Avec Jean-Bernard Lévy, Thales a réappris à vendre

Le groupe d'électronique a engrangé 14,1 milliards de commandes en 2013, soit l'équivalent du chiffre d'affaires de l'an dernier. Une croissance de 7 % générée par les pays émergents.
Michel Cabirol
Le PDG de Thales Jean-Bernard Lévy a promis de faire décoller son groupe

Et maintenant le plus dur commence pour Jean-Bernard Lévy. Arrivé fin 2012, le PDG de Thales sera le seul responsable du succès ou de l'échec des objectifs fixés pour l'exercice 2014. Bien sûr, le bilan financier et économique contrasté (stabilité du chiffre d'affaires mais progression de 8 % du résultat opérationnel) du groupe d'électronique en 2013 porte déjà son empreinte. Mais il est toutefois encore en partie partagé par les efforts de l'équipe précédente, notamment sur les économies générées en 2013, qui ont été lancées sous l'ère de l'ancien PDG, Luc Vigneron. Les retombées du plan de performance Probasis sur la profitabilité expliquent en partie la solidité actuelle de la santé financière du groupe.

Un plan renouvelé par l'actuelle équipe mais avec beaucoup moins de rigidité qu'auparavant. Avec succès puisque le résultat opérationnel (EBIT) s'est élevé à 1 milliard pour une marge de 7,1 %. Un niveau jamais atteint, selon Jean-Bernard Lévy, qui présentait ce jeudi les résultats annuels de Thales. Mais il compte aller plus loin en serrant encore la vis des frais généraux (- 2 % en 2013) ou des coûts d'ingénierie (2 milliards d'euros actuellement). Mais le groupe reste freiné par certains taux de changes capricieux comme au Canada, Grande-Bretagne et Australie et a perdu en route 1,5 point de marge en 2013.

Thales à nouveau décomplexé à l'export

En revanche, c'est bien Jean-Bernard Lévy qui a complètement remis en selle Thales dans le domaine des ventes. Sous la houlette de Pascale Sourisse (pays émergents) et Patrice Caine (France et Europe hors Royaume-Uni, Pays-Bas et Allemagne), le groupe a engrangé des prises de commandes de 14,1 milliards d'euros en hausse de 7 % par rapport à 2013. Les marchés émergents ont permis d'engranger 32 % des prises de commandes (4,6 milliards d'euros), en hausse par rapport à 2012 (26 % pour 3,5 milliards). L'Europe représente encore 19 % des ventes dans un environnement économique difficile (contre 22 % en 2012).

Surtout les grands contrats sont de retour dans la maison Thales. Plus de 19 contrats supérieurs à 100 millions d'euros, dont dix dans les pays émergents (contre 11 en 2001 et 8 en 2012), ont été remportés par les équipes du groupe. Ce qui représente au total une belle performance compte tenu de l'absence d'un très grand contrat, le fameux éléphant blanc qui reste difficile à capturer. Peut-être en 2014 ? "Nous pouvons vivre sans très grand contrat", a expliqué Jean-Bernard Lévy. Fin 2013, le groupe reposait sur un carnet de commandes de 29,8 milliards d'euros.

Pour 2014, le groupe pourra déjà compter sur les deux satellites espions gagnés aux Emirats Arabes Unis (700 millions d'euros à se partager avec Airbus Space Systems), un contrat qui devrait être mis en vigueur prochainement, voire sur Mark 3 (défense aérienne de courte portée en Arabie Saoudite, une commande en deux phases pour un total de 4 milliards d'euros), dont on recommence à reparler après l'échec de fin 2013.

Comment faire décoller Thales ?

La performance commerciale de 2013 permet également à Thales de ne plus "taper" dans son  carnet de commandes en ayant un "book to bill", un ratio entre nouvelles commandes et chiffre d'affaires, aujourd'hui à l'équilibre. L'an dernier, le groupe a enregistré un chiffre d'affaires de 14,19 milliards d'euros, stable par rapport à 2012 (14,15 milliards). Pour 2014, Thales prévoit un chiffre d'affaires et des prises de commandes stables mais un EBIT en hausse de 5 % à 7 % par rapport à 2013, soit une marge de 7,5 %.

Mais comment Jean-Bernard Lévy va-t-il parvenir à faire décoller Thales dans le cadre de sa vision stratégique "Ambition 10" qui prévoit une hausse des ventes de 10 milliards d'euros dans les 10 prochaines années ? Le défi sera difficile, très difficile. Car Thales devra compenser "l'érosion inéluctable" des budgets de défense des pays occidentaux (40 % du chiffre d'affaires de Thales) avec une croissance à deux chiffres dans les pays émergents où la croissance ralentit. "Je suis optimiste", a pourtant assuré le PDG du groupe électronique.

Cap vers les pays émergents

Cet optimisme repose sur l'analyse de Pascale Sourisse qui estime que le porte-feuille des produits de Thales correspond bien aux besoins des marchés émergents : défense, sécurité, infrastructures (aériennes et ferroviaires). Et Thales devrait être plus présent industriellement dans les pays émergents, où le groupe réalise aujourd'hui 22 % de son chiffre d'affaires pour seulement 6 % de ses effectifs. Notamment à travers des partenariats, des sociétés communes (Joint-venture) ou des sites industriels pour accroître la valeur locale des programmes.

Michel Cabirol

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Commentaires 6
à écrit le 21/02/2014 à 8:54
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comment passer un marché en B to B à une part de marché en B to C, c'est le gros problème des grands groupes français qui subissent davantage qu'ils ne contrôlent leurs marchés. C'est aussi la grande différence avec l'Allemagne.

à écrit le 20/02/2014 à 21:36
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c'est surtout avec Le Drian que Thales vend.

à écrit le 20/02/2014 à 19:06
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les machines de guerre,n'ont pas le même bruit que les musics cette activité est aléatoire,et il lui faudra orienter sa recherche sur l'application civile,en cas contraire,ce marché de l'armement âprement disputé,ne sera pas une démarche impériale p...

à écrit le 20/02/2014 à 17:39
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Les années de l'ère Vigneron ont été très dures, Thales ne vendait rien (ou presque) à l'étranger et vivait "aux crochets" de la DGA. Pour l'instant, l'effet Jean-Bernard Levy est très positif; pourvu que ça dure!

à écrit le 20/02/2014 à 17:04
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C'était pas le cas avant ??? Minable et lamentable.

le 20/02/2014 à 17:14
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Avec vigneron, il ne fallait surtout pas vendre

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