atteint par la limite d'âge, qui va céder sa place en février de chef d'état-major des armées (CEMA) au profit du général Pierre de Villiers, un terrien de 57 ans. Quant à l'amiral Guillaud, il est prévu qu'il atterrisse en Arabie Saoudite à la tête d'ODAS, une société controversée ces derniers temps dans les milieux de la défense. Elle fait l'interface entre l'Arabie Saoudite et la France pour la signature de contrats d'Etat à Etat. De même le général Ract-Madoux, lui aussi atteint par la limite d'âge, devrait laisser sa place de chef d'état-major de l'armée de terre (CEMAT) cet été. Enfin, le Délégué général pour l'armement (DGA), Laurent Collet-Billon, devrait également partir cette année ... à moins qu'il ne soit prolongé, comme cela est envisagé mais pas assuré.

Après Thales, Dassault Aviation et Airbus Helicopter, ce sera au tour de DCNS de changer de pacha. Le mandat de Patrick Boissier au conseil d'administration s'achève le 21 décembre 2014. Aussi le groupe naval, qui aborde une année cruciale à l'export, pourrait avoir une deuxième partie d'année complètement parasitée, voire paralysée, par la course à la présidence. Ce sera également le cas mais un peu plus tard pour Safran. En avril 2015, Jean-Paul Herteman achève son mandat à la tête de la success-story de Safran. Enfin, le directeur adjoint du cabinet de Jean-Yves Le Drian, Jean-Michel Palagos, qui a été nommé début décembre à la tête de Défense Conseil International (DCI), a succédé à l'amiral François Dupont, atteint par la limite d'âge statutaire.

Des changements nécessaires ?

Dans un contexte très difficile - une LPM compliquée à exécuter, des campagnes exportations cruciales pour les groupes d'armement, des opérations extérieures complexes, une situation financière de la France désastreuse -, ces très nombreux (trop ?) changements ne vont-ils pas paralyser, voire affaiblir, le secteur de la défense dans sa capacité à apporter des réponses rapides dans des situations de crise ou d'extrême urgence. Qui mieux que l'actuel DGA maîtrise le mieux le programme 146 du budget de la défense (Equipements des forces), qui mieux que l'actuel CEMAT comprend le mieux ses hommes sur le terrain  en Centrafrique, au Mali et en Afghanistan.

"Les clients aiment la continuité", rappelle-t-on à La Tribune. C'est certainement le cas chez DCNS, qui est aujourd'hui engagé dans de très nombreuses campagnes commerciales et qui a été l'un des groupes les plus performants à l'exportation (Brésil, Malaisie...) en dépit du dernier échec à Singapour. D'une façon générale, alors que les exportations se sont redressées en 2013 (6,3 milliards d'euros), pourquoi faudrait-il encore tout changer ?

 

Lire ou relire les trois premiers volets de notre série :

Les défis de la défense en 2014 (1/5) : une loi de programmation militaire déjà sous pression

Les défis de la défense en 2014 (2/5) : l'export de plus en plus cruciale pour l'industrie d'armement

Les défis de la défense en 2014 (3/5) : les dossiers industriels vont-ils rester au frigo?

Michel Cabirol

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 4
à écrit le 30/01/2014 à 12:12
Signaler
Je suis loin d'être socialiste, mais entre Le Drian et Morrin y a pas photo. Le ministre actuel n'est pas le plus incompétent de ceux que l'on a eu ce 20 dernières années.

à écrit le 30/01/2014 à 12:05
Signaler
Cet article est surprenant, dans la mesure ou l'on parle essentiellement d'entreprises privées à l'exception de DCNS dont le conseil d'administration est très THALES ! Je signale à l'auteur de ces articles que "l'export" est masculin et que la phras...

à écrit le 30/01/2014 à 8:33
Signaler
Le premier défi pour la défense c'est de se débarrasser de son ministre qui n'a certainement pas été soldat et s'il l'a été ce fut un planqué de 1 ère classe. Dehors comme les autres. Ça nous fera un peu d'air

le 30/01/2014 à 11:26
Signaler
N' oubliez pas mon cher DES que les premiers fossoyeurs de notre belle armée étaient Mr Sarkozy et ses ministres de la défense !!!je n apprécie pas du tout les mesures prises par les socialistes mais on ne peut pas tout leur mettre sur le dos!!!!

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.